Les Echos - 09.03.2020

(Steven Felgate) #1
propose d e réduire à l’aide de l’intel-
ligence artificielle (IA). Sa technolo-
gie explore virtuellement l’univers
quasi infini de la chimie pour imagi-
ner des nouvelles molécules de syn-
thèse et prédire leur efficacité.
Les t rois f ondateurs d e la start-up


  • Yann Gaston-Mathé (expert en
    data science), Nicolas Do-Huu (titu-
    laire docteur en IA) et Quentin Per-
    ron (docteur en chimie) – ont déve-
    loppé pour cela un algorithme
    utilisant les méthodes d’apprentis-
    sage en profondeur, plus connues
    sous l’expression « deep learning ».
    En somme, l e logiciel v a être capa-
    ble d’apprendre de ses succès et de
    ses erreurs, au fur et à mesure qu’il
    imagine des nouvelles molécules et
    les évalue. « Il pourra ensuite aller
    plus rapidement vers des solutions
    concrètes et délaisser celles ineffica-
    ces », ajoute Yann Gaston-Mathé.
    Surtout, estiment les fondateurs
    d’Iktos, leur technologie peut aider
    les chimistes à prendre en compte
    les très nombreux critères pour
    qu’une molécule soit considérée
    comme efficace. « Au départ, le labo-
    ratoire pharmaceutique identifie une


cible biologique », explique Yann
Gasthon-Mathé. Cela peut-être une
protéine que l’on veut inhiber, ou
bien booster... « La difficulté, c’est
que la molécule idéale doit pouvoir à
la fois remplir sa mission, mais ne pas
détruire tout le reste. On dit qu’elle
doit être sélective. » Par ailleurs,
ajoute le fondateur, « la molécule
doit être assez soluble pour passer
l’intestin, mais pas trop pour ne pas
perdre toute son efficacité quand elle
sera traitée par le foie ». Enfin, il faut
qu’elle se rende au bon endroit visé.

Collaborations
En intégrant les données du labora-
toire pharmaceutique sur la cible
biologique aux données de recher-
ches publiques déjà collectées par

Iktos, l’algorithme va imaginer
directement des molécules avec un
intérêt pharmaceutique.
La jeune pousse a prouvé l’effica-
cité de son concept à l’occasion d’un
partenariat avec Servier, mené en


  1. Le laboratoire pharmaceuti-
    que avait fixé une cible biologique et
    cherchait une molécule capable de
    remplir une dizaine d’objectifs pré-
    cis. « Ils nous ont confié leurs données
    avec lesquelles nous avons pu cons-
    truire le modèle génératif. De là, nous
    avons pu créer environ 150 molécules
    dites “bonnes” sur les dix objectifs »,
    raconte Yann Gaston-Mathé.
    Servier en a ensuite synthétisé 11
    et les a testées. « Une d’entre elles
    s’est révélée efficace sur les dix critè-
    res » déterminés par le laboratoire.


« Les résultats obtenus avec les molé-
cules proposées par Iktos sur un pro-
jet très difficile sont prometteurs »,
avait alors déclaré Françoise Gelli-
bert, directrice du pôle d’expertise
chimie du laboratoire français.
La jeune pousse collabore égale-
ment avec d’autres laboratoires,
comme le néerlandais Galapagos,
l’allemand Merck, le suisse Janssen
et l’américain MSD. Surtout, outre
qu’il a prouvé l’efficacité de son
concept, Iktos affirme avoir déjà
vendu sous licence son logiciel à un
groupe pharmaceutique, sans tou-
tefois préciser lequel.
L’entreprise d’une trentaine de
personnes, qui a déjà levé 3 millions
et demi d’euros auprès de business
angels, envisage un nouveau tour

de table de 10 millions en 2021 pour
poursuivre son développement.
Car ses fondateurs ont de la suite
dans les idées. Non contente d’avoir
développé un algorithme capable
d’imaginer des molécules, l’entre-
prise veut aussi proposer aux labo-
ratoires le mode d’emploi pour
fabriquer ses molécules. Comme
un véritable « meuble Ikea de la
molécule pharmaceutique ».

4
À NOTER
Une partie des événements
prévus lors de la semaine
consacrée à la Deep Tech
sont annulés ou reporté pour
cause de Coronavirus.

Enrique Moreira
@EnriqueMoreira


Il faut environ dix ans et pas moins
de 2,5 milliards d’euros d’investisse-
ment pour développer un nouveau
médicament, ont coutume de dire
le s laboratoires pharmaceutiques.
Rien que l a recherche d’une n ouvelle
molécule potentiellement efficace
peut prendre entre trois et cinq ans.
Un temps que la jeune pousse
Iktos, fondée en septembre 2016,


PHARMACIE


La jeune pousse
française utilise
un algorithme pour
imaginer de nouvelles
molécules chimiques
efficaces.


Elle est à l’honneur
dans le cadre de
la Deep Tech Week,
du 9 au 13 mars à Paris.


