Les Echos - 02.03.2020

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24 // HIGH-TECH & MEDIAS Lundi 2 mars 2020 Les Echos


« C’est un peu
comme si
Google faisait
payer son
amende à ses
concurrents. »
GUILLAUME CHAMPEAU
Responsable des affaires
juridiques de Qwant

n
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LES ECHOS
FORMATION

Cette solution, présentée par
Google, est censée répondre
aux exigences de la Commis-
sion européenne. A l’été 2018,
l’antitrust européen avait
infligé une amende record de
4,3 milliards d’euros au groupe
américain pour abus de posi-
tion dominante avec son sys-
tème d’exploitation mobile
Android. Google a fait appel de
la décision mais doit néan-
moins changer ses pratiques.

Boycott et protestations
Le marché va donc s’ouvrir.
« Pour Qwant, cela peut vrai-
ment être un “game changer”,
se réjouit Guillaume Cham-
peau, responsable des affaires
juridiques du moteur trico-
lore. Les recherches sur mobile
sont bien plus importantes que
celles sur ordinateur. C’est un
réservoir de croissance très
important pour nous. »
Seulement le système des
enchères n’est pas du goût de
tous. Le moteur Ecosia les boy-
cotte. L’américain DuckDuck-
Go, qui a pourtant remporté la
mise dans toute l’Europe, a
aussi vivement critiqué le prin-
cipe. « En mettant en place des
enchères, c’est un peu comme si
Google faisait p ayer son amende
à ses concurrents, renchérit
Guillaume Champeau. La visi-
bilité d’un moteur de recherche
ne devrait pas être liée à sa capa-
cité à payer Google. »
La Commission européenne
a confirmé aux « Echos » avoir
discuté du système avec Goo-
gle. Ce qui n’équivaut toutefois
pas à un blanc-seing : « La
Commission est engagée à une
mise en œuvre pleine et entière
de la décision, souligne un por-
te-parole. Nous continuerons à
veiller de près à la mise en œuvre
du mécanisme de cette fenêtre
de choix. » —N. R. et S. Dum.

C’est un grand pas pour Goo-
gle, un petit pas pour la con-
currence. Depuis dimanche,
quand un consommateur
européen allume pour la pre-
mière fois un nouveau smart-
phone Android, il va voir s’affi-
cher une fenêtre lui proposant
de choisir son moteur de
recherche par défaut. Quatre
options lui seront offertes :
Google, inévitablement, ou
l’un des trois concurrents qui
auront gagné le droit de figu-
rer dans cette courte liste.
Dans chaque p ays de l’Union
européenne, cette liste diffé-
rera et dépendra des moteurs
de recherche qui se seront
manifestés auprès de Google et
qui auront remporté l’enchère
nationale organisée par le
groupe américain. En France,
les utilisateurs auront le choix
entre DuckDuckGo, Google,
Info. com et Qwant.
Le résultat des premières
enchères – valable quatre mois
avant un nouveau round – est
surprenant. Les américains
DuckDuckGo et le peu connu
Info. com seront présents par-
tout. Yahoo! est complètement
absent, Bing ne sera proposé
qu’aux Britanniques, le russe
Yandex le sera dans cinq pays
d’Europe de l’Est. Quant au
français Qwant, il a remporté
huit enchères, mais sera
absent d’Allemagne, un de ses
principaux marchés. C es résul-
tats sont le fruit d’un système
opaque dont l’on sait juste que
les trois moteurs de recherche
mieux-disants paieront in fine,
à chaque fois qu’un utilisateur
les sélectionnera, le montant
de... la quatrième enchère la
plus haute, c’est-à-dire la pre-
mière à n’avoir pas été retenue.

APPLICATIONS


Depuis dimanche,
les utilisateurs
d’appareils Android
en Europe se voient
proposer une fenêtre
de choix de leur
moteur de recherche
par défaut.

Les concurrents
critiquent le
système d’enchères
mis en place.

Android : Google


fait de la place


aux autres moteurs


de recherche


Le fonds Amber devient le premier
actionnaire de Lagardère

MÉDIAS A u capital de Lagardère, la montée de l’activiste Amber
Capital continue. D’après un avis publié vendredi par l’A utorité
des marchés financiers, le fonds d’investissement, en conflit
avec Arnaud Lagardère au sujet de la gouvernance du groupe
français de médias et de voyage, possède désormais 13,98 % du
capital de l’entreprise, contre 13,03 % pour le fonds souverain du
Qatar. En 2018, ce dernier avait invalidé les demandes du fonds
anglais. Mais il détient encore davantage de droits de vote.

en pixels


10

MILLIONS D’EUROS
Le budget que NJJ estime
nécessaire pour relancer
le groupe.

C’est l’aboutissement d’une
longue enquête du régulateur
sur les pratiques douteuses des
opérateurs en matière de partage
des données de géolocalisation
de leurs abonnés mobiles avec des
tiers. En janvier dernier, le prési-
dent de la FCC, Ajit Pai, avait indi-
qué qu’« un ou plusieurs opérateurs
mobiles avaient apparemment violé
la législation fédérale ». Ce n’é tait
donc qu’une question de temps
avant que la sanction ne tombe.

