Moto Revue Classic N°106 – Septembre-Octobre 2019

(Jeff_L) #1

(^128) / # 106
Portrait
Avec des moyens limités, l’Allemand Walter Kaaden
a consacré toute sa vie à rendre les MZ deux-temps imbattables.
Sur les circuits de vitesse, comme sur les pistes d’enduro.
Texte : Etienne Cunrath - Photos : MZ Werkfoto et archives MR
WALTER KAADEN
LE MAÎTRE DU
DEUX-TEMPS
E
n nombre de victoires
comme en records
de production,
les années 50 sont marquées
par la domination du premier
constructeur mondial de
motos : NSU. 50 titres sur
une décennie et un record
de presque 300 000 unités
produites en 1955,
exclusivement avec des
motorisations quatre-temps.
À l’aube des années 60, avec
des moyens encore plus
importants, c’est au tour de
Honda d’imposer ses quatre-
temps sur les circuits et
de devenir le plus grand
constructeur mondial.
Mais, au fi n fond d’un pays
isolé du reste de la planète,
en République Démocratique
Allemande, un petit
fabricant de motos
populaires, IFA (acronyme
de « Industrieverband
Fahrzeugbau »), dont les
moyens sont extrêmement
réduits, se concentre sur
la production de petits
deux-temps dans l’ancienne
usine DKW de Zschopau.
À Waldkirchen – une
bourgade voisine –, au début
des années 50, l’ingénieur
Walter Kaaden construit,
dans son atelier, sa première
moto de course avec l’aide de
son père. La base est une DKW
RT 125 d’avant-guerre. Sur le
circuit routier du Sachsenring,
la vitesse de pointe de son
prototype est bien plus
remarquée que le pilotage
de son concepteur. Kaaden
n’est pas un cas isolé. En
effet, dans les compétitions
est-allemandes organisées
à cette époque, les pilotes
privés dominent les offi ciels
IFA, comme Bernhard
Petruschke sur son incroyable
ZPH, « Zimmermann-
Petruschke-Henkel ».
Redorer
le blason
Agacé par cette situation,
le constructeur de Zschopau,
IFA, demande à Walter
Kaaden de prendre, en 1953,
la direction du département
compétition. Il est engagé
comme ingénieur et pilote.
L’objectif est de redorer le
blason de la marque, à l’image
de ce que faisait son aïeul,
DKW, dans ses heures de
gloire. Pour cela, le régime
« encourage » l’ingénieur
Daniel Zimmermann à révéler
les secrets de son moteur
à Kaaden. Il s’agit d’un
monocylindre deux-temps
« carré » (alésage et course de
54 par 54 mm), alimenté par
un disque rotatif dans le bas
carter, équipé d’une sortie
d’échappement par l’arrière
du cylindre et refroidi par
air. Il développe 11 chevaux
à 8 000 tours/minute.
Les étanchéités entre



  1. Un alignement de MZ
    de course en 1958. 2. Walter
    Kaaden (à gauche) en discussion
    avec Ernst Degner. Ce dernier
    aurait dû apporter le titre mondial
    125 à MZ en 1961. L’histoire
    en a décidé autrement.


1

Free download pdf