Le Monde - 21.08.2019

(Jeff_L) #1

0123
MERCREDI 21 AOÛT 2019 culture| 17


L E S


F I L M S


D E


L A


S E M A I N E


Retrouvez l’intégralité des critiques sur Lemonde.fr

    À N E PA S M A N Q U E R
Roubaix, une lumière
Film français d’Arnaud Desplechin (1 h 59).

Thalasso
Film français de Guillaume Nicloux (1 h 33).

    À V O I R
Haut perchés
Film français d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (1 h 30).

Reza
Film iranien d’Alireza Motamedi (1 h 34).

Late Night
Film américain de Nisha Ganatra (1 h 42).
Star de la comédie sur petit écran aux Etats­Unis, Mindy Kaling,
auteure du scénario et interprète de Late Night, est à peu près
inconnue en France. Aussi conventionnel qu’il soit dans sa
forme et sa structure, ce long­métrage est une excellente occa­
sion de découvrir ce talent irrépressible. Mindy Kaling incarne
une jeune comique d’origine indienne, embauchée, un peu par
hasard, un peu par obligation, pour sortir la présentatrice d’un
talk­show (Emma Thompson) de la routine (et faire remonter
ses scores d’audience). La confrontation entre les deux
femmes, leurs statuts sociaux, leurs cultures, fait des étincelles,
assez longtemps pour que l’on passe sur les bons sentiments
qui commencent à dégouliner vers la fin du film. t. s.

    P O U R Q U O I PA S
Le Déserteur
Film canadien de Maxime Giroux (1 h 34).
Le désert de l’Ouest américain, la rumeur d’une guerre, une
silhouette qui traverse les dangers et emprunte sa fragilité à
celle de Chaplin. Le Déserteur préfère la voie de la suggestion
poétique à celui de la lourdeur contextualisée : on comprend
peu de choses, on suit les pérégrinations du très touchant
acteur canadien Martin Dubreuil, et on en déduit une vague
métaphore sur le monde tel qu’il va et l’Amérique contempo­
raine. Pour autant, Le Déserteur donne le sentiment de voir se
dérouler non pas un film, mais un programme trop bien rodé
où les intentions ne parviennent jamais à se faire oublier au
profit de la fiction : le mystère n’a rien de mystérieux, le dan­
ger n’a rien de dangereux et, à force d’en percevoir les coutu­
res, la fable poétique apparaît comme une succession d’afféte­
ries « auteurisantes ». m. j.

Scary Stories
Film américain et canadien d’André Ovredal (1 h 51).
Dans l’Amérique provinciale de la fin des années 1960, un
groupe d’adolescents découvre dans une maison hantée un
livre de contes effrayants. Chacun des membres de cette petite
communauté de lycéens va être la victime d’un monstre
réveillé par leur curiosité. Scary Stories est l’adaptation d’une
série de livres pour enfants et adolescents à succès dont
Guillermo del Toro est le producteur. Le récit suit un chemine­
ment assez attendu, et le film se distingue surtout par la rela­
tive originalité de certaines créatures. La culpabilité constitue le
ressort caché des événements horribles qui arrivent aux
personnages. Le réalisateur se tire ici honorablement d’un
cahier des charges un peu contraint. j.­f. r.

À L’A F F I C H E É G A L E M E N T
L’Affaire Pasolini
Film italien et français de David Grieco (1 h 53).
Mes autres vies de chien
Film américain de Gail Mancuso (1 h 48).
Good Boys
Film américain de Gene Stupnitsky (1 h 30).
Les Baronnes
Film américain d’Andrea Berloff (1 h 42).
Ma famille et le loup
Film français d’Adrian Garcia (1 h 25).

Once Upon a Time... 1 882 407 683 882 407
Le Roi Lion 5 512 043 700 ↓– 27 % 8 444 707
Fast & Furious : Hobbs... 2 476 865 809 ↓– 47 % 1 608 006
Comme des bêtes 2 3 264 857 764 ↓– 33 % 1 527 491
C’est quoi cette mamie? 2 232 363 434 ↓– 26 % 657 741
Dora et la cité perdue 1 182 098 528 182 098

