Revue
de presse
Courrier international — n 1510 du 10 au 16 octobre 2019 7 JOURS. 11
La rue en
ébullition
ÉQUATEUR Après l’annonce
par le président Lenín Moreno
de la suppression des subventions
publiques aux carburants, la rue
ne décolère pas, rapporte La Hora.
L’état d’urgence a été décrété,
mais un grand nombre d’orga-
nisations syndicales ainsi que
la communauté amérindienne
se mobilisent à Quito, la capi-
tale. Face à l’ampleur des mani-
festations, le pouvoir a décidé
de déménager à Guayaquil. Les
mesures de réduction budgétaire
font suite à un accord signé avec
le FMI en contrepartie de prêts
de 4,2 milliards de dollars. Le
pouvoir incrimine l’ancien pré-
sident Rafael Correa (2007-2017),
ennemi juré du président actuel,
d’être à l’origine de ces troubles
pour “déstabiliser le pays”.
Détente à tous
les étages
CAMEROUN
“Biya sauve
la vie à Kamto
et Cie”, titre le
7 octobre Le
Soir camerou-
nais pour saluer
la libération,
deux jours plus tôt, de Maurice
Kamto et de 102 membres de son
parti d’opposition. Autre signe
d’apaisement, le président Paul
Biya a lancé un “grand dialogue
national” pour tenter de trou-
ver un accord avec les indépen-
dantistes anglophones. Dans ce
cadre, 333 autres détenus ont été
amnistiés. Pour Le Soir, aucun
doute : après trois ans de guerre
et quelque 3 000 morts, Paul Biya
a la volonté d’“établir une paix
durable”.
Quelle alliance?
PORTUGAL
“Un PS vainqueur
et de nouveaux
accords à l’hori-
zon”, titre le
7 o c t o b r e
le D i á r i o d e
Notícias au len-
demain des élections législa-
tives. S’il s’est renforcé en quatre
ans, le PS du Premier ministre
António Costa n’a pas obtenu la
majorité absolue. Pour Ricardo
Paes Mamede, éditorialiste du
journal, le PS devrait s’allier
au Bloc de gauche. Seulement,
la troisième force politique
du pays a des exigences – sur
les salaires, la santé, l’habita-
tion – auxquelles ne souhaite
pas répondre le PS. L’attelage
n’annonce rien qui vaille, selon
lui : “Les deux partis se préparent
à une guerre dont ils ne sortiront
pas vainqueurs.”
Un steak
de l’espace
SCIENCE Un morceau de
viande bovine sorti d’une
imprimante 3D à 339 kilomètres
d’altitude. Telle est la prouesse
réalisée par la start-up israé-
lienne Aleph Farms à bord de
la section russe de la Station
spatiale internationale (ISS).
Un exploit accompli le 26 sep-
tembre, mais rendu public le
7 octobre. “L’expérience illustre
non seulement la possibilité de
fournir de la viande fraîche aux
astronautes à bord de l’ISS – ou
même plus loin dans l’espace –,
mais aussi la capacité du procédé
d’Aleph à fonctionner dans des
conditions extrêmement hos-
t iles”, s’enthousiasme le site
Futurism.
9,
C’EST EN MILLIONS DE LIVRES STERLING le montant
record adjugé pour Le Parlement des singes, de Banksy. Soit
11,1 millions d’euros. La vente, qui s’est déroulée le 3 octobre
à Londres, a pulvérisé toutes les estimations, comprises entre
1,5 et 2 millions de livres, selon l’Evening Standard. Vendue en
pleine crise du Brexit, cette peinture dystopique met en scène
des chimpanzés assis sur les banquettes vertes de la Chambre
des communes, en lieu et place des députés britanniques.
les parties en colère ?” Le 8 octobre, Carrie
Lam a estimé normal que l’eff et de la loi
antimasque ne soit pas immédiat, et a
ajouté ne pas avoir l’intention de prendre
de nouvelle mesure d’urgence.
