Marie Claire N°805 – Septembre 2019

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“Ma nuit la plus dingue?
Une nuit d’amour sur une
terrasse à Marseille, sur
le tournage de ‘Suzanne’.
Une nuit incroyable.
L’amour, de toute façon,
c’est incroyable.”


12 questions d’après minuit


—Vous dormez la nuit?
Délicieusement.

—Votre boisson et nourriture nocturnes?
Je ne peux pas dormir si j’ai faim.
C’est tellement bon de bouffer juste avant
de dormir et d’avoir la digestion qui vous
endort. Dernièrement, c’étaient les bretzels,
parce qu’il en restait dans l’appart
que j’ai investi. Pour la boisson, ce serait
du kinako, une boisson japonaise à base de
poudre de soja fumé, torréfié, chaud, avec
un peu de miel. On dort direct. Trop bien.

—Vivez-vous sous une bonne étoile?
Je me méfie des angoisses qu’on cristallise
dans les superstitions. Donc je préfère
répondre concrètement sur les étoiles.
Il n’y a pas très longtemps, j’ai regardé les
étoiles en forêt. J’étais avec un mec.
On s’est allongé. Il y a tellement d’étoiles,
c’est incroyable. En ville, on n’a pas le ciel.
Ça apaise de voir autant d’étoiles.
C’est important de ne pas être grand-chose,
sinon ça met trop de pression.

—La nuit efface-t-elle le jour et les soucis?
Oui, quand on dort. Le sommeil profond,
c’est peut-être la vraie vie. Il y a plus de vérité
dans le sommeil. D’ailleurs, c’est là que les
désirs ressortent. On fait parfois exister
dans nos rêves ce qu’on aimerait voir exister
dans l’éveil.

—Sur votre table de nuit?
Je n’ai pas de table de nuit. Dans mon
appart, j’ai deux lits mais rien d’autre.
Je n’ai pas de meubles, rien.

—La dernière fois que vous vous êtes
couchée tôt?
Plusieurs fois, récemment, je me suis couchée
avant que le soleil ne se couche. J’aime bien.

—Quels carburants d’après minuit?
Alcool, pilules, drogue, sexe, sucre, Xanax?
Le sexe. Et d’ailleurs, très souvent, ça
m’empêche de dormir. Je pourrais crever
pour la baise. Mais il faut faire gaffe : le cœur
peut lâcher, on peut se mettre en danger
physiquement. Et le sucre, la nuit, c’est pas
mal aussi pour donner un petit plaisir à mon
corps, comme de la pâte à tartiner avec des
vraies noisettes. Mais les autres drogues, non.

—La nuit la plus dingue?
Une nuit d’amour sur une terrasse
à Marseille, sur le tournage de Suzanne.
Une nuit incroyable. L’amour, de toute
façon, c’est incroyable. J’adore le sommeil,
mais je peux vraiment apprécier la nuit
avec un amoureux.

—Boule à facettes?
Pas trop, non. L’une des premières
crises d’angoisse que j’ai eues dans ma vie
était liée aux stroboscopes. Ça a fait
un bug. Ça m’a fait vivre des trucs au ralenti
et ça m’a complètement déphasée.

—Le plus trash, la nuit?
Les clochards. Ça, c’est trash pour moi,
la solitude dans la pluie, la nuit, le malheur.
On n’est même pas consolé, c’est terrible.
Terrible. C’est horrible, les clochards
dans les villes. Ce n’est pas normal. C’est pour
ça que ça ne me plaît pas d’être à Paris :
c’est violent, c’est trop violent.

—Le parfum de la nuit?
La forêt. Surtout quand il a plu.

—Les mots de la nuit?
Les mots d’amour qui, tout d’un coup,
ne sont pas stupides, qui sont tellement vrais
qu’on peut les dire. Mais les mots d’amour,
c’est dans l’instant qu’ils ont du sens...
celui qui a réussi à les faire exister en dehors
du moment amoureux, c’est Jean Genet,
dans ses poèmes, mais c’est rare.
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