Echos - 2019-08-14

(coco) #1
lions d’abonnés. Présente dans
dix-huit pays, la plate-forme s’est
récemment implantée en Europe
(Espagne et Allemagne notam-
ment), et prévoit de s’introduire à
la Bourse de Toronto d’ici à la fin
de l’année.n

micas, l’institut d’enquêtes écono-
miques brésilien).
Aujourd’hui, la plate-forme
Ubook, lancée à Rio de Janeiro,
est devenue le leader des applica-
tions de streaming de livres audio
en Amérique latine, avec 6 mil-

donc des livres enregistrés. En outre, les
éditeurs investissent massivement
pour construire des studios d’enregis-
trement et s’assurer les services de bons
acteurs pour donner une voix à leurs
livres », expliquait récemment au
« Guardian » Stephen Lotinga, le
directeur général de la Publishers
Association, qui défend les intérêts
des éditeurs outre-Manche.

Ubook, leader du streaming
au Brésil
Toutefois, le phénomène est plus
global et dépasse le seul marché
anglo-saxon. L’audiobook vole éga-
lement au secours de l’édition au
Brésil, où il est apparu comme une
opportunité d’atténuer la crise que
connaît, depuis 2015, le marché du
livre. Entre 2015 et 2018, le chiffre
d’affaires des maisons d’édition a
chuté de 20 % selon la Fipe (Funda-
ção Instituto de Pesquisas Econô-

des assistants vocaux personnels,
très populaires aux Etats-Unis.

Croissance de 43 %
au Royaume-Uni
Même explosion au Royaume-Uni.
Les ventes d’audiobooks ont bondi de
43 % l’an dernier, alors que les ventes
de livres papier baissaient, pour la
première fois en cinq ans, de 5,4 %.
C’est clairement une accélération
(+29 % en 2015, +28 % en 2016 et
+25 % en 2017), qui permet aux ven-
tes de tripler sur les quatre dernières
années. Mais le segment, évidem-
ment dominé par le service Audible
racheté par Amazon en 2008, reste
limité à 69 millions de livres sterling,
dans un marché du livre, e-book
compris, de 3,6 milliards de livres
sterling, où le livre papier p èse e ncore
80 % des ventes. « Nous pensons que
l’essor des podcasts contribue à tirer la
renaissance de l’audio en général, et

books », ces livres enregistrés que
de plus en plus de gens écoutent
sur leur smartphone, contribue
même à redynamiser le marché de
l’édition. En novembre 2017, le
« New York Times » a pour la pre-
mière fois ajouté à sa prestigieuse
« Book Review » une chronique
tout spécialement dédiée aux
audiolivres.
Une décision pragmatique : le
marché des audiobooks connaît
une croissance à deux chiffres
depuis sept ans aux Etats-Unis. L’an
dernier, les ventes ont approché le
milliard de dollars (+25 %), affi-
chant la plus forte croissance de
toute l’industrie de l’édition, selon
l’Audio Publishers Association
(APA), qui attribue ce succès aux
longs trajets en voiture dont les
Américains sont coutumiers (74 %
des clients écoutent leurs audioli-
vres en voiture), et à l’émergence

Elsa Conesa (à New York),
Alexandre Counis (à Londres)
et A. B.


Le livre audio reste une niche sur
le marché du livre : « 15 % de part de
marché en Suède et 10 % aux Etats-
Unis, 7 % au Royaume-Uni, de 4 à
5 % en Allemagne – pays de fort atta-
chement au livre papier... – et entre 1
et 2 % en France », énumère Pierre
Dutilleul, président du Syndicat
national de l’édition. Prometteur...
mais encore modeste.
Pourtant, les choses bougent. Un
peu partout, le succès des « audio-


n
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Lesnouvellesattentesclients et l’apparition
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LESECHOS
FORMATION

Les livres audio au secours de l’édition aux Etats-Unis, au Royaume-Uni... et au Brésil


Alors que les ventes de livres
numériques déclinent aux
Etats-Unis, au Royaume-Uni
et au Brésil, le livre audio s’y
envole, permettant au
secteur de l’édition
de regagner des points.


