Le Monde - 19.09.2019

(Ron) #1
0123
JEUDI 19 SEPTEMBRE 2019 économie & entreprise| 15

Huile de palme : le patron


de Total avertit les députés


Après la suppression d’un avantage fiscal,
la production d’ agrocarburant de La Mède
(Bouches­du­Rhône) pourrait être exportée

P


atrick Pouyanné est connu
pour ne pas mâcher ses
mots. Reçu, mardi 17 sep­
tembre, par la commission des af­
faires économiques de l’Assem­
blée nationale, le président­direc­
teur général (PDG) de Total a tenté
de contenir son caractère explosif
pour convaincre les députés de re­
venir sur une disposition fiscale
qui le hérisse : en décembre 2018,
ils avaient supprimé l’avantage
fiscal dont pouvaient bénéficier
les agrocarburants à base d’huile
de palme.
Or, Total a démarré au début de
l’été sa raffinerie de La Mède (Bou­
ches­du­Rhône) convertie aux
agrocarburants, produits essen­
tiellement à base d’huile de
palme. A trois reprises, le patron
de Total est revenu à la charge de­
vant la commission pour dénon­
cer ce qu’il a qualifié de « change­
ment des règles du jeu ».
« On pourrait considérer qu’un
investissement réalisé, dont on
change les règles du jeu, qui se tra­
duit concrètement par une perte
économique de près de 70 millions
à 80 millions d’euros pour ce site et
qui le met en difficulté, est un sujet
qui mérite débat avec vous tous »,
a­t­il affirmé. M. Pouyanné a in­
sisté sur le fait que Total avait in­
vesti 300 millions d’euros dans la
reconversion de cet outil indus­
triel et que le changement de ca­
dre fiscal était survenu bien
après. « Nous nous sommes lancés
en 2015 en plein accord avec le gou­
vernement, dans un cadre fiscal
qui était donné, nous n’avons ja­
mais rien caché à personne (...) Et
aujourd’hui, alors que l’investisse­
ment est fini, on nous change le ca­
dre fiscal. Le signal lancé aux in­
vestisseurs par la représentation
nationale est très perturbant. »

Les associations environnemen­
tales estiment que l’importation
massive d’huile de palme pour le
fonctionnement de La Mède va
contribuer fortement à la défores­
tation, alors que les forêts sont es­
sentielles pour stocker le CO 2.
Faute de revenir en arrière sur cet
amendement, le patron de Total a
prévenu qu’il étudiait la possibi­
lité d’exporter les agrocarburants
produits à La Mède. « On peut se re­
trouver dans la situation où cette
usine va (...) exporter toute sa pro­
duction en Allemagne », où le ca­
dre fiscal est différent.

Pas de « chantage à l’emploi »
Il a aussi formulé un autre avertis­
sement : Total s’est engagé à utili­
ser du colza produit par les agri­
culteurs français, mais, « bien évi­
demment, si tout reste en l’état
avec cet amendement, nous ne
pourrons pas tenir les engage­
ments que nous avons pris à tra­
vers l’ensemble des filières ».
Dans un entretien au Figaro,
en janvier, M. Pouyanné avait déjà
tiré à boulets rouges sur cet amen­
dement, estimant qu’il « remet po­
tentiellement en cause la viabilité
de l’unité, la rentabilité globale du
site et le maintien d’emplois dans
l’usine ». Il a été plus clair, cette
fois : « Je n’ai pas prononcé une
seule fois le mot “chantage à l’em­
ploi”, j’ai même évité de le faire de
manière très précise », a­t­il déclaré
aux députés, en fin d’audition,
avant d’ajouter : « Maintenant,
nous en tirerons les conséquences,
y compris sur les futurs investisse­
ments dans le pays. » Le message a
été bien compris par les députés.
La discussion sur le prochain bud­
get dira lesquels ont été convain­
cus par ses arguments.
nabil wakim

