Le Monde De La Photo N°116 – Juin 2019

(Chris Devlin) #1

(^26) I LE MONDE DE LA PHOTO
ÉVÉNEMENT
se sont lancés, sans avoir au minimum
parcouru les menus à la recherche des
options de personnalisation. Quitte
à subir certains désagréments sans
tenter de les contourner. Sans doute
le comportement d’une majorité
de photographes qui devrait inciter
Canon (et les autres !) à moins d’emphase
dans l’ajout incessant d’options. Par
exemple, Raphaëlle qui travaille en
mode M, s’est contrainte à passer par
un écran pour gérer l’exposition, les
molettes ne lui offrant pas par défaut
l’accès au couple vitesse/ouverture.
Et aucun des lecteurs ne s’est servi de
la si pratique bague paramétrable des
objectifs ni de la controversée barre
tactile de l’EOS R. Ou n’a cherché à
voir si une option d’affichage pouvait
circonvenir certaines latences. Mais
pour l’épisode de nuit, Jean-Joaquim
a fouillé les menus, car les impératifs
de la prise de vue nocturne l’on forcé à
gérer certains paramètres. Ce qui ne les
a pas empêchés, paradoxalement, de
juger la prise en main plutôt intuitive,
Vincent ayant toutefois mentionné
qu’il « s’est senti un peu perdu dans les
fonctions Le plaisir d’usage est vite venu, ».
car l’AF est bluffant. Cet AF a suscité
quelques bémols, par exemple Raphaëlle
aurait aimé plus de réactivité sur des
sujets en contre-jour. Malgré les défauts
ergonomiques et une approche
minimaliste des boîtiers, Jean-Joaquim,
Raphaëlle et Vincent ont ramené
d’excellentes images. C’est un vrai
sujet de réflexion que de confronter
l’inutile complexité des appareils
à la réalité des usages.
BILAN
Le bilan des deux boîtiers est très positif
pour nos lecteurs, avec un gros bémol
sur l’autonomie de l’EOS RP. Ajuster
des paramètres, comme supprimer
l’antiscintillement ou l’affichage après
prise de vue aurait amélioré la situation,
car Jean-Joachim a subi une décharge
totale en deux heures de prises de vue.
Situation extrême, mais tous ceux qui ont
intensément photographié ont pu constater
qu’un second accu était indispensable.
L’usage du 50 mm (2 500  €) a été apprécié
pour sa qualité et sa grande ouverture.
Comme le 35 mm (590 €), plébiscité
par Vincent qui pratique la déambulation
urbaine pour photographier.
Pour Pascal Maître, « la grande force de
ces boîtiers est de travailler avec des Iso
extraordinaires. La montée en sensibilité
donne un bruit rond qui ressemble à celui
d’un film. L’autofocus en basse lumière
reste actif. On bascule dans un autre univers,
c’est un changement de monde complet
qui ouvre de nouvelles fenêtres. On peut
concrétiser le rendu que l’on a dans la
tête La qualité d’exposition, dans les ».
circonstances le s plus diverses, a étonné
tout le monde lors de l’examen des photos
prises par chacun. Notamment Pascal qui
a biberonné à la diapositive Kodachrome II
aux couleurs vives, « qui nécessitait de
se consacrer à l’exposition au détriment
de l’image et de la spontanéité Il faut ».
dire que la latitude d’exposition de cette
pellicule était minimale et un écart d’un IL
était trop, quand un bon capteur accepte
facilement 2/3 IL d’écart, le Raw 16 bits
offrant une bonne faculté de récupération
dans les hautes ou basses lumières. 
la ville, la photo est souvent une aventure
solitaire. L’une de jour, l’autre de nuit,
toutes deux agrémentées d’un orage et
d’une pluie diluvienne qui ont multiplié les
sujets : foule surprise par l’averse, reflets
sur le sol, jeux de parapluie... Cela ajouté
à une architecture et un environnement
d’une rare photogénie, avec des matières
et des couleurs incroyables, des touristes
en masse offrant autant de prétextes à
déclencher. Sans oublier les ruelles et
passages moins courus par la foule.
REGARDS SUR LES EOS R ET RP
Nos néophytes en hybrides ne sont
pas de geeks prêts à se précipiter dans
l’exploration des menus. Ils préfèrent
photographier au plus vite. Cela corrobore
ce que dit Pascale Maître en préambule
de sa masterclass : « Le public de
Venizia Photo est plus ouvert à la
photo qu’à la technique. Je préfère être
partenaire d’un lieu où l’on ne parle
pas de matériel et d’usage de Digital
Photo Professional (NDLR : le logiciel
Canon qui accompagne ses appareils). »
Leur approche incite à la modestie et
l’humilité, tant le testeur journaliste
qui fouille dans les menus que le
fabricant qui les multiplie à l’envi!
L’appareil en main, sans prise de
connaissance des spécificités opératoires
(et il y en a vu le nombre d’options de
personnalisation), nos trois impétrants
EOS R & EOS RP
BRÈVE PRÉSENTATION
Respectivement lancés en septembre 2018
et en février 2019, avec des capteurs de 30
et 26 Mpxl associés à la technique Dual Pixel
pour l’autofocus à détection de phase, ces
modèles ont été testés dans les numéros 110
et 114. Ils sont vendus nus pour 2 499  € et
1 499  € avec la bague adaptatrice de base.
Plutôt d’obédience experte, ils emploient la
nouvelle monture RF. Pour l’heure, le parc
optique est limité à deux focales fixes RF
50 mm f/1,2L et RF 35 mm f/1,8 IS, et à
deux zooms : un 28-70 mm f/2L et un 24-
105 mm f/4L IS, sans doute rejoint à court
terme par un 85 mm f/1,2L. Ces objectifs
sont munis d’une bague paramétrable pour
y affecter un réglage de son choix. Différents
adaptateurs servent à monter des objectifs
EF. C’est à l’occasion d’une expérience
digitale à paraître dans le numéro 117 que
vous découvrirez un test complet de l’EOS RP.
Photo
: Jean-Joaquim Crassous
 Exposition lente, ici 13s, avec l’appareil photo sur un trépied, a permis de flouter esthétiquement les gondoles,
Canon EOS R avec EF 16-35 mm f/2,8L II USM à 17 mm et adaptateur EF-RF, f/2,8, 13s,  200 Iso, -2/3 IL

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