Provence - 2019-07-30

(ff) #1

E


tsiladécision de la
Chambre de commerce,
de fermer son petit musée
de la Marine, n’était finalement
qu’un mal pour un bien?Fils de
Pierre Terrin qui fut président
du port et patron embléma-
tique du fameuxchantierde
construction et de réparation
navale Spat, de 1950à1978, Bru-
no Terrin en est, en tout cas, per-
suadé. Reconnaissant avoirété
l’un des premiersàpester
contre cette fermeture, celui-ci
mobilise désormais tout son ré-
seau afin de convaincre les
grandes entreprises locales, les
institutions et les collection-
neurs privés, de participer maté-
riellement ou financièrement à
la reconstitution d’un nouveau
lieu d’exposition digne de ce
nom.
" L’objectifest que Marseille
puisse disposer d’unendroit où
soitprésentée l’histoiredeses mé-
tiers maritimes, comme la
construction et la réparation na-

vale, la navigation, les services
portuaires(pilotage, remor-
quage et lamanage) ou encore
l’exploration des grands fonds et
les travaux sous-marins, en lien
notamment avec le sous-marin
Saga, stockéàl’Estaque, que les
visiteurs pourraient rejoindre
au moyen d’unenavettemari-
time dédiée ", explique Bruno
Terrin, dont l’intention est éga-
lement de proposer des projec-
tions de films et documentaires.
Et d’affirmer être soutenu
dans sa démarche par la région
Provence-Alpes-Côte d’Azur, le
Grand portmaritimedeMar-
seille (GPMM), les Compa-
gnons du Saga ,lacoopérative
du lamanage, le service du pilo-
tage, et même... la Chambre de
commerceetd’industrie Mar-
seille Provence. Bruno Terrin
ajoute avoir obtenu une écoute
attentive de la part de deux col-
lectionneurs hors normes que
sont le Pr Claude Pallanca, dont
200 des quelque1000 ma-

quettes de bateaux sont actuelle-
ment exposées au musée naval
de Monaco, et le Pélissannais
Daniel Boudot, détenteur d’une
collection unique en France de
scaphandres"pieds lourds".
Quantàl’académicien mar-
seillais et ancien commissaire
de la Royale, Jean-Noël Bévéri-
ni, lui aussi ardent défenseur du
patrimoine maritime phocéen,
il aaccepté de porter le dossier
auprèsdel’amiral Vincent Cam-
predon, directeur du musée na-
tional de la Marine,àParis ;
avec bon espoir d’associer au
projet cette prestigieuse institu-
tion.
Projet qui commence
d’ailleursàprendre tournure,
d’autant que plusieurs lieux sus-
ceptibles d’accueillir le musée
ontdéjà été identifiés.C’est le
cas de l’actuelle gare maritime
internationale dont les activités
devraient être prochainement
transférées au cap Janet où se-
rontopéréesles lignes régu-
lières des ferries vers l’Algérie et

la Tunisie. Il est vrai que ce bâti-
ment, situé non loin de la place
de la Joliette, bénéficie d’une si-
tuation idéale, au cœur d’un
pôle culturel constitué de la fu-
ture Passerelle qui verra le jour
dans le hangar J1 et de l’actuel
Mucem. " Nous examinons égale-
ment un autre lieu embléma-
tique, situé plus au nordetlui
aussi propriété du GPMM ", in-
dique Bruno Terrin.Avecdans
les deux cas,lapossibilitéd’y in-
tégrer un volet pédagogique au-
quel tient particulièrement ce
chef d’entreprise de 66 ans qui
confieavechumour être " né
dans une cale sèche ": la forma-
tion aux métiers maritimes.
" Je dois rencontrer,àlaren-

trée, le président de la Région
afin que nous validions tout ce-
la ", assure Bruno Terrin.
Contacté par nos soins, le direc-
teur de cabinet de Renaud Mu-
selier confirme que celui-ci ap-
porte son " soutien politique à
unprojetquis’annoncesolideet
très intéressant ". Quantàla
Chambre de commerce, son pré-
sident Jean-Luc Chauvin aurait
demandéàl’une de ses collabo-
ratrices de suivre ce dossier de
près, ce dontnous avons eu
confirmation.
Mais pour amorcer le proces-
sus,Bruno Terrin s’est fixé un
premier objectif:sauver le mi-
nuscule mais passionnant mu-
sée de la réparation navale qui
vivote le long de l’une des pe-
tites formes de radoub du port.
Musée dont l’association cultu-
relle qui enalacharge ne cesse
de lancer des appelsàl’aide, de-
puis des années, terrifiée à
l’idée que ce lieu de mémoire
puisse disparaître et que les
pièces exceptionnelles qu’il