Airbus relève ses prévisions


de commandes d’avions


Les compagnies aériennes auront besoin de 39 000 avions neufs


dans les vingt ans à venir, dont une majorité de moyen­courriers


L


e mouvement « flygs­
kam » né en Suède, « la
honte de prendre
l’avion », est encore loin
d’atteindre les constructeurs
d’aéronefs. En témoignent les
prévisions dévoilées, mercredi
18 septembre, par Airbus. Selon
les décomptes de l’avionneur
européen, les compagnies aérien­
nes auront besoin de 39 000 avi­
ons neufs au cours des vingt pro­
chaines années. Des chiffres en
forte hausse. Il y a un an, Airbus
tablait « seulement » sur 37 390
appareils jusqu’en 2037. Cet appé­
tit gargantuesque des compa­
gnies devrait générer un véritable
pactole tant pour Airbus que pour
Boeing. Il devrait même franchir
le seuil des 6 000 milliards de dol­
lars (environ 5418 milliards
d’euros) même si Airbus a décidé
de ne plus publier les prix catalo­
gue de ses productions.
Sans surprise, le segment des
avions moyen­courriers se taille
la part du lion. Les A220 et la fa­
mille des A320 pour Airbus, ainsi
que le 737 de Boeing, devraient re­
présenter près de 75 % des ventes,
soit environ 30 000 appareils au
cours des vingt ans à venir. Sur­
tout, avec ces chiffres optimistes,
l’avionneur européen montre
qu’il croit en un retour prochain
dans les airs du 737 MAX de
Boeing, pourtant cloué au sol de­
puis plus de six mois maintenant.
A l’examen, le boom des moyen­
courriers valide chaque année un
peu plus la stratégie d’Airbus qui
avait été le premier constructeur
à se lancer dans la production
d’une version remotorisée de
cette catégorie d’appareils. Moins
gourmande en kérosène, elle per­

met une économie de consom­
mation de carburant de 15 %. Dé­
sormais, l’A320 Neo fait la course
en tête auprès des compagnies aé­
riennes. Airbus en a déjà 6 238 en
commande et il détient plus de
60 % de parts de marché, loin de­
vant son rival américain. Malgré
ses déboires, le 737 MAX de
Boeing a déjà été commandé à
5 000 exemplaires.
Dominateur sur le moyen­
courrier, Airbus est en passe de le
devenir aussi sur le segment me­
dium, celui des appareils dit
flexibles, capables d’assurer aussi
bien des vols moyen­courriers
que de relier des destinations
long­courriers. Sur ce secteur,
Airbus peut compter sur son
A330 Neo mais surtout sur son
tout nouveau A321XLR. Un avion
qui réussit la quadrature du cer­
cle : capable de couvrir des vols
longue distance avec les coûts
d’un moyen­courrier, cet appa­
reil est devenu le nouveau best­
seller de l’avionneur européen. Il
représente 50 % de ses comman­
des de moyen­courriers. D’ici
2038, Airbus prévoit que la de­
mande sur ce secteur medium,
qui voit s’affronter l’A330 Neo,

l’A321XLR et le 787­800 de Boeing,
atteindra les 5 000 appareils.
Ces prévisions illustrent la mon­
tée en puissance des compagnies
low cost. Après le moyen­courrier,
ces dernières ont pris pied sur le
marché des longues distances, à
l’instar de Norwegian, en Europe,
ou d’Indigo, en Inde. Face au suc­
cès toujours plus important des
appareils monocouloirs, les avi­
ons long­courriers resteront les
moins demandés d’ici 2038. Les
commandes pour l’A350 d’Airbus
ou les 787 et le futur 777X de
Boeing ne devraient pas dépasser
les 4 000 exemplaires.

