Dela viticult riceàlasommelière enpassantparlachef
D’entreprise,portraitDe cinq femmesqui ontsu, envers
et contretout, fairecarrièreDans lesmétiersDuvin.
Leur vin, leur œuvre.
Sophia Zaïme,
la caviSte
On pOurrait dire que MadaMe Wineest
Marchande de vin.Mais ce serait unpeuréduc-
teur. À32ans, celle qui s’appelle enfait Soph ia
Zaïmerevendique avoir créé une nouvelle profes-
sion. Qu’ils désirentseconstituer une cave,déni-
cher uneperlerareouréaliser une«expérience»
autour du vin, sesclients serendentrue Quentin-
Bauchart, dans le 8earrondissementdeParis,
comme ils entreraientdans le cabinet d’unpsy.
Là,MadameWine lesfait asseoir sur son canapé
confor table et sonde leur désir de vin.Àl’issue de
la consultation, la jeunefemme entreprendrade
composer une cave àl’image de sonclient. Ou
tenterad’exaucer desvœux moinsévidents.Car
Sophia Zaïme, qui aimeconnaîtrelesigne zodia-
caldes es in terlocuteurs, prétend aussifabriquer
des souvenirs.«L’un de mes premiersclients est
grandfand’un footballeur,racont e-t-elle.Le jour
de son anniversaire, j’ai donc organisé uneren-
contre surprisechez ce joueur qui était là avec
toutesafamille.On atous cuisiné ensemble.Mon
clientétait si heureux de pouvoir êtrereçu dans
l’intimitédeson idole que j’en pleurais de joieavec
lui.»Elle consulteaussi horsdeson cabinet,exa-
minantl’orientation d’un jardinpour sa voir où le
soleil secoucheralorsque sesclients dégusteront
la bouteille d’exception qu’elle leur auratrouvée.
Unedémarcheoriginale quiatrouvéson public.
Cinq ans aprèsavoir créé sa société,Madame
Wine, Sophia Zaïme s’estconstitué un fichier de
500 clients. De catégorie socioprofessionnelle
aisée, leclienttypeest souvent masculin, en
recherched’exclusivité, aussi bien dans lechoix
des bouteilles que dans lesconditions de
consommation.Pour répondreàcettedemande
de sur-mesure, elle entretientune relation privi-
légiéeavec quelque 200 vignerons et sillonne
inlassablementles routes du vin,àlar echerche
de nouvelles pépites.
Cette polyglottequi agrandi auMaroc, où son
père afondé uneclinique,n’était pasprédestinée
àtravailler dans le monde du vin.Pourtant,elle
affirmeavoir eu lavocation trèstôt, en voyant ses
parentssedétendreautour d’unverre. Aprè sdes
études decommerce en France, elle s’envole pour
Miami, où elle est bientôtchargée de monterune
cave àvins pour lecompted’un Américain.
Àl’époque, ellen’yconnaît rien, mais elleadu
culot. Consciente que la motivation nefait pas
tout, elle prendcont act avec GérardSibourd-
Baudry,qui dirige alorsles Ca vesLegrand,àParis,
le cavistederéférence.Pour un entretien, elle tra-
versel’Atlantique.Quelques joursplus tard,à
Miami, ellereçoit un appel:elle est embauchée.
Elle rester acinq ans auprès de son mentoravant
de lui annoncer :«Gérar d, je ne peux plusrester,
carjen evais pas prendretaplace!»
Depuis, entredeux consultations sous les traits de
MadameWine, Sophia Zaïme suit lescoursdu
coachendéveloppementpersonnelTony Robbins
àLos Angeles, pratique la méditation etfait des
retraites dans l’Himalaya.Lacommunicationavec
le ciel semblebonne. Cet été, sa sociétéaétéchoi-
sie pour installer uneboutiqueàl’aéroportdu
Bourget. Elle luiressemble.Seswine buttlers
(cavistes)yproposentenmajoritédes domaines
avec lesquels elle entretientdes relations privilé-
giées:laGrange desPères, DidierDagueneau,
Guiber teau, Bizot, DomPérignon,Selosse...«Iln’y
apas un mot pourrésumer monacti vité,explique
SophiaZaïme, qui sortirapour lesfêtesson propre
champagne, K21,réalisé avec unefamille de vigne-
rons champenois.Je fais beaucoup dechoses, et leur
poin tcommunest de créerune émotionchez le client,
le fairerêver àtraverslet ravail des autres.Je suis
comme une passeuse.» L. G.
TexteRémi BARROUx,
LaureGASPAROTTO
et Ophélie NEiMAN
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Dominique Silbertein
Dossiervin