GEO Histoire - 04.2019 - 05.2019

(Tina Meador) #1
naie, leurs usages, l’essentiel des droits coutumiers


  • notamment en matière de droit matrimonial et
    successoral, – et, bien sûr, leurs divinités. A l’égard
    des dieux étrangers, les Romains se sont montrés
    si tolérants qu’ils n’ont pas hésité à en accueillir
    quelques-uns, tels Isis l’Egyptienne, Mithra l’Indo-
    iranien ou Cybèle l’Asiatique.
    En réalité, d’importants contrastes existaient
    entre les deux bassins de la Méditerranée. Politi-
    quement et économiquement soumis, la Grèce et
    les territoires hellénisés d’Orient restaient prépon-
    dérants sur le plan culturel. A partir du IIe siècle
    av. J.-C., peintres, sculpteurs, auteurs et philosophes


grécophones issus des provinces conquises ou de
royaumes alliés affluèrent en masse vers la Ville
éternelle. Comme l’affirme l’historien Marcel Le
Glay, «une véritable hellénomanie s’est alors empa-
rée d’une partie de plus en plus importante de la
haute société romaine». Dans le bassin oriental,
les élites opéraient en grec, et non en latin.
La situation était bien différente dans la partie
occidentale de l’empire : le latin s’est imposé
comme la lingua franca des notables dans la pro-
vince d’Afrique, la Gaule transalpine et les deux
Espagne. C’est qu’à la différence de l’Orient, plu-
tôt dominé par le régime des Etats-clients, l’Occi-
dent «barbare» était directement administré par
Rome via le système des provinces. Cette main-
mise sur l’Ouest fut encore renforcée par le déve-

loppement des colonies. Le terme de «colonisa-
tion» n’avait alors rien à voir avec sa signification
actuelle : il s’agissait de la fondation ou de la refon-
dation de cités sur des terres conquises. Ces nou-
velles implantations mêlaient des populations
locales à des ressortissants romains ou italiens,
notamment à des vétérans récompensés pour leurs
efforts de guerre. Deux types de colonies exis-
taient : celles dites «romaines», sorte de Rome en
miniature, regroupaient des citoyens à part entière
disposant tout à la fois de droits civils et politiques ;
celles dites «latines», de statut inférieur, rassem-
blaient des colons dotés uniquement de droits
civils relatifs au mariage, à la pro-
priété, etc. D’abord limitée à la
région du Latium, l’entreprise de
colonisation a permis à Rome
d’étendre son pouvoir politico-
militaire à l’ensemble de l’Italie
tout au long du IIe siècle av. J.-C.
Pendant longtemps, – peut-être
parce que les vétérans hésitaient
à s’expatrier – les terres étran-
gères furent épargnées par le
phénomène. Mais durant les
trois dernières décennies de la
République, le mouvement de
colonisation connut une accélé-
ration dans les provinces.
Au cours du Ier siècle av. J.-C,
quand l’armée commença à
recruter parmi les prolétaires
sans terre, la création de colonies
fut un expédient commode pour
refouler les soldats nécessiteux
hors de la péninsule. La Gaule
transalpine servit ainsi d’exu-
toire aux anciens militaires
venus de Rome ou d’Italie. Fait
remarqua ble : nombre de ces implantions colo-
niales sont dues à César. Le dictateur initia une
véritable politique d’ouverture à l’égard des pro-
vinces. Non seulement il accorda la citoyenneté à
des soldats étrangers ou à des cités «méritantes»


  • telles Arles ou Séville, toutes deux devenues
    romaines en 45 av. J.-C –, mais il ouvrit également
    l’ordre sénatorial à des individus d’origine étran-
    gère. C’est au vainqueur de Vercingétorix que l’on
    doit l’arrivée au Sénat de Gaulois mal dégrossis ou
    jugés comme tels. Deux siècles plus tard, en 212,
    l’édit de Caracalla octroyait la citoyenneté à tous
    les hommes libres du monde romain, riches ou
    pauvres. L’intégration des provinces avait alors
    franchi un nouveau cap. C
    De Agostini/Leemage CHRISTÈLE DEDEBANT


GEO HISTOIRE 85
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