Toy Story 4 8 83 064 (^476) ↓– 25 % 4 253 099
Playmobil, le film 2 69 330 (^681) ↓– 48 % 246 277
Spider-Man : Far from Home 7 67 152 366 ↓– 32 % 3 110 817
Perdrix 1 45 448 138 45 448
Nombre
de  semaines
d’exploitation
Nombre
d’entrées  (1)
Nombre
d’écrans
Evolution
par  rapport
à  la  semaine
précédente
Total
depuis
la  sortie
AP  :  Avant­première
Source  :  « Ecran  total »
*  Estimation
Période  du  14  au  18  août  inclus
Ce sont des chiffres que l’on associe le plus souvent à des adultes en
collants ou à des animaux de pixels : 1 292 spectateurs par écran,
ceux­ci étant au nombre de 683. La première semaine d’exploitation
(puisque les chiffres de ce tableau ne concernent que les cinq jours
suivant la sortie, jusqu’au dimanche soir) ne devrait pas se terminer
loin du million d’entrées. Et tout ça pour un film d’auteur, en compé­
tition au Festival de Cannes. Quentin Tarantino, qui célèbre dans
Once Upon a Time in... Hollywood, un cinéma aujourd’hui disparu, est
lui­même le dernier représentant de son espèce : le réalisateur su­
perstar, capable de déplacer les foules, avec l’aide, certes, de deux des
dernières stars à l’ancienne, Leonardo DiCaprio et Brad Pitt. Plus bas
dans le classement, deux comédies françaises originales se tiennent
au coude­à­coude, Perdrix, d’Erwan Le Duc (également journaliste au
Monde) l’emporte de quelques centaines d’entrées sur Je promets
d’être sage, de Ronan Le Page, qui se classe à la onzième place.
LES MEILLEURES ENTRÉES EN FRANCE
« Apocalypse Now Final Cut » :
les derniers remords de Coppola
Le cinéaste propose une troisième version de son film­culte,
légèrement modifié et restauré pour l’occasion
REPRISE
Q
uarante ans plus tard, les
revoici, les revoilà.
Coppola et son monstre,
Francis Ford et son loch
Ness intime, le bien nommé Apo­
calypse Now! On ne fera l’injure à
personne de rappeler de quoi il
s’agit, ou alors en deux mots, pas
plus. Joseph Conrad (Au cœur des
ténèbres, 1899), génie littéraire
polono­anglais, tiré sur le théâtre
dément de la guerre du Vietnam
par un autre génie, cinématogra­
phique et italo­américain celui­ci.
Les deux s’accordent à évoquer la
longue maladie de l’Occident. Le
capitaine Willard (Martin Sheen)
y est missionné par les services
secrets pour aller mettre un
terme à la carrière du colonel
Kurtz (Marlon Brando), qui s’est
émancipé de tout, à commencer
par la raison, dans un coin de jun­
gle cambodgienne en compagnie
d’indigènes belliqueux.
La suite est à consulter dans les
histoires du cinéma. Remontée
« sfumato » du fleuve en bateau,
trip hallucinogène de la guerre,
ballet d’hélicos wagnériens, dé­
luge de fumigènes et pop noire
planante, playmates mélancoli­
ques, Brando magnétique, en un
mot comme en cent, un
chef­d’œuvre opératique clouant
au pilori la belliqueuse hybris
états­unienne. Déjà. A moins de
retourner le voir en salle, lieu plus
que conseillé pour ce type de spec­
tacle, puisque aussi bien une occa­
sion se présente. Occasion qui plus
est unique, croyez­le ou non.
Tournage démentiel
Après l’un des tournages les plus
démentiels de l’histoire du ci­
néma (une crise cardiaque frap­
pant l’acteur principal, un typhon
dévastant les décors, un dépasse­
ment de budget de 18 millions de
dollars, Coppola frôlant la schi­
zophrénie, entre autres joyeuse­
tés...), après une version zéro can­
noise qui ramasse au passage une
Palme d’or, après une version ori­
ginelle raccourcie inscrite en let­
tres de feu dans l’histoire du 7e art
en 1979, après une version Redux
incluant les scènes expurgées et
annoncée comme définitive
en 2001, voici aujourd’hui qu’une
troisième version – plaisamment
intitulée Final Cut – arrive.
Notamment dans quelques salles
françaises équipées en son Dolby,
mercredi 21 août, et le 28 août dans
les autres salles. En attendant un
Blu­ray 4K UHD, le 18 septembre.
Bref, le diable et son train.
Il est donc dit qu’il existera doré­
navant trois versions d’Apoca­
lypse Now. Une première à 2 h 33,
une deuxième à 3 h 22, une troi­
sième à 3 h 02. Autant les remords
artistiques ayant conduit le ci­
néaste à recomposer son film plus
conformément à son désir
