MadMercredi 14 août 2019Page 27scènes
le festival
DE LA
SEMAINEChassepierre œuvre quasiment
toute l’année pour soutenir
les arts de la rue. ©DRA
vec ses maisons de pierre,
ses champs impassibles et
son clocher impertur-
bable, on pourrait croire le petit
village de Chassepierre imper-
méable au changement. Et son
rendez-vous immuable, à la mi-
août, avec le Festival internatio-
nal des arts de la rue, n’est pas du
genre à troubler sa confortable
routine. Pourtant, le havre gau-
mais opère une mue impercep-
tible, loin du tumulte estival qui
s’empare de ses rues et prairies le
temps d’un week-end. Si les
amateurs de tréteaux circassiens
et autres entresorts forains
connaissent surtout Chasse-
pierre pour son festival aoûtien
qui réunit une cinquantaine de
compagnies venues des quatre
coins du monde, ils savent moins
que la bourgade œuvre quasi-
ment toute l’année pour soutenir
un secteur en plein développe-
ment.
Dans un ancien bâtiment agri-
cole, le festival organise désor-
mais des résidences artistiques.
« Pour répondre à la demande
des artistes, qui se plaignaient
du manque de lieux de création,
surtout de lieux avec de la hau-
teur pour le cirque, nous avons
acheté ce bâtiment, qui sert à sto-
cker du matériel pendant le festi-
val, mais qui permet surtout,
avec ses 9 mètres de hauteur et
26 mètres de profondeur, d’ac-
cueillir les artistes en création,
s’enorgueillit Charlotte Charles-
Heep, directrice du festival.
Après plus de 40 ans d’existence,
on a voulu amener une nouvelledynamique : en plus de per-
mettre aux artistes de créer, on
organise des rencontres pédago-
giques : les artistes vont dans les
écoles ou les classes viennent sur
le lieu de résidence pour faire des
ateliers de marionnettes ou de
percussions, parler du métier
d’artiste de rue, etc. Parfois, les
artistes montrent un bout de
spectacle et donnent aux jeunes
les clés pour comprendre le mon-
tage d’une création. Et puis, il y
a la sortie de résidence aussi : les
artistes montrent le résultat de
leur travail, ce qui est aussi un
moment de partage avec les gens
du coin. »MÂTS ET TRAMPOLINES
CASSE-COU
Pour l’instant, il manque en-
core un système de chauffage
pour accueillir les créateurs en
hiver, mais petit à petit, le festi-
val apporte de nouveaux aména-
gements (revêtement du sol,
équipement en sons et lumières)
pour optimiser son lieu de rési-
dence. « L’objectif est d’accueillir
cinq compagnies par an, ce que
nous devrions accomplir l’année
prochaine. »Cette saison, quatre
compagnies belges ont bénéficié
de cet accompagnement – Sté-
phanie Laforce, Daddy K7, la Cie
Scratch et Off Road – et foule-
ront donc le festival. Ils rejoin-
dront une horde d’autres artistesbelges – Lady Dadidoo, Takapa,
Puurlain, Xavieral Sharif, Akro-
percu, Novacentral, Tumble-
weed ou Be Flat – sur les trot-
toirs et pâturages de Chasse-
pierre. Sans compter les grappes
de compagnies internationales
invitées par un festival à la re-
nommée mondiale. « En arts de
la rue, il n’y a pas vraiment de
têtes d’affiche. Pour les concerts,
si je programme Calogero, tout le
monde connaît, alors qu’en arts
de la rue, les gens ne viennent
pas pour un nom. Ils viennent
pour une ambiance, un cadre,
une énergie, la qualité de l’en-
semble. »
Citons tout de même quelques
incontournables, comme le tra-
ditionnel grand spectacle du
soir. Cet été, c’est Bivouac qui as-
sure le show avec une architec-
ture monumentale et mouvante
faite de mâts et trampolines
casse-cou. Parmi d’autres figures
célèbres des arts du cirque et de
la rue, notons encore la présence
de l’Espagnol Léandre ou de la
Française Chloé Moglia. Pour le
reste, le programme est à retrou-
ver sur l’application mobile du
festival. Quand on vous disait
que Chassepierre évolue discrè-
tement avec son temps...
CATHERINE MAKEREEL▶ Les 17 et 18/8 à Chassepierre.
http://www.chassepierre.be.Chassepierre Festival en mouvement,
corps émouvants
©DRCe week-end,
c’est le Festival
international
des arts de la rue
à Chassepierre.
Pour sa 46
e
édition,
l’événement fait
la part belle
aux artistes belges.
Attention,
ça dé-Gaume!