Les Echos - 22.10.2019

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Les Echos Mardi 22 octobre 2019 SALON DES ENTREPRENEURS MARSEILLE-RÉGION SUD// 35


d’Ivoire, puis au Cameroun, l’entre-
prise a choisi de lancer un service de
motos-taxis. « En Afrique subsaha-
rienne, la moto est moins chère et plus
pratique, car il y a plus de trafic »,
explique Teddy Pellerin.
Le cofondateur de Heetch le
reconnaît : « Les marchés africains
sont compliqués, car les prix prati-
qués par le secteur informel sont très
bas. » La start-up tente de se démar-
quer par sa technologie et en misant
sur la sécurité : f ormation des
chauffeurs, port du casque obliga-
toire, souscription à une assu-
rance. Cela n’a pourtant pas suffi à
convaincre le gouvernement ivoi-
rien, qui, en mai 2019, a interdit les
motos-taxis. Un revirement régle-
mentaire qui n’entame pas les ambi-
tions de la start-up. Heetch a levé
34 millions d’euros en mai en affi-
chant sa volonté de se déployer en
Afrique. « On souhaite proposer pro-
chainement notre service au Séné-
gal », explique Teddy Pellerin, qui
écarte pour l’instant les pays anglo-
phones, où sont souvent présents
Uber et Taxify.n

STRATÉGIE


Lara Rinaldi


Chassé-croisé remarqué au Maroc...
En février 2018, le géant américain
Uber jetait l’éponge après trois ans
de conflit avec les taxis marocains,
tandis qu’au même moment la
start-up française Heetch y lançait
son application. Heetch avait décidé
de collaborer avec les syndicats de
taxis. « Au Maroc, on ne fait pas appel
à des VTC. On met à disposition notre
technologie pour digitaliser la rela-
tion entre les chauffeurs et leurs
clients », explique Teddy Pellerin,
dirigeant et cofondateur de Heetch.
Avec moins de moyens que ses
concurrents américains, le « Petit
Poucet français » se dit plus patient
pour construire son développe-
ment sur le continent africain.
« Lorsqu’on veut s’implanter dans un
pays, on fait d’abord des études de
marché avant de se rendre régulière-
ment s ur place. Ce qui prend l e plus d e
temps, c’est de trouver le bon parte-
naire local et de comprendre l’envi-
ronnement réglementaire de chaque
pays », explique Teddy Pellerin.
Heetch a choisi de travailler avec des
partenaires locaux, un souhait mais
parfois une obligation dans certains
pays comme en Algérie. « Si les pays
africains présentent de réelles oppor-
tunités, on ne peut y réussir que si on
s’adapte réellement à leurs besoins »,
ajoute l’entrepreneur. Heetch vise
des villes avec une surface étendue,
une forte croissance démographi-
que et des transports en commun
peu développés. Ainsi, en Côte


Heetch arrive


en moto-taxi


en Afrique


francophone


« En Afrique subsa-
harienne, la moto est
moins chère et plus
pratique. » TEDDY PELLERIN

d’argent. » Pour se développer
ailleurs sur le continent africain,
Transpare mise sur l’Internet
mobile – son service est en effet
accessible directement s ur smart-
phone – et sur des partenariats avec
des prestataires locaux. Une straté-
gie qui lui permet aujourd’hui d’être
présent en Afrique de l’Ouest, grâce
notamment à une collaboration
avec Centrimex, transitaire et com-
missionnaire de transport interna-
tional. « On a réussi à toucher de nou-
veaux clients sans nous implanter
physiquement dans ces pays. C’est un
des avantages de la francophonie et d e
ses réseaux, notamment d’entrepre-
neurs », souligne AIi Messoudi.
Cet ancien manager du groupe
marseillais CMA C GM est passé par
ZeBox, l’incubateur de l’armateur
maritime de porte-conteneurs.
Transpare revendique déjà plus de
250 clients au total et espère un chif-
fre d’affaires de 1 million d’euros en


  1. La start-up prépare une levée
    de fonds pour début 2020 afin
    d’accélérer son déploiement à
    l’international. —La. R.


