SUD OUEST bassin d\'Arcachon du Samedi 17 Août 2019

(Darren Dugan) #1

Gironde Samedi 17 août 2019SUD OUEST


Stella Dubourg
[email protected]


B


artabas et sa troupe équestre
ont pris leurs quartiers sur la
place des Quinconces qui
sert d’écrin à « Ex Anima », la der-
nière création de Zingaro. 21 repré-
sentations sont prévues entre ce
17 août et le 14 septembre, affichant
déjà complet. Il faudra viser la vente
au guichet sur place (une vingtaine
de places disponibles chaque soir).
En attendant, rencontre exclusive
avec le fondateur de ce théâtre
équestre unique en Europe.


« Sud Ouest » Zingaro, c’est un
succès populaire qui ne se dément
pas année après année?
Bartabas Zingaro, c’est une aven-
ture humaine et l’engagement
d’une vie. Nous consacrons notre
temps à lier une relation avec le pu-
blic du monde entier. Et au-
jourd’hui, notre récompense, c’est
d’avoir des gens fidèles qui nous
suivent sur trois générations.


Dans cette dernière création, vous
traitez une fois encore les chevaux
comme de vrais professionnels?
Nous sommes une tribu mi-hom-
mes mi-chevaux et les chevaux
font partie intégrante de la compa-
gnie au même titre que les autres
membres de la troupe. En réalité,
ce sont eux qui tiennent les rênes.
Pour chaque spectacle, on part
d’une question, d’un thème sur le-
quel on va travailler, puis on se met
à disposition des chevaux. À cha-
que fois, je pars du cheval et je
m’adapte à lui. Dans un film, on
prend des comédiens pour rentrer
dans un rôle. Là non. On prend les
chevaux pour travailler sur un
thème et c’est nous qui allons les
servir et les célébrer. J’aime que les
gens sortent du spectacle en se rap-
pelant que tel ou tel cheval a fait ce-
ci ou cela.


Résultat, le spectacle relève chaque
soir de la prouesse. C’est un stress
permanent?
Pour moi, chaque soir est un petit
miracle. C’est tellement fragile. Avec
les chevaux, ça bouge et ça n’est ja-
mais pareil, ça évolue sans cesse.
Dans ce spectacle, beaucoup de ta-
bleaux fonctionnent à l’instinct des
chevaux et ma grosse crainte,
c’était que cela ne marche pas sur
la durée. Nous en sommes à plus
de 200 représentations et je suis
toujours surpris de voir que les che-
vaux ont pris leur rôle comme des
acteurs avec un jeu d’improvisa-
tion et de codification.
Ce spectacle est l’aboutissement
de trente ans de travail, ça ne s’est ja-
mais fait. Il faut de la maîtrise et pas
mal de culot – peut-être le seul inté-


rêt de la notoriété – pour se lancer
dans ce type d’aventure.

Chaque spectacle représente un cy-
cle de travail d’environ trois ans et
un lourd investissement tant hu-
main que financier?
Pour chaque spectacle, il y a envi-
ron un an de préparation, dont six
mois de répétition pendant les-
quels il faut faire la scénographie et
les costumes et où l’argent sort
mais rien ne rentre. Le jour de la
première, en général, on est endet-
té à hauteur d’un million d’euros.
Il faut alors un an et demi pour
rembourser puis, pendant l’année
qui suit, on met un peu de côté
pour enchaîner sur la préparation
du spectacle suivant. Deux ans et
demi, c’est le temps qu’il faut pour
se régénérer, le temps de vivre sa
création et de la faire évoluer mais
aussi le temps qu’il faut pour pou-
voir proposer quelque chose de dif-
férent ensuite.

Car il est essentiel de toujours pro-
poser quelque chose de différent?
Il faut toujours veiller à évoluer et
à proposer autre chose car il faut
réussir à surprendre les gens à cha-
que fois mais tout en restant dans
l’univers qui est le nôtre.

Vous avez montré qu’il était possi-
ble de proposer un théâtre équestre
avec des créations originales qui ren-
contrent un vrai succès internatio-
nal, sans quasiment aucune subven-
tion publique. Mais cela reste un dé-
fi quotidien?
On pourrait croire qu’avec le suc-
cès et la reconnaissance, Zingaro
ne devrait pas avoir de problème.
Mais on est en permanence sur la
brèche, toute l’année, et c’est
comme ça depuis trente-huit ans.
Même si on parvient à s’autofinan-
cer à hauteur de 90 %, Zingaro, c’est
lourd et c’est un vrai pari à chaque

nouveau spectacle. Toute l’installa-
tion coûte cher et chaque soir, il
faut rembourser cette enveloppe
avec une partie des bénéfices. Il faut
donc que ce soit toujours plein et
que ça tourne longtemps.

