main. Le travail de recherche est consé-
quent. En atteste la bibliographie, à la
fin de l’ouvrage. On s’y perd parfois dans
les noms, mais la lecture n’en reste pas
moins palpitante car on sait que tout ce
que Bourgoin relate est vrai. Ses portraits
seront tous agrémentés d’une biographie
complète et de documents saisissants
(certains ont été publiés dans Moi serial
killer, chez Grasset, en 2017), comme la
confession de Holmes, dans laquelle le
tueur reconnaît : « Je suis sous l’emprise
d’une manie homicide. »
The Green River Killer
« Je compte en écrire environ deux par an,
annonce Stéphane Bourgoin. Je choisirai
les tueurs en fonction de leur spécificité
et de documents auxquels j’ai eu accès. »
Le deuxième volume est sorti en même
temps que celui de H. H. Holmes (1). Il
est consacré à The Green River Killer. Le
portrait de ce tueur en série des années
1980 est particulièrement réussi, d’autant
qu’il s’inscrit dans une actualité brûlante
sur les féminicides. Les femmes sont trop
souvent victimes de meurtre : au moins
36 en Belgique en 2017, 39 en 2018, déjà 14
cette année. En France, où le phénomène
s’avère aussi préoccupant, une manifes-
tation très médiatisée a été organisée
récemment et le gouvernement français
lancera, en septembre prochain, une
grande concertation sur ce fléau.
Dans son livre sur Gary Ridgway, qui
a plaidé coupable pour 48 assassinats
de jeunes filles et en a admis 61 durant
un interrogatoire, Stéphane Bourgoin
rappelle, dans un préambule édifiant,
que les femmes sont les proies privilégiées
des serial killers : selon le FBI, elles repré-
sentent, depuis 1985, 70 % des victimes
connues des tueurs en série américains,
alors qu’elles constituent 22 % des
victimes du nombre total des homicides.
Ridgway s’en prenait surtout à des
prostituées, au sud de Seattle où coule
la Green River. Autres chiffres frappants
avancés par Bourgoin : les prostituées
ont dix-huit fois plus de risque d’être
victimes d’un homicide que la moyenne
des femmes et plus de 35 % de prostituées
victimes d’homicide sont assassinées
par des tueurs en série. Gary Ridgway le
confiera lui-même : « Je choisis des putes
parce qu’elles sont faciles à aborder, elles
ne se méfient pas et elles bougent beau-
coup. Lorsqu’elles disparaissent, les flics
s’en foutent. »
Bien que soupçonné à deux reprises et
même soumis au détecteur de mensonge,
ce tueur prolifique, nécrophile, marié et
père de famille, échappera pendant
GETTY IMAGES
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Gary Ridgway : un tueur
prolifique et nécrophile,
« spécialisé » dans le
meurtre de prostituées.
Herman Webster
Mudgett et son
Holmes’ Castle,
surnommé plus
tard le « château
de l’horreur ».
ANTHONY BOLANTE/BELGAIMAGE