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Est-ce de cette gêne financière que naîtra un
certain esprit mercenaire assumé par la plupart des frangins
Baldwin? « Je n’écris pas ce livre pour discuter de mon travail, de
mes opinions ou de ma vie, mais parce qu’on m’a payé pour l’ écrire »,
dévoile Alec en préambule de ses Mémoires. De fait, si la vocation
de l’aîné de la smala, qui prend des cours de comédie avec le légen-
daire Lee Strasberg à New York, après avoir renoncé à des études
de droit, semble sincère, celle des trois autres frise l’opportunisme.
S’engouffrant dans la brèche provoquée par le succès d’Alec qui
rallie Hollywood après avoir joué deux ans à Broadway et qui a
tourné dans « Working Girl » ou « Beetlejuice », les frérots tablent sur
leur ressemblance pour séduire les studios et vendre du Baldwin à
tour de (gros) bras. « Quand je vais aux castings, on me dit : un
Baldwin? Vous voulez dire qu’il y en a un autre? », assurait Daniel à
« People » en 1994. « Je crois qu’ils choisissent d’abord mon frère
Alec, et s’il n’est pas intéressé ou si le salaire est trop faible, ils rajeu-
nissent le personnage et ils me prennent moi, car ils savent que je suis
un peu plus désespéré financièrement. Ils peuvent m’avoir pour le
tiers. Je suis la version cheap d’Alec Baldwin », affirmait William au
« New York Times » en 1991. De fait, certains films semblent avoir
négocié un prix de gros : comme « Né un 4 juillet », où sur quatre
Baldwin, Oliver Stone en emploie trois (William, Daniel et
Stephen). Mais la carrière des trois « autres » Baldwin ne
tarde pas à prendre l’eau. Si William, surnommé le « Bald-
win sympa », s’en sort relativement bien (on l’a vu dans «
Backdraft » et puis, plus récemment, dans les séries « Dirty
Sexy Money », « Parenthood », « Waterfront » ou Gossip
Girl »), Daniel et Stephen, enfants terribles, partent en vrille.
Vaguement connu pour des rôles secondaires dans des
films mineurs et pour son personnage du major Moe
Kitchener dans la série « Cold Case », Daniel se taille sur-
tout une réputation de cocaïnomane courant nu dans les
couloirs des hôtels à la recherche de sa dose. « J ’ai rencon-
tré une femme dans la villa d’un célèbre chanteur en 1989,
racontait-il en 2006. Je n’avais encore jamais fumé de
cocaïne. Elle m’a tendu une pipe, a jeté quelque chose
dedans, et bam, je suis monté au septième ciel. Six mois
plus tard, j’entrais en centre de désintoxication. » Pendant
vingt ans, il collectionne les rehab (dix en tout), enregistre,
en 20 07, une vingtaine de vidéos - confessions d’un séjour
à la clinique Renaissance de Malibu pour un show de télé -
réalité de la chaîne ABC, se fait virer d’une autre émission
pour avoir envoyé des photos olé olé à l’une des partici-
pantes, collectionne aussi les arrestations (pour vol pré-
sumé de 4 x 4 ou possession de drogues). À la loterie
Baldwin, Daniel a tiré le mauvais numéro.
Stephen, qui n’avait que 17 ans à la mort de
son père, n’est pas moins extrême. Le benjamin
de la tribu, qu’on a pu voir dans « Usual Suspects » et que
la presse soupçonne d’ être « le plus bête du clan », a passé
une partie de sa vie à s’offrir des tatouages (dix-huit en
tout), à tourner des films obscurs, à participer à des émis-
sions de téléréalité (comme « Je suis une célébrité, sortez-
moi de là! ») ou à gérer divers problèmes d’alcool et de
JE CROIS QU’ILS
CHOISISSENT
D’ABORD MON
FRÈRE ALEC,
ET S’IL N’EST PAS
INTÉRESSÉ OU
SI LE SALAIRE EST
TROP FAIBLE,
ILS RAJEUNISSENT
LE PERSONNAGE
ET ILS ME
PRENNENT MOI.
WILLIAM BALDWIN
ELLE MAG / STORY
Alec et Hilaria Baldwin avec
leurs enfants Rafael, Carmen et
Leonardo, en 2018.
Alec Baldwin et Kim Basinger
avec leur fille Ireland.
En 2006, Daniel Baldwin
est arrêté, suspecté de vol de
voiture et de prise de drogues.
William Baldwin
en 2000.
Alec Baldwin
honoré par
une étoile sur
le Walk of
Fame de
Hollywood,
avec son
frère Stephen,
en 2011.