Il y a une arrogance dans ce numéro... Et ce
mouvement (il relève le menton et met sa
main en l’air de façon très gracieuse, index
pointé vers le ciel) que je lui ai complète-
ment volé, je le confesse... La danse a fini
par prendre une place de plus en plus impor-
tante dans la composition du personnage.
Sans parler du disco.
Du disco?
Pas les mouvements du disco à proprement
parler, mais ce feeling d’euphorie qu’il
provoque. Ce sentiment envahit Arthur
au moment où il bascule définitivement dans
la peau de Joker. Au festival de Toronto,
j’étais allé à la première d’un film en
oubliant d’éteindre la télé dans ma chambre
d’hôtel et quand je suis rentré, il y avait cette
musique disco qui tournait en boucle. J’ai
commencé à danser... Un autre moment clé.
Que représentait le Joker pour vous,
avant le film?
Ma première rencontre avec le personnage,
c’était dans le roman graphique A r k h a m
Asylum, dans les années 80. J’ai vu le Batman
de Tim Burton quand j’étais gamin, The
Dark Knight de Nolan à sa sortie... Mais je
ne me suis servi d’aucune des prestations
précédentes comme source d’inspiration.
J’avais envie de repartir de zéro. J’adore
l’idée que le Joker représente quelque chose
de différent pour chacun d’entre nous. Moi,
j’aime son irrévérence. Cette ironie. Tu sais,
il y a cette phrase qu’on entend parfois :
« Sois toi-même. » Eh bien, pour le Joker,
être soi-même, ça signifie foutre le bordel!
(Rires.) Il est libre et il y a quelque chose
d’attirant là-dedans. Il a l’air tellement cool,
putain! Dans le film, il est de plus en plus à
l’aise et gracieux au fur et à mesure du récit.
On ressent de l’empathie pour sa souffrance,
son insatisfaction. Mais attention, hein, les
remèdes qu’il propose à cette insatisfac-
tion sont totalement inacceptables. C’est un
super-méchant avant tout. Et moi, je suis un
putain de pacifiste.
Ça fait longtemps que l’industrie
frappe à votre porte pour vous
convaincre de rejoindre le monde
des superhéros. Marvel pensait
à vous pour Doctor Strange. C’est
impossible d’y échapper, aujourd’hui,
pour un acteur américain?
Non. Pas du tout. On est libres, personne
ne nous oblige à rien. Je connais plein
d’acteurs qui ne font pas de films de super-
© NIKO TAVERNISE - WARNER BROS. PICTUREShéros et qui se portent très bien. C’est le Todd Phillips et Robert De Niro
EN COUVE RTURE