Elle N°3841 Du 2 au 8 Août 2019

(Tina Meador) #1

ELLE.FR 55


S’il reconnaît que le sujet a longtemps été tabou, il
assure néanmoins que l’Èglise cherche désormais « à
faire tout ce qui est possible pour que la dispense des
obligations soit obtenue dans le délai le plus bref, afin
que le prêtre puisse se rendre disponible auprès de la
mère pour s’occuper de l’enfant ». Mais pour l’associa-
tion d’Anne-Marie Mariani- Jarzac, c’est loin d’être
suffisant. « Beaucoup, chez nous, ont perdu la foi. Ils ont
besoin de se sentir dignes d’être aimés de Dieu. La
reconnaissance de l’Èglise, c’est une manière de les
réhabiliter. Mais il faut également poser la question de
l’utilité du célibat des prêtres. » Pour la présidente d’En-
fants du silence, les autorités catholiques doivent travail-
ler sur ce thème : « Les affaires de pédophilie, les reli-
gieuses dont on a abusé, l’existence d’enfants de prêtres
montrent que cer tains ecclésiastiques ont une sexualité
qu’ils n’arrivent pas forcément à maîtriser. » Au début

de l’année, en janvier, le pape François s’est clairement opposé à la remise en
cause du célibat des prêtres, qu’il considère comme « un don pour l’Èglise » qui
ne peut être « optionnel ».
La baisse constante du nombre de vocations en France entraînera vraisembla-
blement une diminution de ces naissances, mais le problème persistera. Ici et
ailleurs dans le monde, en Afrique et en Amérique du Sud principalement, où,
chaque année, des enfants de prêtres et de religieuses continuent de voir le
jour. « Les derniers membres à avoir rejoint l’association sont des jeunes femmes
d’une trentaine d’années, parmi lesquelles beaucoup sont d’origine africaine.
C’est bien la preuve que cette transgression traverse les générations et les fron-
tières », confie Anne-Marie Mariani-Jarzac, qui s’interroge sur le refus de
l’Èglise d’affronter la réalité. « Il y a certainement une peur de la part de l’insti-
tution religieuse que l’on demande un dédommagement financier, mais ce n’est
pas le cas », insiste-t-elle. En octobre prochain, la Conférence des évêques de
France recevra de nouveau son association pour discuter de l’ouverture de ses
archives. Un pas de plus sur le sinueux chemin de la reconnaissance. n
ED UARD O LUZZ AT TI * Elle aussi a demandé à garder l’anonymat.

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