Cyclisme Magazine N°6 – Août-Octobre 2019

78 - CYCLISME MAGAZINE N°6

JURAJ SAGAN

“J’ai prouvé que j’étais un bon coureur”

Qu’est-ce que ça fait de décrocher un 3ème

titre de champion de Slovaquie sur route?

Remporter un titre national génère toujours un

ressenti particulier. Avec le maillot national sur

les épaules, le peloton vous regarde différem-

ment. Et forcément vous attirez davantage l’at-

tention des fans et des médias.

Ce troisième titre a-t-il une saveur différente

par rapport à ceux remportés en 2016 et

2017, quand vous avez devancé votre frère

Peter?

La course est toujours piégeuse et délicate. On

la partageait qui plus est avec la République

tchèque car il n’y a pas énormément de cou-

reurs en Slovaquie. Après, beaucoup de choses

dépendent du fait si vous prenez la bonne é-

chappée ou pas. Si c’est le cas, cela devient dif-

ficile de vous rattraper. Cette fois, on a attaqué

assez tôt et je suis heureux d’avoir été à cette

place à l’arrivée.

Quel regard portez-vous sur votre carrière

jusqu’à présent?

J’en suis satisfait. Je me suis pas mal amélioré

ces dernières années. Je peux

maintenant participer à des

Classiques de printemps qui

correspondent bien à mes ca-

ractéristiques. Je suis égale-

ment heureux d’être aux côtés

de Peter pour lui donner un

coup de main. Jusqu’à mainte-

nant, mon plus grand moment

a été de courir le Tour de Fran-

ce 2017 avec lui. Cela avait

vraiment été spécial et ce

même s’il avait été disqualifié

et que je n’avais pas réussi à

rallier Paris (hors délais 9ème étape, Ndlr). Cela

a été un honneur de représenter Bora-Hans-

grohe avec Peter lors de cette immense course.

Avez-vous néanmoins le sentiment que vous

pourriez faire bien mieux?

Il y a toujours de la place pour s’améliorer.

Beaucoup de stages en altitude sont organisés

pendant l’année. Ils ont grandement favorisé

mon développement personnel ces dernières

années. Je progresse d’année en année. Même si

c’est un petit peu à chaque fois.

Est-ce un atout ou un inconvénient d’être le

frère de Peter Sagan?

C’est un avantage. Sans Peter, je n’aurais ja-

mais eu la chance de devenir professionnel.

Nous le sommes devenus ensemble chez Li-

quigas. Mais j’ai aussi prouvé que j’étais un

bon coureur. Je dois néanmoins beaucoup re-

mercier Peter pour son aide.

“PETER A TOUJOURS

ÉTÉ SPÉCIAL. MÊME

QUAND NOUS

ÉTIONS ENFANTS, IL

RÉUSSISSAIT TOUT CE

QU’IL ENTREPRENAIT”

Justement, quel genre de conseils vous don-

ne-t-il?

Ce ne sont pas vraiment des conseils. Mais

quand vous êtes avec Peter et que vous passez

du temps avec lui,

vous comprenez vite

que vous devez pren-

dre du plaisir à faire

les choses. A partir

de là, vous ne pou-

vez que donner le

meilleur de vous-

même.

Quel est votre rê-

ve désormais?

J’aimerais faire le

Tour de France en-

core une fois et cette

fois franchir la ligne

à Paris.

Auriez-vous imaginé que Peter accomplisse

une telle carrière il y a quinze ans?

Vous savez, Peter a toujours été spécial. Même

quand nous étions enfants, il réussissait tout ce

qu’il entreprenait. J’ai très vite compris qu’il

deviendrait un des meilleurs du peloton.

Arrive-t-il encore à vous surprendre?

Avec lui, vous ne savez jamais ce qui peut arri-

ver. Donc effectivement il peut vous surprendre

au quotidien. Mais c’est toujours sympa de pas-

ser du temps à ses côtés.

Propos recueillis par Jean-Marc Azzola

DANS LA FAMILLE SAGAN, JE DEMANDE JURAJ L’AÎNÉ (30 ANS CONTRE 29 À PETER) QUI VIENT

DE DÉCROCHER SON TROISIÈME TITRE DE CHAMPION DE SLOVAQUIE (2016, 2017, 2019).

Le frangin a décroché le titre de champion de Slovaquie

“Mon meilleur souvenir, avoir disputé

le Tour de France avec Peter.”

© Bora Hansgrohe

© DR