Demande de la Chine
Dans le détail, c’est l’Asie qui fait
chaque année un peu plus figure
de nouvel eldorado pour les avi­
onneurs. Au cours des vingt pro­
chaines années, la zone Asie­Paci­
fique devrait concentrer à elle
seule pas moins de 42 % des be­
soins d’avions neufs dans le
monde. Une demande portée par
l’émergence, notamment en
Chine, d’une classe moyenne de
plusieurs centaines de millions
de personnes. L’Asie creuse l’écart
sur l’Europe et les Etats­Unis qui
ne représentent plus, à eux deux,
que 36 % des commandes à venir.
La bonne tenue du secteur aéro­
nautique est le reflet de la vitalité
du trafic passagers. Rien ne mon­
tre qu’il pourrait ralentir dans un
avenir proche. Airbus prévoit
qu’il devrait croître de 4,3 % par an
jusqu’en 2038. En 2019, l’avion­
neur s’attend à un trafic passager
en hausse de 5 %, soit 200 mil­
lions de passagers supplémentai­
res par rapport à l’an dernier.
En 2018, qualifiée d’année excep­

tionnelle, la croissance du trafic
passagers avait atteint les 7 %.
Assis sur un tas d’or, les avion­
neurs tentent de parer aux criti­
ques des défenseurs de l’environ­
nement. A les en croire, ils seraient
parvenus, ces trente dernières an­
nées à réduire de 53 % les émis­
sions de gaz carbonique par passa­
ger au kilomètre transporté. Cette
tendance devrait, selon eux, s’am­
plifier à l’avenir. Les constructeurs
« anticipent une amélioration de la
productivité de l’industrie aéro­
nautique ». Ils prévoient, comme
Airbus, que « les avions vont être de
mieux en mieux utilisés ». En prati­
que, face à l’afflux de passagers, ils
seront « plus remplis, avec plus de
sièges, ils voleront plus loin et se­
ront de plus en plus utilisés ».
L’avionneur européen devrait
réaliser une année historique
en 2019 et battre son record de li­
vraison avec 880 à 890 appareils
contre 800 en 2018. Un record qui
ne devrait pas tenir plus d’un an.
En effet, avec l’augmentation des
cadences de production, Airbus
prévoit déjà l’accroissement de ses
livraisons d’une année sur l’autre.
Boeing, en revanche, devrait
connaître une année noire. Avec
son 737 MAX toujours interdit de
vol dont les exemplaires s’entas­
sent sur des parkings, Boeing ne
peut livrer ses clients. Faute d’avi­
ons, de nombreuses compagnies,
notamment américaines, doivent
supprimer des milliers de vols et
fermer certaines destinations.
Certaines d’entre elles pourraient
annoncer, à partir d’octobre, l’an­
nulation de leurs commandes,
faute d’avoir pu prendre livraison
de leurs 737 MAX.
guy dutheil

La bonne tenue
du secteur
est le reflet de la
vitalité du trafic
passagers.
En 2018, sa
croissance avait
atteint les 7 %

D I S T R I B U T I O N
Biocoop révoque
son directeur général
Biocoop, premier réseau de
distribution bio, avec ses
560 magasins, a annoncé,
mardi 17 septembre, la révo­
cation de son directeur géné­
ral, Orion Porta. Une décision
prise par le conseil d’admi­
nistration de l’enseigne pour
« manque d’alignement » de
leurs visions stratégiques.
M. Porta avait été nommé à
son poste en 2017.

R E S TA U R AT I O N
Bond de 80 % du
bénéfice de Deliveroo
La plate­forme de livraison de
repas Deliveroo fait état, mer­
credi 18 septembre, d’une ac­
tivité profitable, en 2018, en
France – son deuxième mar­
ché, après le Royaume­Uni –,
avec un bénéfice de 2,7 mil­
lions d’euros, en hausse de
80 % sur un an. Le chiffre
d’affaires a progressé de 63 %,
à 95 millions d’euros en 2018
dans l’Hexagone, où Delive­
roo précise avoir « soutenu
6 500 emplois » dans le sec­
teur. – (AFP.)

