Causette N°103 – Septembre 2019

(National Geographic (Little) Kids) #1

EN COUVERTURE


« En licence d’anglais, pour aider les p’tits jeunes à
décrypter le monde. » C’est moins la langue qui le
fait vibrer que la possibilité d’éveiller la pensée
de ses élèves. « Les sensibiliser au principe du secret
des sources pour protéger la presse, leur apprendre à
bien lire les documents et à faire gaffe à tout, même
les petits astérisques sur les contrats bancaires... c’est
ça que je veux faire. Leur donner des armes pour ne
pas se faire avoir. C’est lutter contre l’injustice à ma
petite échelle. »
Dans la campagne rennaise (Ille-et-Vilaine),
Stéphanie, elle, est passée des rats de laboratoire
– elle était testeuse animalière dans l’industrie
pharmaceutique – aux « p’tits loulous » dans les
cours de récré de maternelle. « J’ai envie d’être un
maillon dans la vie de certains enfants, qui n’ont pas
toujours une éducation bienveillante à la maison. »
Pour ça, elle regorge de projets, qu’elle frétille de
partager : « Inviter des parents étrangers à raconter
des contes dans leur langue maternelle devant la
classe, faire un élevage d’escargots pour les sensi-
biliser à l’écologie... » Elle est si motivée qu’elle
a déboursé plus de 200 euros sur ses deniers

personnels en matériel de classe, pour préparer
la rentrée. Car tous l’affirment : la question des
revenus est secondaire. « Je préfère ne pas penser
au salaire, confie Pierre, le jeune candidat de
Bourges. Si c’est vraiment une vocation, tu trouve-
ras toujours un moyen de te débrouiller en gagnant
à peine plus que le Smic. »
Derrière chaque jeune professeur·e – et c’est
peut-être là l’espoir le plus beau –, il y a aussi une
gratitude envers l’École, l’institution. « Je viens
d’une famille d’ouvriers. Grâce à l’école, raconte
Anaïs, j’ai gravi les échelons de la société. » Solal cite
avec nostalgie « Monsieur Abdaloff », son prof d’an-
glais en seconde : « J’arrivais quasi tout le temps en
retard. Il me laissait entrer en classe à condition que
je donne une excuse en anglais. Du coup, chaque jour,
sur le chemin, j’en inventais une plus farfelue que la
veille. Au final, ça me faisait travailler spontanément
et j’ai progressé. Depuis, mon niveau d’anglais m’a
permis de voyager à l’étranger et de faire de belles
rencontres. » Comme beaucoup parmi les plus de
800 000 enseignant·es en France, il a des chances,
lui aussi, de transmettre le flambeau. U A. V.

© La

Toile
Chaque mois, Causette
présente une sélection
de films, fictions ou
documentaires, classiques
ou récents, en lien avec
son sommaire. Ce mois-ci,
retrouvez notre florilège
sur le thème de la scolarité :
la-toile-vod.com/cinemas/
causette
Free download pdf