en 2001 étaient recevables, autant
ce second retour sur le corps du
délit pourrait donner la fâcheuse
impression, révérence parler,
qu’on tire un peu sur la vache à lait.
Il faut donc essayer d’entrer
dans les raisons de l’auteur. Il les a
lui­même fournies le 28 avril, lors
d’une présentation en avant­pre­
mière du film au Festival de
Tribeca, à New York, dans la salle
du Beacon Theatre : « Nous étions
très incertains, les distributeurs
aussi, alors nous n’avons cessé de
couper le film pour le raccourcir et
le rendre moins lourd (...). Et, quel­
ques années plus tard, on s’est dit
que, bon, on pouvait peut­être re­
mettre en place tout ce qu’on avait
coupé et assumer la lourdeur en
question, et ce fut Apocalypse
Now Redux. C’est à cette occasion
que je me suis rendu compte que le
premier était trop court et trop
coupé et que Redux était trop
long, ce qui m’a donné le désir de
travailler à la version qui serait la
meilleure pour le public. » Ni trop
courte ni trop longue, mais juste
ce qu’il faut, M. de La Palice
n’aurait pas mieux dit.
Le résultat concret de cette troi­
sième mouture consiste en quel­
ques coupures discrètes dans les
séquences ajoutées par la version
Redux, dans l’éviction du passage
de l’équipage avec les playmates
ainsi que du moment où le colo­
nel Kurtz lit le Times. Coppola a,
en revanche, conservé la fameuse
séquence de la plantation fran­
çaise avec Aurore Clément, réin­
troduite lors de la version Redux,
séquence pourtant décriée, en­
core qu’injustement à nos yeux,
par certains commentateurs dans
la mesure où elle détournerait le
film de sa trajectoire propre. En
tout état de cause, les spécialistes
(zélotes coppoliens, critiques, ar­
chivistes...) pointeront toutes les
différences et les pèseront sur la
balance de très haute précision
servant à jauger l’art du montage.
Tous les autres spectateurs se­
ront probablement moins sensi­
bles à l’exercice, étant entendu
qu’il n’est pas vraiment obliga­
toire d’être un pervers fétichiste
péremptoire, intolérant et cou­
peur de cheveux en quatre pour
apprécier le cinéma, encore que
cela puisse aider. Gageons qu’ils
seront plus réceptifs à la restaura­
tion du film, effectuée pour la pre­
mière fois à partir des négatifs et
des pistes sonores originaux, et
disposant de moyens techniques
offrant une amplitude et une im­
mersion sensorielles accrues.
Ce qui ne saurait empêcher le
spectateur de réfléchir – tout en
remontant le fleuve de ce film ex­
traordinaire – à ce qui détermine
au juste l’achèvement d’une
œuvre, entre le désir de l’artiste
d’incessamment la parfaire et
l’instant public qui grave son sta­
tut dans le marbre de la recon­
naissance.
jacques mandelbaum
Film américain de Francis Ford
Coppola. Avec Marlon Brando,
Martin Sheen, Robert Duvall,
Dennis Hopper (3 h 02).
Avec Marlon
Brando
magnétique,
en un mot
comme en cent,
un chef-d’œuvre
opératique
Doublé pour « Vitalina
Varela » et « Baamum
Nafi » à Locarno
Le film Vitalina Varela, du
cinéaste portugais Pedro
Costa, a été récompensé
par le Léopard d’or, à l’issue
de la 72e édition du Festival
de Locarno (Suisse), organisée
du 7 au 17 août. Le Prix d’in­
terprétation féminine est allé
à son interprète principale
Vitalina Varela. Autre doublé,
celui de Baamum Nafi, du
réalisateur sénégalais installé
aux Etats­Unis Mamadou Dia,
qui a obtenu le Prix du
meilleur premier long­
métrage et le Léopard d’or
de la section Cinéastes du pré­
sent. Parmi les autres prix dé­
cernés par le jury, présidé par
Catherine Breillat, celui d’in­
terprétation masculine est allé
au Brésilien Regis Myrupu,
dans A Febre, de Maya Da­Rin,
le Prix du jury à Pa­go,
du Coréen Park Jung­bum, et
celui de la mise en scène aux
Enfants d’Isadora, de Damien
Manivel. Le Prix du public
a été attribué par les specta­
teurs des projections en plein
air de la Piazza Grande
à Camille, de Boris Lojkine.
THIMOTÉEROBART
JUDITH CHEMLA
UN FILM DE
STÉPHANE BATUT
PRIX
JEAN VIGO
2019
“Tout droit sortie de Sixième Sens,
une romance sensuelle et décalée.”
THE HOLLY WOOD REPORTER
ZADIG FILMS présente

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