L’Apple Daily fait remarquer que les
juristes n’ont pas été capables de s’opposer
à l’activation de la loi sur les réglementa-
tions d’urgence, “qui peut permettre à la chef
de l’exécutif de restreindre toutes les libertés
individuelles à volonté, de modifi er en un clin
d’œil l’organisation politique et économique de
Hong Kong”. L’activation de cette loi colo-
niale revient à “abuser d’une loi d’urgence
pour faire basculer Hong Kong dans l’État
policier”, estime le quotidien d’opposition.
Un avis partagé par Lung Tse-wei,
membre de la Société libre de recherches
locales, dans une tribune publiée par le
Shunpo: “En un été, nous avons perdu la
liberté de rassemblement et d’association,
la liberté de choix de la couleur de nos vête-
ments, la liberté d’aller faire du shopping ou de
prendre le métro les jours de repos, et jusqu’à
la liberté d’aller manger un riz sauté le soir
dans la rue, ou d’acheter du sérum physiolo-
gique ou de porter un masque chirurgical.”
Le monde scolaire fait pour sa part l’objet
de pressions croissantes. “Le Bureau de l’édu-
cation a demandé aux directeurs des établisse-
ments du secondaire de communiquer le nombre
d’élèves qui porteraient
des masques mardi matin
[8 oc tob re]”, selon le web-
zine Lichang Xinwen
(Stand News). Il n’a pas été demandé de
communiquer les noms, mais un respon-
sable éducatif a indiqué que cet ordre “ne
serait pas suivi, la loi antimasque ne s’appli-
quant pas dans les écoles”.
Cela dit, l’agence offi cielle Xinhua, qui
dépend du Parti communiste chinois, s’en
est déjà prise à l’établissement dans lequel
étudie le lycéen atteint le 1er octobre d’une
balle tirée par un policier. La direction du
lycée ayant accusé la police de “violence
excessive”, l’agence a dénoncé “un manque-
ment à leur devoir de certains enseignants”,
auxquels elle a conseillé “d’instruire leurs
élèves de la nécessité de s’éloigner de la vio-
lence et de la haine, afi n d’éviter des blessures
irréparables”.
—Courrier international
A
près l’imposition de la loi anti-
masque le 5 octobre à minuit, le
gouvernement de Carrie Lam n’a
pas réussi à ramener le calme. Des dizaines
de milliers de Hongkongais ont bravé cet
arrêté pour manifester masqués pendant
tout le week-end, comme ils le font depuis
quatre mois pour dénoncer la menace sur
les libertés démocratiques. Les rassemble-
ments virant aux aff rontements ont repris.
Dès le 4 octobre, le Shunpo (Hong Kong
Economic Journal) avait averti que la
mesure lui semblait “contre-productive”.
Dans un éditorial, le quo-
tidien constatait que “le
gouvernement [passait] de
l’inaction à l’action” au
bout de quatre mois, sans pouvoir juger
des eff ets potentiellement nocifs de sa
décision, prise explicitement en référence
à l’expérience française du mouvement
des “gilets jaunes”. Or “le gouvernement
Macron a fait voter la loi anticasseurs qui
interdit les masques, et le niveau des aff ron-
tements a baissé mais le mouvement anti-
gouvernemental n’est toujours pas apaisé”,
écrivait le journal.
Pour le South China Morning Post,
“la chef de l’exécutif, Carrie Lam, a enté-
riné une loi qu’elle n’a pas pu ensuite mettre
en œuvre, aggravant ainsi la situation”. La
chroniqueuse Tammy Tan poursuivait
en posant la question : “Qu’y a-t-il de pire
qu’introduire une nouvelle loi sans l’appli-
quer eff ectivement, et fi nir par mettre toutes
HONG KONG
Une loi d’urgence qui fait
plus de mal que de bien
Une bonne idée, la loi antimasque? Après un nouveau
week-end de manifestations suivies d’aff rontements,
la presse de Hong Kong est unanime sur son ineffi cacité.
↑ Sous le
visage de
Carrie Lam,
le président
Xi Jinping.
Dessin de Bart
Van Leewen,
Pays-Bas.
CAGLE CARTOONS