CO M M E R C E
Chute des exportations
japonaises
En août, les exportations ja­
ponaises ont reculé de 8,2 %
sur un an, pénalisées par le
ralentissement économique
chinois et les tensions diplo­
matiques et commerciales
avec la Corée du Sud. Séoul a
imposé, mercredi 18 septem­
bre, de nouvelles restrictions
aux exportations japonaises
en les retirant d’une liste de
produits bénéficiant de pro­
cédures accélérées aux doua­
nes. – (Reuters.)

La Fed injecte en catastrophe


53 milliards de dollars de liquidités


Après des tensions sur les marchés, mardi, la banque centrale
américaine a dû intervenir, pour la première fois, depuis dix ans

new york ­ correspondant

C’


est le genre de mesures
d’urgence qui rappelle
de mauvais souvenirs,
ceux de la crise financière de


  1. La Réserve fédérale améri­
    caine (Fed, banque centrale) a été
    obligée d’injecter, mardi 17 sep­
    tembre dans la matinée, 53 mil­
    liards de dollars (48 milliards
    d’euros) de liquidités dans le sys­
    tème financier pour contenir le
    niveau des taux d’intérêt sur le
    repo (repurchase market).
    Ce marché permet aux institu­
    tions à court de cash de trouver
    les fonds nécessaires pour passer
    la nuit, en cédant provisoirement
    des titres en échange, le plus sou­
    vent des bons du Trésor. Peu ris­
    quées, les opérations de repo se
    financent à des taux censés évo­
    luer comme ceux de la Fed, dans
    une fourchette comprise entre
    2 % et 2,25 %.
    Mais ces taux de repo se sont
    brutalement tendus, atteignant
    6 % lundi après­midi et 10 %
    mardi matin. Les marchés finan­
    ciers ont été pris dans ce que le Fi­
    nancial Times appelle un « orage
    parfait », forçant la Fed à interve­
    nir pour la première fois depuis
    dix ans. En clair, il n’y avait plus
    d’argent à prix raisonnable et la
    banque centrale de New York a dû
    mettre en urgence à disposition
    75 milliards de dollars de liquidi­


tés (53 milliards de dollars ont été
consommés).
Les explications sont multiples :
d’abord, les entreprises américai­
nes devaient payer leurs impôts le
15 septembre, ce qui a réduit la
quantité de dollars disponibles.
Ensuite, le Trésor américain, dont
les déficits s’envolent, a procédé à
des adjudications qui devaient
être réglées lundi à hauteur de
78 milliards de dollars, et les ban­
ques, en les souscrivant, ont dû
consommer leurs réserves en dol­
lars. Enfin, ce même Trésor avait
un niveau extrêmement bas de
réserves auprès de la Fed (184 mil­
liards de dollars le 11 septembre,
contre 400 milliards de dollars,
en moyenne, depuis 2015) et il
aurait été tenté de remonter le ni­
veau de son compte en banque
après que le plafond de la dette a
été relevé par le Congrès.

Moins de réserves de cash
Ainsi s’expliquerait la crise. De
source proche des banquiers cen­
traux, on assure qu’il s’agit d’un
problème technique et qu’il n’y a
pas de loup caché. Les taux
avaient retrouvé leur niveau nor­
mal mardi après­midi. Il n’empê­
che, l’affaire suscite des inquiétu­
des, alors que la Fed clôt, mercredi
18 septembre, ses deux jours de
réunions. Un débat s’ouvre pour
savoir s’il y a assez de liquidités
dans le système financier.

