LeSoir - 2019-08-14

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Page 18Mercredi 14 août 2019Mad

entretien

L


e festival de jazz d’Anvers est
une vraie tuerie cette année.
Etablir nos quatre choix
(voir ci-contre) a été d’une
agréable complexité. On aurait
pu aisément en faire d’autres :
David Murray, Reggie Washing-
ton, Kenny Werner, Enrico Rava,
le Ragini Trio avec Bojan Z.,
Louis Cole, Nubya Garcia, l’hom-
mage à Toots Thielemans avec
Kenny Werner et Grégoire Maret.
Ou pousser des Belges : Eric Le-
gnini, Manu Hermia, Stuff, Li-
nus, Gyselinck et Ottervanger,
Bombataz, De Beren Gieren...
Une Belge qu’on pousse, en
tout cas, c’est Anneleen Boehme.
On a aimé la voir et l’entendre à
plusieurs reprises, et particulière-
ment dans le LABTrio, avec Bram
De Looze au piano et Lander Gy-
selinck à la batterie. Elle a aussi
créé son propre band, avec trois
autres contrebassistes. Elle joue
dans le Rob Banken Quartet,
dans feu Gizmo, et avec la chan-
teuse Fien Desmet.
Au Middelheim, elle occupe le
Garden Stage toute la journée du
vendredi 16. Avec quatre forma-
tions différentes : Yskan, en trio
avec Bojan Z et Pol Belardi, le
Grand Picture Palace, et l’Ara
Sextet. Un pari osé, qu’elle a eu
l’audace de relever. Entretien.

Il n’y a que quatre femmes
contrebassistes de jazz en
Belgique, contre 70 hommes.
Dont vous. Etre une
contrebassiste, c’est une
curiosité?
Apparemment oui. C’est peut-
être parce que l’instrument est
un peu grand pour une petite
fille qui voudrait commencer à
en jouer. Mais j’enseigne aussi à
des tas de filles qui veulent jouer
la contrebasse. Donc je ne vois
pas pourquoi il apparaît si
étrange qu’une femme devienne

contrebassiste professionnelle.
Je n’ai pas d’explications. Je ne
vois pas le problème. Bien que je
me demande parfois quelle al-
lure j’aurai avec ma contrebasse
à 75 ans et je n’ai aucun modèle
pour me l’imaginer. Je serai
peut-être la première.

Physiquement, c’est difficile?
Oui, ça exige un effort physique.
On est toujours debout, les bras
sont toujours levés. Mais ce doit
être la même chose avec le vio-
lon et d’autres instruments.
C’est sans doute une certaine
image de l’instrument qui
manque : comme peu de femmes
en jouent, ça ne fascine guère les
fillettes.

Pourquoi avez-vous choisi
la contrebasse?
J’ai commencé le violon à
quatre ans. A la maison, il y
avait une contrebasse au gre-
nier. Je l’ai regardée à 12 ans. Et

sans doute n’était-ce plus trop
grand pour moi, alors je l’ai es-
sayée. Et mon, père, qui est chef
d’orchestre classique, m’a donné
des partitions. Il m’a poussée à
prendre des leçons de contre-
basse et à apprendre le jazz. Ce
que j’ai fait. Et à 16 ans, j’ai
laissé le violon pour m’adonner
totalement à la contrebasse.
Sans regret. Même si j’ai gardé
mon violon dont je joue encore
parfois.

Vous travaillez dans plusieurs
groupes, mais c’est surtout avec
LABTrio que vous êtes connue.
Vous y êtes comme le centre du
groupe.
Oui. Nous avons Bram, Lander
et moi des personnalités com-
plètement différentes. Je fais un
peu le lien entre tout le monde,
tout en y plaçant ma propre

« On pourra voir quatre faces


« Je me demande parfois quelle allure j’aurai avec ma contrebasse
à 75 ans. » © ALEXANDER POPELIER.

Du 15 au 18 août,


c’est une comète


de stars qui défile


au Jazz Middelheim.


Dont la contrebas-


siste belge Anneleen


Boehme, qui joue


avec quatre groupes


sur la même journée.


»Je compose souvent


dans mes rêves.


Ça fait conte de fées


mais c’est vrai : je me


réveille une mélodie


dans la tête et je dois


la noter immédiate-


ment »


JAZZ


musiques

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