DOSSIER QUAND LE CORPS STIMULE LA PENSÉE
APPRENDRE AVEC SON CORPS
15 mots restants, les personnes testées ont égale-
ment été invitées à imiter le geste de l’avatar.
UNE ALLIÉE : LA MÉMOIRE PROCÉDURALE
Les résultats ont montré que c’est dans le
troisième cas (lire, entendre, voir un geste et le
reproduire) que les participants mémorisaient le
mieux les mots. En ce sens, les chansons
anglaises peuvent aussi être accompagnées dans
les écoles secondaires par des gestes appropriés
et le vocabulaire gagnerait à être appris avec
l’aide du corps.
Le troisième facteur de succès dans de nom-
breuses expériences était la répétition sur la
durée : une séance de formation sur plusieurs
heures permet d’obtenir des résultats spectacu-
laires, mais une heure ne suffit pas. Le corps aide
l’esprit, mais cela prend un peu de temps!
Comment expliquer l’effet du mouvement sur
la mémoire pour le langage? En 2001, Engelkamp
avait déjà émis l’hypothèse que les actions
motrices améliorent le stockage du vocabulaire
car, en plus de la mémoire déclarative (qui emma-
gasine les mots, les faits, les listes ou autres), elles
intègrent à l’apprentissage la mémoire procédu-
rale (qui stocke les processus moteurs). Avec
Karsten Müller, j’ai étudié cette question dans une
étude publiée en 2016. Dans le tomographe à
résonance magnétique, nous laissions les per-
sonnes testées entendre et lire des mots qu’elles
avaient déjà appris avec des gestes. En fait, nous
avons observé que de nombreuses structures de
la mémoire procédurale sont devenues actives,
notamment les zones du cortex moteur, le cervelet
et les noyaux gris centraux (voir « Un vocabulaire
“clés en main” », page précédente).
Mais ce qui s’applique aux langues étran-
gères peut-il être transféré à des matières
comme les mathématiques? Selon le chercheur
Dor Abrahamson, de l’université de Californie
L’assistant virtuel Billie
a été mis au point par
l’équipe de Stefan Kopp
à l’université technique
de Bielefeld, en
Allemagne. Sur ces
images, Billie mime
le mot « étagère »...
© Manuela Macedonia / Stefan Kopp, Exzellenzcluster Kognitive Interaktionstechnologie (CITEC), université de Bielefeld