Depuis la crise de 2008, l’Institu­
tion monétaire avait acheté les
créances des banques (le fameux
quantitative easing, ou « assou­
plissement quantitatif ») pour
maintenir la liquidité sur les mar­
chés, mais elle a, depuis, fait mar­
che arrière et réduit la quantité de
titres en portefeuille. Résultat, les
établissements bancaires ont
moins de réserves de cash dispo­
nibles auprès de la Fed (1 300 mil­
liards de dollars contre 2 900 mil­
liards en 2014), ce qui les rend plus
vulnérables à un besoin soudain
de liquidités. Les interventions de
ce type étaient fréquentes avant
la crise de 2008, dédramatise
l’économiste français Thomas
Philippon, professeur à l’univer­
sité de New York.
Le Financial Times explore en­
fin une dernière piste, celle des
récents soubresauts sur le mar­
ché de l’or noir qui auraient pu
créer un effet de marché. S’y
ajoute le problème de l’Arabie
saoudite, le royaume étant par­
tiellement privé de recettes en
dollars avec la paralysie provi­
soire de ses installations pétroliè­
res. Pour honorer ses dépenses,
Riyad aurait pu puiser dans ses
réserves en dollars.
L’affaire montre, en tout cas, la
nervosité des marchés financiers
en dépit de la politique accommo­
dante des banques centrales.
arnaud leparmentier

A Angers, le Géant Casino


persiste le dimanche après­midi


L


e courrier de l’inspection du travail est entre les mains du
service juridique de Géant Casino depuis le 3 septembre.
Deux inspecteurs de la direction régionale des entrepri­
ses, de la concurrence, de la consommation, du travail et de
l’emploi (Direccte) des Pays de la Loire sont venus deux jours
plus tôt, le dimanche 1er septembre, dans l’hypermarché de la
Roseraie, à Angers. Leur mission : déterminer si le magasin con­
tourne la loi sur le travail du dimanche.
Depuis le 25 août, il reste en effet ouvert le dimanche après­
midi, confiant dès 13 heures ses caisses automatiques à des ani­
matrices salariées par une société prestataire, et la sécurité du
magasin à des vigiles. Une ouverture qui avait fait polémique et
entraîné des tensions : des manifestants – essentiellement des
« gilets jaunes » – étaient entrés dans le magasin pour faire
pression sur le personnel et les clients.
Pour les inspecteurs, cela ne fait
pas de doutes, comme l’a révélé Me­
diapart, lundi 16 septembre. Ici, une
animatrice qui tape sur l’écran ou
remet un panier en place ; là un vi­
gile qui scanne un code­barres, l’in­
fraction semble caractérisée. « L’ins­
pection du travail énumère des
points à revoir, mais il n’y a pas d’in­
jonction à fermer. On ne va pas ces­
ser d’ouvrir le dimanche après­midi,
prévient la communication de
Géant Casino. On doit rebriefer nos
prestataires pour qu’elles n’appli­
quent que ce pour quoi elles sont là.
C’est assez humain de vouloir aider les personnes qui gèrent
mal le passage aux caisses automatiques. »
Depuis la loi Macron de 2015, seules les zones touristiques in­
ternationales – situées à Paris et dans les grandes stations bal­
néaires – ont le droit de déroger à la loi sur le travail dominical.
Angers n’en fait pas partie. « Ce courrier de l’inspection du tra­
vail va dans le bon sens, mais on voit bien que la direction de Ca­
sino n’a pas l’intention de revenir en arrière. On n’est pas satis­
faits, car ça ne produit pas de résultat », relativise Antoine Le­
large, secrétaire départemental de la CFDT de Maine­et­Loire.
Les chiffres de fréquentation confortent la direction de Géant
Casino dans son choix. Moins d’un mois après son ouverture,
l’hypermarché d’Angers a doublé le nombre de clients. Diman­
che 15 septembre, ils étaient 2 100, dont 1 000 l’après­midi.
yves tréca­durand (angers, correspondant)

L’OUVERTURE AVAIT 


FAIT POLÉMIQUE.


POUR L’INSPECTION 


DU TRAVAIL, CELA NE 


FAIT PAS DE DOUTE, 


L’INFRACTION SEMBLE 


CARACTÉRISÉE

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