SUD OUESTMardi 6 août 2019

Sur la plage de Vieux-Boucau, Ma-

rine, une Gersoise de 30 ans, l’avoue :

« Non je n’ai pas vu les panneaux! »

Des panneaux de quatre mètres par

trois, sur lesquelles Charlie, Liza, et

d’autres enfants de l’école primaire

de la commune sont en photo et

préviennent tous ceux qui vont fou-

ler le sable de la plage qu’ils n’y trou-

veront pas de poubelle et devront

s’organiser pour ramener leurs dé-

chets avec eux.

« Peut-être qu’elles ne sont pas as-

sez flashy, se défend Marine. Mais en

tout cas moi j’apporte mon sac-pou-

belle que je ramène. J’apprends ça

à ma fille de 3 ans. On fait du tri à la

maison. Nous, on n’a pas besoin de

panneaux. C’est une affaire d’éduca-

tion. » Son compagnon, Jérôme, qui

sort de l’eau, confirme : « Je viens de

trouver une brique de jus d’orange

et un briquet en plastique. Je les ai

portés aux MNS (les maîtres-nageurs

sauveteurs, NDLR). Ma prise de con-

science, je crois qu’elle vient surtout

d’un voyage en Corse, où j’ai voulu

montrer à ma compagne les îles La-

vezzi, que j’avais trouvées magnifi-

ques. Quand on y est retournés, il y

avait des déchets partout, ça m’a fait

mal au cœur. Comme on ne peut

pas participer aux collectes sur les

plages, je fais des dons à des assos

comme 4 Oceans. Un peu plus tôt,

j’ai fait un château de sable pour ma

fille, j’ai trouvé deux mégots. Infor-

mer c’est bien, faire de la prévention

des chartes aussi, mais je crois que,

malheureusement, il va falloir passer

à des amendes, vu l’urgence. »

Marie et ses filles viennent des

Hautes-Pyrénées. Elles non plus

n’ont pas vu les panneaux. Et pas da-

vantage qu’il n’y avait de poubelle

sur la plage. « Ça ne nous gêne pas.

Nous faisons de la montagne. Et

quand on fait des randonnées, il n’y

a pas de poubelles partout, alors on

s’organise pour ramener nos dé-

chets. Ici on fait pareil. Ne pas mettre

de poubelles c’est peut-être mieux

au fond. »

« Beaucoup de sceptiques »

« On a beau éditer tous les schémas,

toutes les chartes possibles, je pense

que ces politiques doivent s’ap-

puyer sur les collectivités locales »,

analyse Pierre Froustey, le maire de

Vieux-Boucau et président de la

commission Transition énergétique

au Conseil régional depuis 2016. Il

explique tester chez lui quelques ex-

périences glanées ailleurs. Tout en

se gardant bien de dire que sa com-

mune est exemplaire. « La plage

sans poubelles, beaucoup étaient

sceptiques. C’est une initiative qui

avait été expérimentée au Porge (33)

et qui s’inscrit pour nous dans une

démarche globale où nous avons

impliqué les enfants à travers, le

CME. (Conseil municipal des enfants

NDLR). Emportés par le vent ou les

mouettes, les déchets des poubel-

les de plage sont les premiers que

l’on trouve en mer, avec les mégots

que l’on enfouit dans le sable. »

Même si, rappelle l’élu, « 85 % des dé-

chets viennent de l’intérieur des ter-

res ».

« 17 fois moins de déchets »

Le résultat de l’expérience a, en tout

cas, a été « extraordinaire », selon lui,

avec « dix-sept fois moins de déchets

collectés ». La commune poursuit

ses efforts, avec, notamment, une

collecte de mégots, lesquels ont été

recyclés. « La valorisation, c’est im-

portant. Pour le premier mois, nous

en avons collecté 32 000. Et on en

voit moins dans les rues. »

Pour Pierre Froustey, ces actions

sont payantes, à condition de se

montrer patient et pédagogue. « Il

est important de sensibiliser les

gens au fait que jeter un mégot n’est

pas un geste anodin. Sans être mora-

lisateur. Le transformer en geste civi-

que. Il ne faut pas vouloir aller trop

vite, montrer les résultats, que cha-

que opération est bien appropriée.

On voit de plus en plus de gens qui

ramassent les papiers des autres. Et

là, nous aimerions travailler avec les

associations de commerçants sur

tout ce qui est emballages. Dans ce

type d’action, il faut de la constance.

Ne pas relâcher. »

Christine Lamaison

VIEUX-BOUCAU (40) Plages sans poubelles, collectes et recyclage de mégots,

sensibilisation... La commune expérimente plusieurs actions sur le long terme

« Ces politiques doivent s’appuyer

sur les collectivités locales »

Les plages de Vieux-Boucau l’affichent : pas de poubelle, les visiteurs doivent ramener leurs

déchets avec eux en partant. ARCHIVES ISABELLE LOUVIER/« SUD OUEST »

es plages sans plastique

sud ouest.fr

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La fondation Surf Rider orga-

nise un « pré-sommet » pour la

protection des océans, du 20

au 23 août, en amont du G7.

Pendant quatre jours, person-

nalités politiques, scientifi-

ques, économistes, sportifs de

haut niveau et membres de la

société civile échangeront au

siège de la fondation Surf Rider

Europe, à Biarritz (64).

Quatre thèmes seront évo-

qués lors des ateliers de discus-

sion : océan, sport et tourisme

durable ; océan et biodiversité ;

océan et pollution plastique ;

et enfin, océan et climat. À l’is-

sue des quatre jours de discus-

sions, une déclaration nom-

mée « Ocean Call » sera

adressée officiellement aux

délégations internationales

afin d’être débattue et inté-

grée dans les négociations du

G7.

« Nous sommes dans l’ur-

gence d’une action rapide pour

retrouver un océan en bonne

santé, a déclaré, hier, Antidia

Citores, porte-parole de la fon-

dation. L’océan a un rôle de ré-

gulateur du climat, aussi grand

que celui des forêts, si ce n’est

plus grand. » On estime entre

8 et 12 millions de tonnes la

quantité de plastique déversée

dans les océans chaque année.

Les conférences seront publi-

ques dans la limite des places

disponibles.

Un sommet

pour les océans

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