durera... plus de vingt ans. Si l’armée
romaine s’est modernisée, elle n’en su-
bit pas moins, en 321 av. J.-C., une
terrible défaite. Prise au piège dans le
défi lé rocheux des Fourches Caudines,
à l’ouest de Capoue, les troupes ro-
maines sont forcées de passer sous les
projectiles et les insultes, attelées
comme du bétail. Elles obtiennent leur
revanche dans les années suivantes,
jusqu’à la défaite des Samnites à Bo-
vianum en 305 av. J.-C. Rome annexe
alors une partie de leur territoire.
Au tournant du siècle, plus aucun
peuple de la péninsule ne semble de
taille à contrer la puissance de Rome.
Mais les Samnites ne sont pas morts.
La troisième et dernière guerre sam-
nite, appelée par les historiens «guerre
italique», débute en 298 av. J.-C. Elle
voit naître un phénomène jusqu’alors
inédit. Plusieurs peuples essaient de
se réunir contre l’ogre romain : les
Samnites, en majorité, mais aussi les
Etrusques, les Ombriens et les Gaulois,
ces derniers vivants au nord de l’Italie,
dans la plaine du Pô.
La bataille de Sentinum, en 295 av.
J.-C., est le point d’orgue de cette coa-
lition. Les Samnites, repoussés par les
Romains dans les premières années
du confl it, sont parvenus jusqu’à cette
ville située près de l’actuelle Sassofer-
rato, à 200 kilomètres au nord de Rome.
Ils y retrouvent leurs alliés pour aff ron-
ter quatre légions romaines, comman-
dées par deux consuls. L’aff aire s’an-
nonce mal pour les Romains. Mais ces
derniers parviennent à diviser le camp
ennemi en envoyant des troupes rava-
ger Clusium, en territoire étrusque (l’ac-
tuelle Toscane). Les guerriers étrusques
et ombriens quittent alors le champ de
bataille. Reste à aff ronter les Samnites
et les Gaulois. Après deux jours d’at-
tente, les hostilités commencent. Sur
l’aile gauche, face aux Gaulois, le consul
Publius Decius Mus est mis en diffi -
Cette miniature médiévale illustrant l’Histoire romaine, de Tite-Live (59 av. J.-C.-17 apr.
J.-C.), montre les Samnites, vaincus, déposant de l’or aux pieds des soldats romains.
culté. Il exécute alors une devotio : un
acte guerrier suicidaire. Il se jette armes
aux poings dans les rangs ennemis
pour entraîner ses adversaires avec lui
dans la mort. L’opération est effi cace :
les Romains emportent la bataille, lais-
sant 25 000 Samnites et Gaulois morts,
dont le chef samnite Gellius Egnatius,
contre 9 000 soldats côté romain.
La troisième guerre samnite connaît
encore quelques soubresauts. Les Sam-
nites créent une troupe d’élite, la «lé-
gion de lin», pour écraser leurs adver-
saires romains. Mais en 293 av. J.-C., ils
sont à nouveau défaits à Aquilonia, en
Campanie (20 000 morts samnites).
Leurs villes tombant les unes après les
autres, ils fi nissent par capituler en
290 av. J.-C. Le traité de paix est dras-
tique : les Samnites perdent une par-
tie de leur territoire et doivent fournir
des troupes à Rome. Les Samnites sont
défi nitivement vaincus non sans avoir
donner du mal à Rome. «Aucun en-
nemi, en Italie, ne soumit à de plus
rudes épreuves le courage des Ro-
mains», écrira, au IVe siècle de notre
ère, l’historien romain Eutrope.
Rome met encore quelques années
à soumettre les autres peuples coali-
sés (Ombriens, Gaulois et Etrusques,
dont la dernière cité indépendante,
Volsinies, tombe en 264 av. J.-C.) et à
asseoir sa domination sur toute la pé-
ninsule. Elle doit aussi pour cela
conquérir le Sud, dominé par les Grecs.
Ces derniers, et notamment ceux de
Tarente, principale ville grecque d’Ita-
lie du Sud, appellent à la rescousse
Pyrrhus, roi d’Epire (une région située
au nord-ouest de la Grèce actuelle).
En 280 av. J.-C., ce dernier traverse la
mer Ionienne et débarque sur la pé-
ninsule avec 25 000 hommes et des
éléphants, une arme redoutable à
l’époque. La guerre entre Rome et Pyr-
rhus dure cinq ans et s’achève en 275
av. J.-C. sur un succès romain. Rome,
désormais maître du territoire, a dé-
multiplié ses richesses et les eff ectifs
de son armée. Elle peut désormais voir
plus loin. Vers Carthage. C
Luisa Ricciarini/Leemage
Plusieurs peuples essaient de s’unir
pour lutter contre l’ogre romain
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