contient, disparaissent ou
soientàjamaisdispersées( lire
ci-dessous ). Ce qui avait
d’ailleurs ému,àl’époque, le dé-
puté Henri Jibrayel, lequel avait
fait donàl’association, en 2016,
d’une somme de 2000 ¤ extraite
de sa réserve parlementaire.
Comme l’espère Bruno Terrin
qui enapris la présidence, ilya
deux ans, " cette structure pour-
raitpermettredefédérerautour
d’ellelescinqautresprojetsde
muséedelamarine,dontcelui
du bataillon de marins-pom-
piers "; projets ayant émergé
après l’électrochoc provoqué
par la disparition de celui du pa-
lais de la Bourse. Et de
conclure:" Le transfert de ce pe-
tit musée dans la gare internatio-
naledonneraitlecoupd’envoi
duprocessusdestinéàdonner
naissanceàcegrandmuséedu
patrimoine maritime méditerra-
néen, multifacettes, dynamique,
ludique et créatif qui faittantdé-
faut àMarseille ."
Philippe GALLINI

LeLe muséemusée dede lala MarineMarine
Le muséedelaMarine

va-t-ilva-t-il refairerefaire surfacesurface ??
va-t-ilrefaire surface?

C’est le combat de Bruno Terrin,


bien décidéàconvaincre les


décideurslocaux de créer un


nouveau lieu d’exposition


Située aux pieds de La Major, la gare maritime internationale
pourrait accueillir le futur musée. / PHOTO NICOLAS VALLAURI

Lesmaquettes de la Chambre de commerce avaient connu leur heure de gloire lors d’une époustouflante parade au Mucem. / PHOTO VALÉRIE VREL


Gardien de la mémoire de la réparation navale, le prêtre-ouvrier Michel Hirt présente
l’une des pièces majeures de cet étonnant petit musée. / PHOTO NICOLAS VALLAURI

Aménagée dansunlocalde420 m²,situéprès de la
forme nº7, boulevard des bassins de Radoub (

e
), "L’expo-
sitionsur la réparation navale d’hier et d’aujourd’hui"
abrite une collection exceptionnelle de photographies, ma-
quettes, pièces et outils liésàcette activité qui fit -et fait de
nouveau- les beaux jours de Marseille et de son port. Trois
salles sont consacréesrespectivement aux moteurs de ba-
teaux et engins de levage,àlafabrication des hélices (jadis
couléesàSeptèmes-les-Vallons), et auxopérations de
mise au sec des navires dans les formes de radoub. L’une
des particularités de ce musée,créé en 1981 par le
prêtre-ouvrier François Vidal, est surtout de présenter un
grand nombre d’objets animés ou pouvant être manipulés
par le public. Onydécouvre notamment une barreàvirer
en parfait état de marche, la reconstitution du processus
complexe de jumboïsation (allongement) d’un car-ferry
ou la reproduction fonctionnelle d’un moteuràvapeur
de 1923, construitàl’époque dans le quartier du Marché
aux puces, sous licence Doxford. De type "à bretelles"et

doté d’un double piston au sein d’une même chemise,
d’où sa hauteur inhabituelle, ce moteur certes rustique et
rudimentaire était quasiment indestructible, très écono-
mique et susceptibled’acceptertout type de carburant;
une technologie qui intéresserait le patron de Microsoft,
Bill Gates...Tous les métiers de la "navale" sont également
représentés aux travers de matériels spécifiques, de docu-
ments et évocations diverses. C’est le cas notamment des
calfats, des chaudronniers, des riveurs,des chalumeurs,
des soudeurs, des ajusteurs-mécaniciens, des levageurs,
ou encore des sableurs.
Ph.G.

Le musée est ouverttous les mardis après-midi, de 14hà17 h. La visite qui
bénéficie des commentairesd’un guide expert(BrunoTerrin lui-même oule
prêtre-ouvrier Michel Hirt ou Robert Ravetti, anciendelafonderie d’hélices
Lip Sud-Est), est gratuite. Jusqu’en 2020, une souscription de 10 ¤ est
proposée aux visiteurs afin d’aider le muséeàs’autofinancer.
Renseignements : 0 04 91 98 81 67.

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Le président


de la Région apporte


son "soutien politique


àunprojet solide".


Une pépite dans les petites formes du port


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