LeSoir - 2019-08-14

(ff) #1
MadMercredi 14 août 2019Page 17

★★
PIAS. En concert ce jeudi 15 au Park Rock de Baudour et ce samedi 17 au Nandrin Rock.
Cela fait bientôt vingt ans que le groupe bordelais défend son rock en
français sans concessions. Noir Désir ayant explosé en plein vol, la
bande à Romain Humain doit à certains moments se sentir bien seule
à défendre un genre de plus en plus marginalisé par le rap ou l’électro.
Après la sortie de Foule monstre en 2012 qui se voulait plus pop et
même un peu électro dans le son, Eiffel a annoncé son désir de s’im-
poser une pause, le temps de mener à bien des projets en solo. Après
deux albums sous son nom, Romain a donc réuni son équipe pour ce
sixième album paraissant sept ans après son prédécesseur.
Stupor Machine renoue avec les disques les plus rock d’Eiffel, les
textes tournant beaucoup autour du sentiment d’angoisse et d’isole-
ment que lui inspire une société dystopique (Big data). Les ballades
savoureuses ne sont pas oubliées pour autant, histoire d’apporter un
peu d’air dans ce brûlot très électrique, sombre et parfois dépressif.
T.C.


Eiffel Stupor Machine


★★★
Fiction-Universal.
Deuxième album pour le groupe londonien à ne pas
confondre avec le projet américain du même nom
de Will Oldham. Trois ans après l’impeccable So
Long Forever qui proposait déjà un tableau de Wilm
Danby, le frère du chanteur Leo Wyndham, Palace
est de retour avec un nouveau bijou mélodique
porté par une guitare scintillante et cette voix habi-
tée véritablement ornée d’arrangements somp-
tueux, avec ou sans cordes. Tout est poésie chez
Palace qui nous invite dans son monde délicat.
« Berlin » ou « Face In the Crowd » sont des perles.

Tout ici se transforme en épopée épique et fantas-
tique où la douceur et la beauté sont préférées à la
noirceur et la violence. Les Fleet Foxes ont trouvé
leur pendant d’outre-océan. Palace nous parle d’un
monde rêvé, avec de véritables gorgées d’espoir qui
peuvent, comme dans le magistral final de plus de
sept minutes (« Heaven Up There ») s’envoler au
paradis. Les atmosphères sont rendues plus pré-
gnantes encore grâce aux espaces laissés par la
productrice Catherine Marks (St Vincent, PJ Har-
vey). Palace, ce sont de grandes chansons par un
grand chanteur : Leo Wyndham.
T.C.

Palace Life After


★★
APX.
Apex est un point dans la constellation d’Hercule
vers lequel notre système solaire semble tendre,
nous apprend le musicien hutois qui, entre ses
interprétations sur scène des œuvres des Beatles
(avec son propre Lonely Hearts Club Band), a en-
core trouvé le temps de publier ce troisième album
de son trio Alain Pire Experience. Apex donc. Avec
René Stock à la basse et Marcus Weymare aux
drums (et Didier Dessers à la prod’), à l’ancienne
comme il se doit auprès de ce grand spécialiste de
la musique des années 60 et 70. En 2009, Alain

obtenait un doctorat en communication, avant de
publier des bouquins savants comme Anthropologie
du rock psychédélique anglais, la traduction de la bio
de Syd Barrett et un bel exposé sur le Five Leaves
Left de Nick Drake. Des guitares sonnant comme un
sitar, des percus comme un tabla, les influences
d’Alain sont connues. Les riffs de guitare sont plus
incisifs que sa voix pour huit chansons comme
peut-être seul un Paul McCartney oserait encore
livrer, même si « On the Other Side » nous fait
davantage penser à Pink Floyd. Sans oublier la
reprise du « Only A Northern Song » d’Harrison.
T.C.

Alain Pire Experience Apex


L’ACTU
cd

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★★
Behind the Pines. En concert ce vendredi 16 au BSF et ce dimanche
18 au Nandrin Rock Festival.
On va finir par croire que certains groupes
n’existent que pour passer sur Classic 21, tellement
leur rock volontairement vintage ne s’accorde pas
avec les nouvelles sonorités imposées par la mode.
Behind the Pines, formé à Bruxelles en 2017 par
deux amis, Andrea (chant et guitares) et Johnny
(drums), rejoints par Greg (le premier guitariste de
Mustii) et Tomas à la basse, a déjà publié un pre-
mier EP l’an dernier (In The Mirror). Voici le second,
de cinq titres livrant un rock basique qui ne manque

pas d’élégance comme le prouvent les ravissants
costumes de la pochette, qu’on retrouve sur scène
(comme ce fut le cas aux Francos de Spa sur la
scène Pierre Rapsat). Ces enfants de Machiavel ont
pour eux l’envie du travail bien fait et de l’énergie
pas vraiment brute mais plutôt finement et propre-
ment déclinée. Les influences, heureusement, ne
s’entendent pas trop ici. Le tout est de voir qui –
dans les moins de 40 ans! – est encore prêt à vivre
autrement qu’en concert cette musique sans doute
pas d’une grande originalité mais parlant le langage
du cœur.
THIERRY COLJON

Behind the Pines Secret


ROCK ET VARIÉTÉS


musiques

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