LOGISTIQUE


DR

Un pied à Marseille, l’autre à Casa-
blanca... « Depuis sa création en
juillet 2 018, Transpare e st présente des
deux côtés de la Méditerranée »,
confie le fondateur, Ali Messoudi.
Pour l’entrepreneur, il était naturel
que sa plate-forme de mise en rela-
tion entre des importateurs ou
exportateurs et des transitaires ait
rapidement une présence physique
en Afrique. Et, parce qu’il a pu comp-
ter sur « le soutien de clients basés au
Maroc, mais aussi en Tunisie », son
choix s’est porté sur son pays d’ori-
gine, le Maroc. Le chef d’entreprise
se rend donc une semaine par mois
à Casablanca, où deux personnes
devraient être recrutées prochaine-
ment. Car avoir une équipe sur place
est essentiel : « Certains clients ont
besoin d’avoir un contact humain. »

Incubé à ZeBox
Une fois l’implantation marocaine
terminée, Ali Messoudi souhaite
ouvrir un bureau en Tunisie. Une
nécessité pour Transpare, car les
Tunisiens n’ont pas le droit d’ache-
ter des prestations de services à des
entreprises étrangères n’ayant pas l e
statut d’opérateur international.
Une réglementation que la start-up
a apprise à ses dépens : « Nous avons
eu des soucis lors de la facturation de
clients passés par notre plate-forme.
Nous avons dû faire appel à un inter-
médiaire, trouvé grâce à notre ban-
que, mais cela coûte beaucoup

Transpare


s’installe


au Maroc


et bientôt


en Tunisie


« Certains clients
ont besoin d’avoir
un contact humain. »
ALI MESSOUDI

ves », détaille Isabelle Mashola. Car,
selon elle, dans certains pays,
comme la République démocrati-
que du Congo par exemple, il peut
être compliqué d’obtenir l’équi-
valent du statut d’autoentrepre-
neur, voire des papiers d’identité à
jour. Mais la présence de ces inter-
médiaires ne suffit pas toujours à
assurer un développement pérenne.
« Chaque pays a yant s a propre culture
et des infrastructures plus ou moins
développées. » En cause, selon la diri-
geante : une mauvaise connexion
Internet, véritable frein dans les
pays de l’Afrique de l’Ouest.
Autre problématique : b eau-
coup de travailleuses indépen-
dantes ne sont pas bancarisées –
seulement 20 % de la population
d’Afrique subsaharienne le serait
selon la Banque mondiale. Aussi,
pour rémunérer ses « hiteuses » en
Guinée, au Mali, à Madagascar e t en
Côte d’Ivoire, Isahit collabore avec
W-HA, filiale de paiement mobile
du groupe Orange. En payant par
téléphone, la start-up a même
réduit ses frais bancaires. —La. R.

SOUS-TRAITANCE


DR

« Donner, c’est super. Mais ce qui
donne vraiment du sens à la vie, c’est
le travail », affirme Isabelle
Mashola. Après avoir été bénévole
pour des ONG au Burkina F aso e t au
Cameroun, la jeune femme a
cofondé Isahit avec Philippe
Coup-Jambet, son associé. Cette
plate-forme met en relation des
travailleuses indépendantes en
Afrique avec des entreprises,
majoritairement françaises, qui
sous-traitent des tâches informati-
ques. « Le digital est un vrai levier
d’autonomie et d’indépendance pour
les jeunes femmes du continent »,
assure Isabelle Mashola.
Créé en 2016, Isahit est basé à
Paris, où la société emploie 16 per-
sonnes. En Afrique, elle contracte
avec plus de 1.100 « hiteuses » (sur-
nom des travailleuses indépendan-
tes), réparties dans 21 pays africains.
Déployée majoritairement en Afri-
que subsaharienne, la start-up n’a
pour l’instant aucun bureau sur le
continent. Elle se développe en
nouant sur place des partenariats
avec des associations, des incuba-
teurs et des espaces de co-working.
Lorsque l e nombre de « collaboratri-
ces » devient important, Isahit
recourt aussi aux services d’inter-
médiaires appelés « hubers ». « C’est
plus simple pour nous d’avoir quel-
qu’un sur place pour effectuer un
suivi, et pour aider les jeunes femmes
dans leurs démarches administrati-

Isahit fait de la


sous-traitance


informatique


en Afrique


francophone


« Chaque pays a des
infrastructures plus ou
moins développées. »
ISABELLE MASHOLA

DR

CRÉATEURS D’ENTREPRISE,


rendez-voussur


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