Iktos explore


l’espace


chimique


grâce à l’IA


Grâce à l’intelligence artificielle, Iktos peut prédire l’efficacité des molécules de synthèse qu’il imagine. Photo iStock

Pour les professionnels comme
pour les cavaliers, l’application est
gratuite. Chaque mardi, un rapport
est envoyé aux centres pour leur
proposer des améliorations. Pour
générer des revenus, Horse Repu-
blic s’appuie sur des annonceurs.
Ces derniers, une dizaine à date,
peuvent créer des publicités, pro-
duire des vidéos, générer des ventes
privées ou gérer leur présence sur
des événements en s’adressant
directement à leur clientèle.

Un modèle économique
à préciser
Encore naissante, la jeune pousse
envisage de faire évoluer ce modèle :
place de marché, plateforme de res-
sources, version premium payante,
ainsi qu’une messagerie interne à
l’appli, qui verra le jour dans les pro-
chaines semaines. Fort de son ré-
seau, l’entrepreneur avait démarré
son activité en levant 370.000 euros,
mais envisage sérieusement une
série A dans le courant de l’année :
« Il n’existe aucune autre app de la
sorte dans le monde, et nous devons
rapidement nous internationaliser
pour maintenir notre avance. Notre
contenu est déjà prêt en anglais. » En
ligne de mire et dans le désordre,
l’Allemagne, les Etats-Unis et la
Chine. Reste à déterminer quel sera
l’endroit le plus stratégique pour
s’imposer en leader mondial pour
les Jeux Olympiques 2024, point
culminant des sports équestres
auprès du grand public.n

en microns


Le coronavirus,
« cygne noir
de 2020 »
FINANCEMENT L’un des prin-
cipaux fonds d’investisse-
ment historiques de la Silicon
Valley, Sequoia, se prépare à
l’impact du coronavirus. Dans
une lettre intitulée « Corona-
virus: The Black Swan of
2020 », adressée aux fonda-
teurs et PDG des start-up de
son portfolio, le fonds écrit :
« Nous devons nous préparer
aux turbulences à venir et à
tous les scénarios possibles. »
Le VC a méricain prévient déjà
que certaines des entreprises
qu’elle soutient ne réaliseront
pas leur objectif pour le pre-
mier trimestre et préconise
quelques solutions : dépenses
du capital, nouvelle levée de
fonds, réduction d’effectifs...
Le tout avec une analogie
darwinienne : « Ne survivrons
pas les plus intelligents ou les
plus forts, mais ceux qui seront
capables de s’adapter. »

PayLead lève
6 millions d’euros

FINTECH La pépite parisienne
vient de boucler une série A
d’un montant de 6 millions
d’euros auprès d’Open CNP,
Side Capital et de quelques
business angels dont Hugues
Le Bret, fondateur de Compte
Nickel. La technologie de Pay-
Lead permet à ses clients
(e-commerçants, banques et
fintech) de créer des program-
mes de cashback sur la base de
l’analyse des transactions ban-
caires de leurs utilisateurs.
Avec ses fonds, Paylead va
recruter 20 personnes afin de
renforcer son outil et son con-
tingent commercial. L’ouver-
ture d’un bureau en Espagne
est également au programme
pour la start-up, qui revendi-
que 6.000 clients partenaires.

Guillaume Bregeras
@gbregeras

Ce n’est pas encore un galop, mais
déjà un trot bien soutenu. En un an,
l’application Horse Republic a su
trouver son public et cumule
23.000 cavaliers qui se retrouvent
pour noter les concours, échanger
des informations, et plus largement
organiser leur pratique de la com-
pétition hippique avec un outil
moderne. « C’est un milieu archaï-
que et plus du tout raccord avec la vie
quotidienne », lâche Florence Ama-
lou, fondatrice de la start-up. La
remarque peut paraître dure, mais
elle traduit la lenteur avec laquelle
ce milieu se digitalise, et les frustra-
tions qu’elle génère, notamment
chez les plus jeunes.
Avec 2,5 millions de cavaliers en
France, dont 665.000 licenciés,
9.000 structures disséminées sur le
territoire, les activités équestres
représentent un marché important,
estimé à 1,3 milliard d’euros annuels.
Pour les toucher, l’ancienne journa-
liste au quotidien « Le Monde », elle-
même cavalière, a choisi de s’atta-
quer à la face collaborative : « Nous
donnons la parole aux pratiquants de
manière structurée en leur laissant la
possibilité de donner un avis sur les
différents concours en France. » Ces
avis sont contrôlés et, sur les
3.600 commentaires publiés lors
des douze derniers mois, seuls 6 ont
été retirés. « Les organisateurs crai-
gnaient cet outil, mais depuis ils s’y
sont habitués et veulent davantage de
retours », assure Florence Amalou.

SPORT


L’application dédiée
aux concours compte
déjà 23.000 utilisateurs.

Elle prépare son
internationalisation
avec trois pays cibles :
l’Allemagne, les Etats-
Unis et la Chine.

Horse Republic impose son


appli dans le sport hippique


LA SEULEMARQUE DE LUXE


DISPONIBLE EN KIOSQUE.


Retrouvez le meilleur devotremagazine


sur lesechos.fr/serie-limitee/
Les chiffres clés

116.000
ÉPREUVES
sont organisées en France
chaque année.

25 %
DES CAVALIERS
pratiquent la compétition.

START-UP


Lundi 9 mars 2020Les Echos

Free download pdf