Votre modèle économique reste fra-
gile, on est loin de l’usine à fric?
C’est un rythme difficile à tenir et
aujourd’hui, c’est sans doute ce qui
me fatigue le plus. Car c’est assez
pervers. On a
imposé notre
vision des cho-
ses, on a mon-
tré qu’on était à
part et qu’on sa-
vait se dé-
brouiller tout
seul mais du
coup, on est
toujours obligé
de se battre
pour obtenir
trois centimes.
C’est le revers de la médaille. Résul-
tat : notre théâtre équestre tombe
en ruines à Aubervilliers (93) et on
n’a pas les moyens de le remettre

en état. Mais attention, je ne me
plains pas. Je vis de ma passion et
je gagne bien ma vie. Et si j’habite
dans ma caravane, c’est une ques-
tion d’état d’esprit et parce qu’il
faut donner de sa personne toute
l’année et vivre avec ses chevaux.

Ce modèle économique a tout de
même du bon sur le plan artistique?
Quand on a une compagnie, il faut
la gérer à tous les niveaux. Artisti-
quement mais aussi économique-
ment. Les deux sont indissociables.
Et c’est d’autant plus vrai quand on
a des chevaux car il faut être capa-
ble de les nourrir et les soigner tous
les jours. Notre modèle économi-
que a influencé la création artisti-
que de Zingaro et pas l’inverse. C’est
une vraie leçon. Moi, j’ai commen-
cé avec trois bouts de ficelle et mes
premiers chevaux sortaient de la
boucherie. Mais ça n’est pas pour
autant qu’ils étaient moins bons
que ceux d’aujourd’hui. Ce ne sont
pas les moyens qui font la qualité.
Nos chevaux ne sont pas des che-
vaux chers mais ils représentent
l’investissement d’une vie.

Bartabas, le fondateur de Zingaro devant sa caravane place des Quinconces. PHOTO FABIEN COTTEREAU

ZINGARO Bordeaux


accueille le théâtre


équestre de Bartabas


dont le succès ne se


dément pas. Mais le


modèle économique


reste fragile


« Il faut de la maîtrise


et pas mal de culot »


Bordeaux, en tête des
villes les plus chères
pour les étudiants

BUDGET Selon une enquête publiée
hier par l’Unef, syndicat étudiant, le
coût de la vie augmentera de 2,83 %
pour les étudiants, en 2019-2020.
Une hausse deux fois supérieure à
celle de l’inflation. En moyenne,
le loyer – qui représente 69 % du
budget mensuel d’un étudiant –
passe de 458 euros par mois à 471 eu-
ros (+2,97 %). L’augmentation est la
plus forte à Bordeaux (+11 %) et dé-
passe légèrement les 5 % à Paris.
Concernant les transports, neuf villes
universitaires – dont Bordeaux –
« connaissent des augmentations de
tarifs (annuels, NDLR) au-dessus de
la moyenne nationale » qui est de
259 euros pour les boursiers et
270 euros pour les autres. Dix villes
cumulent hausse des loyers et des
transports : Bordeaux, Rennes, Lille,
Reims, Mulhouse, Saint-Étienne,
Nantes, Besançon, Lyon et Nancy.
À noter : entre achat de protections
périodiques et impact de la « taxe
rose » (des prix plus élevés pour des
produits étiquetés « féminins »), le
panier de dépenses coûte 530 euros
de plus par an pour les étudiantes, les
plongeant « dans une précarité en-
core plus importante ».

Yvan Bourgnon « en
équilibre sur l’océan »
CAP-FERRET Après son tour du
monde et la traversée de l’Arctique,
Yvan Bourgnon vient présenter ce
soir, au Cap-Ferret, le film réalisé par
Sébastien Devrient « En équilibre sur
l’océan », à 19 h 45, salle de la Fores-
tière. Ce film tout public raconte une
aventure extrême saluée par tous.
La projection sera aussi l’occasion de
rencontrer l’explorateur qui a réalisé
un défi, l’amenant à une réelle prise
de conscience de la crise environne-
mentale planétaire, notamment
sur la pollution plastique. Tarif uni-
que : 10 euros ou 6 euros pour
les moins de 12 ans.

ON EN
PARLE

VILLENAVE-D’ORNON

15 véhicules détruits


lors d’un incendie suspect


dans un garage


Un incendie à l’origine suspecte
a détruit une quinzaine de véhicules
dans un garage Pigeon de la route
de Toulouse, à Villenave-d’Ornon,
dans la nuit de jeudi à vendredi.
L’alerte a été donnée vers 23 heures.
Une enquête a été ouverte et confiée
aux policiers du commissariat de
Pessac.

BORDEAUX

Un feu dans un parking


Les pompiers sont intervenus vers
13 h 30, hier, pour éteindre un incen-
die qui venait de se déclarer dans un
parking d’une résidence de la rue
Émile-Peynaud, à Bordeaux. Trois vé-
hicules ont été détruits et des canali-
sations d’eau ont été endommagées.

FAITS DIVERS


« Moi, j’ai
commencé
avec trois bouts
de ficelle et
mes premiers
chevaux
sortaient de
la boucherie »

« Ex Anima », la dernière création de Zingaro. PHOTO MARION TUBIANA

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