LeSoir - 2019-08-14

(ff) #1
Page 26Mercredi 14 août 2019Mad

ÀNEPA SMANQUER


Bibot distinguée
★★★
Théâtre Jacques Huisman, Spa
Elle avait, avec Bibot
debout, délaissé les
sketchs du one-woman-
show pour tenter l’aven-
ture du stand-up. Avec
Bibot distinguée, l’ex-Miss
Bricola des Snuls ne
prend plus qu’elle et sa
propre histoire (familiale,
artistique) pour modèle
d’inspiration. Bibot, qui
confesse sa crise de la
cinquantaine, plonge ici
dans les voluptueux
abîmes de l’autodérision.
Et c’est une excellente
surprise. Dans le cadre
du Royal Festival. (N.Ce.)

Burning
★★★★
Grande salle des fêtes
du Centre culturel, Spa
À partir de témoignages
récoltés par Laurence
Vielle sur le burn-out, le
circassien Julien Fournier
transforme cette souf-
france professionnelle en
matériau combustible.
Mettre ses chaussures
tout en gardant le
rythme sur un tapis de
course lancé à toute
allure, ordonner des
caisses vouées à l’effon-
drement, jouer de son
corps pour illustrer les
statistiques sur le
nombre de Belges en
épuisement profession-
nel : il concrétise en
mouvement l’écroulement
physique et moral d’une
bonne partie de notre
population. Magistral!
Dans le cadre du Royal
Festival. (C.Ma.)

Circus Ronaldo : Swing
★★★
Zomer Bar, Zomer
van Antwerpen. Anvers
Sur des mélodies endia-
blées, ambiance années
20, le Circus Ronaldo
alterne les numéros
soufflants avec les paren-
thèses humoristiques.
Claquettes, rollers, as-
siettes chinoises : les
démonstrations clichées
sont court-circuitées par
des pirouettes décalées.
La table du magicien
prend feu, les caniches
savants se font la malle,
mais, derrière les mal-
adresses clownesques, le
show s’avère férocement
acrobatique. (C.Ma.)

Cyrano de Bergerac
★★★
Abbaye de Villers-la-Ville
Dans un espace unique,
servi par une très belle
distribution emmenée par
Bernard Yerlès, le héros
de Rostand enflamme
Villers-la-Ville et fait
entendre son désarroi.
Passant de l’ombre à la
lumière, de l’agitation
joyeuse à la mélancolie,
de la comédie à tragédie,
la mise en scène de
Thierry Debroux parvient
à nous captiver, à nous
faire rire et à faire res-
sentir toute l’humanité
des personnages. (J.-M.W.)

Encore une histoire
d’amour
★★
Château du Karreveld
C’est l’histoire banale
d’un homme et d’une
femme qui s’aiment. Ils
viennent de faire l’amour
et disposent d’une petite
heure avant que lui ne
retourne vers son
épouse. Chacun va dévoi-
ler des bribes de son
passé, des fragments de
son présent, des interro-
gations sur l’avenir. On y
retrouve l’humour terre à
terre de Thomas Gunzig
mais la pièce ne soulève
pas d’enjeux révolution-
naires. Dans le cadre de
Bruxellons. (C.Ma.)

Eux sur la photo
★★
Parc de Sept-Heures, Spa
Expérience singulière que
cette promenade de deux
heures dans le parc en
compagnie de la Maison
Éphémère. Une cinquan-
taine de photographies,
petites ou grandes, sus-
pendues aux branches
des arbres ou dissémi-
nées sur les chemins de
terre, racontent une
histoire de secrets de
famille. On se perd par-
fois dans les méandres
de l’histoire mais la mise
en espace est exception-
nelle. Dans le cadre du
Royal Festival.(C.Ma.)

Josephina
★★★★
Parc de Sept-Heures, Spa
Ils sont tout de même
forts chez Chaliwaté!
Après une heure d’oi-
gnons crus balancés à la
figure, d’absence et de

meurtres passionnels,
Sandrine Heyraud et
Sicaire Durieux nous
donnent envie de croquer
l’amour à pleines dents,
avec les incisives plutôt
que les dents de lait.
Dans Joséphina, on com-
prend pourquoi on
« tombe » amoureux, et
tout ce qu’il y a de déli-
cieusement douloureux
dans cette chute. Dans le
cadre du Royal Festival.
(C.Ma.)

