Causette N°103 – Septembre 2019

(National Geographic (Little) Kids) #1

Des vertes et des pas mûres


(^18) # 103
La recherche se penche de plus en plus sur les rots et bouses de vaches,
et explore des pistes pour réduire leurs émissions de méthane.
Car quand il faudra nourrir 9 milliards d’êtres humains et que la population
mondiale des ruminants augmentera, on sera bien mal !
Par MORGANE PELLENNEC
© ERWIN/PLAINPICTURE – L. EPHRAIM
Lorsque le monde a les yeux rivés sur
les émissions de dioxyde de carbone
(CO 2 ), les vaches en profitent pour
éructer et lâcher des bouses. Quand
elles le font, elles libèrent dans l’atmos-
phère le méthane qui s’est formé dans
leurs panses au moment de la digestion.
Problème, le méthane est un gaz à effet
de serre qui possède un important
pouvoir calorifique. Son potentiel de
réchauffement global est vingt-huit fois
plus puissant que celui du CO 2 sur une
période de cent ans. Les émissions de
méthane sont certes plus faibles que
celles du dioxyde de carbone – et elles
se dégradent beaucoup plus rapidement
(en une dizaine d’années, contre une
centaine pour le CO 2 ) –, mais c’est le
gaz dont la concentration a connu la
plus forte croissance entre la période
préindustrielle et les années 2000. Ces
émissions ont augmenté de 150 % entre
les deux épisodes, contre « seulement »
de 37 % pour le dioxyde de carbone.
Le méthane est responsable de
20 % du réchauffement climatique
de la planète, selon les travaux du
Global Carbon Project, organisation
qui cherche à quantifier les émissions
mondiales et leurs causes. La principale
source émettrice est le secteur de l’agri-
culture, et plus particulièrement les
éructations des bovins et leurs bouses.
Modifier la ration des vaches
« Dans l’état actuel des choses, les rumi-
nants participent peu au réchauffement
climatique, tempère Jean-Louis Peyraud,
directeur scientifique adjoint agricul-
ture à l’Institut national de la recherche
agronomique (Inra). Le méthane ne
reste pas longtemps dans l’atmosphère,
donc nous sommes plutôt en flux constant.
Le problème va se poser quand il faudra
nourrir 9 milliards d’êtres humains et que
la population mondiale des ruminants va
augmenter. »
Chercheurs et éleveurs redoublent
donc d’inventivité pour tenter de limiter
les émissions produites par les bovins.
« La piste alimentaire est celle qui a été la
plus fouillée ces trente dernières années,
explique Élodie Guégan, docteure en
médecine vétérinaire, dont la thèse
porte sur la réduction de la production
À quand
des bouses de vaches
plus vertes ?
Les bouses bovines libèrent du méthane, responsable de 20 % du réchauffement de la planète.

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