Les éditeurs de livres audio n’hésitent plus à s’inspirer des pratiques ayant révolutionné l’univers de la téléphonie, de la musique et de la
télévision, en offrant des formules d’abonnement mensuel à leurs catalogues. Photo Shutterstock/Montage Les Echos

recensés par Audible. Les romans
(46 %) arrivent en tête, talonnés par
les thrillers (35,2 %) et les ouvrages
de développement personnel (23 %).
Et à ce jeu, les éditeurs de livres
audio n’hésitent plus à s’inspirer
des pratiques ayant révolutionné
l’univers de la téléphonie, de la
musique et de la télévision, en
offrant des formules d’abonnement
mensuel. Depuis avril 2019, les
abonnés de Canal+ ont accès gratui-
tement à un livre audio par mois
parmi 200 titres, via l’offre myCa-
nal. De leur côté, depuis le 5 avril
2018, la FNAC et sa liseuse Kobo ont
noué un partenariat avec Orange
pour que les consommateurs puis-
sent accéder à l’audiobook sur
liseuse et sur smartphone via une
offre promotionnelle de 1 euro
mensuel pour les trois premiers
mois, puis de 9,99 euros.
« Le livre figure encore de loin
comme le secteur le moins digitalisé,
explique Christian Bombrun, direc-
teur divertissement et nouveaux
usages d’Orange France. Mais notre
logique est d’offrir tous les contenus
possibles à nos usagers. Avec l’audio-
book, j’avoue que nous avons eu une
bonne surprise! Les ventes sont en
hausse, même si on ne constate pas
d’explosion. En outre, le fait qu’il ne
soit pas soumis au prix unique du
livre nous permet de proposer un sys-
tème d’abonnement, impossible à
appliquer avec l’e-book. » Le livre à
écouter en streaming, à la différence
de l’ebook, n’a pas de statut juridique
et donc n’est pas soumis à la loi Lang
de 1981 qui régule le prix du livre.

Un rôle encore marginal
Pour autant, la révolution digitale
complète et radicale se fait encore
attendre. S i leur croissance e st spec-
taculaire, les audiolivres conser-
vent un rôle encore marginal dans
l’industrie du livre en France et
leurs ventes restent « stables, entre 1
à 2 % de part de marché », analyse
Pierre Dutilleul. Mais déjà, l’émer-
gence d’un modèle dominant qui
reposerait sur un livre digital plutôt
divertissant, accessible par smart-
phone, promettrait d’avoir un
impact direct sur le secteur. « L’offre
éditoriale pourrait évoluer sur le
mode des séries, avec des épisodes, un
début et une fin, le tout sur un format
pas trop étiré », estime-t-il. L’oppor-
tunité d’arpenter de nouveaux terri-
toires pour le marché de l’édition
française, alors que la grande littéra-
ture semble connaître un certain
essoufflement.n

lAvec une augmentation de ses ventes de 20 % en 2018, le livre audio commence, progressivement,


à figurer comme un relais de croissance intéressant pour l’édition française.


lA l’international, son essor est fulgurant.


Le livre audio grignote du terrain

grâce au smartphone

Véronique Richebois
@VRichebois


Le smartphone s’apprêterait-il à
offrir un nouveau souffle au monde
de l’édition français? Avec une crois-
sance de ses ventes de plus de 20 %
en 2018, l’audiobook connaît une
croissance accélérée en France, où le
chiffre d’affaires global de l’édition a
subi une baisse de 4,38 % en 2018. La
preuve d’une belle vitalité. « Quelque
16 % des Français ont écouté un livre
audio cette année, soit une augmenta-
tion de 38 % sur la dernière année
écoulée », indique-t-on chez Audible,
numéro un du secteur, racheté par
Amazon en 2008. Déjà, le livre audio
fait partie intégrante des usages aux
Etats-Unis. En France, une évolution
parallèle s’esquisse, accélérée par
l’essor du numérique. « 50 % de la
part de marché de l’audiobook est
encore issue du format “physique”, le
CD, mais le dynamisme du secteur est
tiré par le dématérialisé, en p articulier
en milieu urbain... », indique Marie-
Christine Conchon, présidente de la
collection de livres audio Lizzie lan-
cée par Editis (Vivendi). Valérie Lévy-
Soussan, PDG d’Audiolib, filiale
d’Hachette Livre et d’Albin Michel,
enfonce le clou : « La part du digital
dans l’audiobook a quasiment doublé
dans le total des livres lus en 2018. »
Il est vrai qu’à ce jeu le « livre à
écouter » sans support dispose de
solides atouts. Outre sa facilité
d’usage, le coût du téléchargement
ou du streaming pour l’éditeur est
bien plus faible que celui de la fabri-
cation et de distribution d’un CD
physique : « de l’ordre de 25 à 30 %
inférieur », selon Pierre Dutilleul,
président du Syndicat national de
l’edition (SNE). Pas négligeable
quand on s ait que le coût de produc-
tion d’un livre audio peut varier de
« 10.000 euros » chez Actes Sud, jus-
qu’à « 14.000 à 60.000 euros » chez
Hachette Livre, selon la nature de
l’habillage sonore, la collaboration
avec un comédien réputé, le packa-
ging imaginé...