L’heureux élu
★★★
Château de
Villers-Sainte-Gertrude ;
Abbaye de Malmedy ; Ferme de
Froidmont, Moustier-sur-Sambre ;
Propriété De Nys, Bornival
(Nivelles) ; Genappe ; Abbaye de
Maredsous
Le Théâtre des Galeries
embarque ce succès de
la saison passée pour sa
traditionnelle Tournée
des Châteaux. De vieux
amis se retrouvent pour
dîner. Mais leur amitié va
être contrariée quand
Charline leur présente
son nouveau fiancé, un
homme sanguin aux
opinions politiques plutôt
gênantes. Dans cette
comédie, Eric Assous
questionne la façon dont
chacun s’accommode de
la morale. Des dialogues
ciselés et des comédiens
parfaitement huilés.
(C.Ma.)

My Fair Lady
★★★★
Château du Karreveld
Ils l’ont fait! Faire oublier
le film de 1964 avec
Audrey Hepburn et Rex

Harrison : ce n’était pas
gagné et pourtant, l’inter-
prétation de Marina
Pangos et Franck Vincent
accomplit ce petit mi-
racle. Mise en scène par
Jack Cooper et Simon
Paco, la comédie musi-
cale se déploie avec un
charme fou. Décor ingé-
nieux, costumes de ciné-
ma, direction musicale au
cordeau : on succombe à
l’histoire de cette bou-
quetière façonnée pour
faire illusion dans la
haute société. Dans le
cadre de Bruxellons.
(C.Ma.)

Petit Théâtre de Gestes
★★★
Grande salle des fêtes
du Centre culturel, Spa
Petit Théâtre de Gestes a
beau se déballer dans un
cirque miniature
(11 mètres de diamètre),
la compagnie Bêtes de
Foire n’en offre pas
moins un monument de
poésie et d’inventivité,
savoureusement déglin-
gué. Elsa De Witte et
Laurent Cabrol ont
confectionné une heure
de cirque artisanal à
partir d’objets recyclés.
Tout avance sur un fil
brinquebalant, un côté
bricolé qui pourrait s’ef-
fondrer à chaque minute
mais finit par déboucher
sur de soufflants ta-
bleaux. Dans le cadre du
Royal Festival. (C.Ma.)

Tchaïka
★★★★
Salon Bleu du Casino, Spa
Auréolée de prix au Chili,
cette troublante adapta-

tion de laMouette de
Tchekhov se crée désor-
mais en français. La
pièce de Natacha Belova
et Tita Iacobelli tisse une
mise en abyme infinie :
une vieille actrice, au
crépuscule de sa carrière,
reprend du service sous
la forme d’une marion-
nette, à taille humaine,
qui n’est autre que le
double vieilli de la comé-
dienne qui la manipule.
Une pièce démente sur
les gouffres vertigineux
de la vieillesse mais
aussi du théâtre. Dans le
cadre du Royal Festival.
(C.Ma)

The Wild Party
★★★★
Grande salle des fêtes
du Centre culturel, Spa
Adaptée de Joseph Mon-
cure March, cette pièce
musicale exsude une
fièvre contagieuse qui
vous fait frétiller les
pieds autant que les
oreilles. Jugé obscène et
censuré à sa sortie en
1926, le texte nous em-
mène dans le New York
des années folles, dans
un bar où Queeny la
blonde allume les
hommes à tour de bras.
Benoît Verhaert – somp-
tueusement accompagné
de musiciens jazz – im-
provise, joue avec le
public et chauffe diable-
ment la salle. Dans le
cadre du Royal Festival.
(C.Ma.)

Un grand amour
★★
Château du Karreveld
Seule en scène, Janine
Godinas incarne Theresa
Stangl, veuve de Franz
Stangl, ancien SS qui
commandait les camps
de Sobibor et Treblinka.
Face à une journaliste
venue la questionner sur
le passé de son mari
désormais décédé, cette
femme fait son propre
examen de conscience.
Savait-elle? Jusqu’où
l’amour l’a-t-il aveuglée?
Mise en scène par Jean-
Claude Berutti, la pièce
de Nicole Malinconi offre
un écrin passionnément
trouble à la comédienne.
Dans le cadre de Bruxel-
lons. (C.Ma.)

Cyrano, interprété par Bernard Yerlès, est toujours à
l’affiche à Villers-la-Ville. ©DR

À L’AFFICHE


scènes

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