Pas de prix unique
Surtout, le format du livre audio
digital répond parfaitement aux
évolutions technologiques, qui ont
banalisé l’utilisation des smartpho-
nes comme source de divertisse-
ments. Il suffit, pour s’en assurer, de
jeter un coup d’œil sur les catégories
de livres audio les plus écoutés,


ÉDITION


grande maison indépendante se
lance véritablement dans le livre
audio, avec des sorties synchroni-
sées avec le papier ou non.

Revitaliser le fonds
En réalité, Actes Sud, qui est tou-
jours parvenu à conjuguer une
ligne éditoriale exigeante avec une
stratégie de « coups » marketing et
publicitaire à l’anglo-saxonne, n’en
est pas à son coup d’essai. Dès 2017,
la maison d’édition arlésienne créée
par Hubert Nyssen s’est lancée dans
la bataille du livre audio avec (déjà)
« Millénium » Tome 5, « Sucre
noir » d e Miguel Bonnefoy et
« L’Enfant qui » de Jeanne Bena-
meur.
« Jusque-là, Actes Sud cédait tou-
jours ses droits audio à des maisons
spécialisées, c omme T hélème, Audi-
ble (Amazon) ou les éditions Des
femmes, indique Sophie Grange,
chargée de production pour la col-
lection Actes Sud Audio. Mais cela
n’avait plus de sens de sous-traiter
nos livres audio. Par ailleurs, sortir

sité dramatique de la réunion du
20 février 1933, où vingt-quatre
puissants patrons allemands
(Krupp, Opel, Siemens...), reçus
par Göring et Hitler, se sont com-
promis en acceptant de financer la
campagne du Parti nazi pour les
législatives, Eric Vuillard a exigé
l’absence de tout habillage sonore.
De son côté, Laurent Gaudé, qui
connaissait déjà bien l’acteur
Guillaume Gallienne, a obtenu
qu’il puisse lire « Salina »... et lui a
accordé en retour une interview,
petit « bonus » de l’audiobook.
Mais tout ceci a évidemment un
coût : « 10.000 euros en moyenne »,
indique la maison d’édition. Et un
prix de vente/public conseillé de
25 euros pour le CD et 23,99 euros
au format numérique. Bien plus
onéreux qu’un livre numérique
dématérialisé, dont le prix est en
règle générale inférieur de 30 % à
celui du livre papier. D’où, sans
doute, ce choix prudent de se limi-
ter à deux parutions mensuelles.
—V. R.

Actes Sud se lance dans la bataille de la voix


Le 22 août, Actes Sud donnera le
coup d’envoi de sa stratégie de dif-
fusion mensuelle de deux livres à
écouter en publiant en version
audio – CD et numérique –, en
même temps qu’en version papier,
le tome 6 de « Millénium » de
David Lagercrantz. S’ensuivront le
11 septembre « Salina, les trois
exils » de Laurent Gaudé et « La
Cage d orée », de Camilla L äckberg,
tiré à 10.000 CD... Une sélection de
qualité et éclectique.
Les autres bénéficieront d’une
publication plus prudente, de
l’ordre de 1.500 CD, assortie d’une
version numérique dématériali-
sée. Il n’empêche, pour l a première
fois de l’histoire de l’édition, une

A partir du 22 août, chaque
mois, la maison d’édition
arlésienne lancera deux
audiobooks, en jouant
la carte de l’éclectisme.
Un pari et une première
dans le monde de l’édition
indépendante.

en livre audio, c’est aussi un bon
moyen de revitaliser notre fonds. Et
surtout, nous avons ressenti le
besoin de nos auteurs d’accompa-
gner leurs t extes tout du long. » D ’où
l’idée de systématiser l a démarche,
sous la supervision de Bertrand P y,
directeur éditorial.
Mal lu, assorti d’un habillage
sonore défaillant, un audiobook
médiocre peut « flinguer » un
livre. D’où le soin qu’assure appor-
ter Actes Sud à la fabrication : un
directeur artistique, une semaine
de travail en studio, un support en
carton rappelant l’univers du livre,
un habillage sonore...
« L’auteur est présent de A à Z »,
précise S ophie Grange. Pour
mieux rendre compte de l’inten-

10.
EUROS
Le coût moyen de production
d’un livre audio chez Actes Sud.

HIGH-TECH & MEDIAS


Mercredi 14 et jeudi 15 août 2019Les Echos

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