Absence de contrôles
Le sujet de l’accès frauduleux aux
données de géolocalisation des
citoyens américains, sans qu’ils en
soient informés, fait régulièrement
les gros titres de la presse améri-
caine depuis deux ans. Plusieurs
enquêtes ont révélé d’inquiétants
dysfonctionnements dans le par-
tage de ces informations sensibles
par les opérateurs télécoms.
Ces données sont revendues par
AT&T, Verizon, Sprint ou T-Mobile

à différentes sociétés, pour des
motifs qui peuvent être parfaite-
ment légitimes : faire des vérifica-
tions antifraude pour un marchand
en ligne ou bien localiser les victi-
mes d’un sinistre pour une compa-
gnie d’assurances automobiles
par exemple. Mais dans la longue
chaîne des intermédiaires qui
se revendent ces informations,
des acteurs peu scrupuleux ont pu
s’introduire sans que les opérateurs
ne fassent les contrôles nécessaires.
Au printemps 2018, un article du
« New York Times » détaillait com-
ment des officiers de police et des
détectives avaient pu localiser des
individus sans aucun mandat adé-
quat grâce aux données fournies
par un de ces intermédiaires. Ron
Wyden, un sénateur démocrate,
s’était alors saisi du sujet et avait
obtenu un engagement des opéra-
teurs qu’ils mettraient immédiate-
ment le holà. Mais en janvier 2019,
le scandale rebondissait. Une
enquête du site Motherboard révé-

reprendre entre 115 et 135 salariés du
groupe, sur les 235 qui étaient
employés par « France-Antilles ».
Le groupe veut conserver une
enveloppe financière pour recruter
à terme des profils à même de ren-
forcer le contenu éditorial et l’offre
de «France-Antilles» sur le numéri-
que. En tout, NJJ estime à près de
10 millions d’euros (en comptant le
coût des clauses de cession) le bud-
get nécessaire pour relancer le
groupe. L’Etat devrait également
participer dans le cadre de la pro-
cédure de redressement des entre-
prises de type Ciri (Comité inter-
ministériel de restructuration
industrielle). Mais ce montant n’a
pas encore été arbitré.
Pourquoi Xavier Niel s’intéresse-
t-il seulement aujourd’hui à «Fran-

ce-Antilles», alors que le groupe a
été placé en redressement judiciaire
en juin dernier? « On ne peut pas
laisser trois territoires français à des
milliers de kilomètres de la métropole
sans le lien sociétal ni l’information
qu’apporte un titre de presse quoti-
dienne régionale », ont fait valoir des
représentants de NJJ aux syndicats
du groupe cette semaine, via une
visioconférence.
Le groupe de Xavier Niel souhaite
conserver une parution quotidienne
pour l’édition papier, selon nos infor-
mations, afin que le lecteur conserve
un rythme et des repères précis
dans le temps. « C’est une offre assez
encourageante. Nous sommes ras-
surés sur le rythme de publication
car nous croyons en l’existence d’un
quotidien sur ces territoires », confie
une représentante du personnel.

Prochaine étape le 10 mars
NJ J ne s’interdit notamment pas
de réduire l a pagination. Le
groupe AJR Participations, dernier
propriétaire en date de «France
Antilles», souhaitait, l ui, en f aire d es
« trihebdomadaires » en vue de
limiter les coûts. Du côté des reve-
nus, le groupe s ouhaite notamment

s’appuyer sur la « marque » France-
Antilles pour développer l’activité
événementielle du groupe via
l’organisation de festivals ou de
concerts. NJJ espère faire renouer
«France-Antilles» avec la rentabi-
lité opérationnelle d’ici à deux ans
au maximum.
Lancé en 1964, ce groupe a été
le tout dernier vestige de l’empire de
presse de feu Robert Hersant. A l’ins-
tar de toute la presse quotidienne
régionale française, «France-An-
tilles» a beaucoup souffert financiè-
rement ces dernières années, voyant
reculer ses ventes papier ainsi que
ses recettes publicitaires.
En 2018, les pertes ont atteint
6 millions d’euros pour un chiffre
d’affaires de 28 millions ; «France-
Antilles» ne vendait plus que
25.000 exemplaires de ses trois
éditions quotidiennes en semaine
et 58.000 le week-end.
La prochaine audience du tribu-
nal de commerce de Fort-de-France
est prévue pour le 10 mars. A cette
date, «France-Antilles» pourrait
officiellement avoir un nouveau pro-
priétaire en la personne de Xavier
Niel. Ce dernier est déjà actionnaire
du «Monde» et de «Nice-Matin».n

Ni colas Richaud
@NicoRichaud

Le feuilleton «France-Antilles» se
poursuit. Ce lundi, Xavier Niel va
remettre au tribunal de commerce
de Fort-de-France son offre de
reprise du groupe de presse, qui
publiait trois quotidiens dans les
départements d’outre-mer (Guade-
loupe, Martinique, Guyane) avant sa
liquidation judiciaire fin janvier.
Certains aspects de l’offre restent
à affiner, mais les grands contours
de celle-ci ont été présentés aux syn-
dicats de «France-Antilles» en
milieu de semaine. Selon nos infor-
mations, la société NJJ, holding per-
sonnel de Xavier Niel, prévoit de

PRESSE


Selon nos informa-
tions, la société NJJ,
holding personnel
de Xavier Niel, prévoit
de reprendre entre
115 et 135 salariés
du groupe, sur 235.


Xavier Niel dépose son offre


de reprise de « France-Antilles »


Le groupe de Xavier Niel souhaite conserver une parution quotidienne pour l’édition papier. Photo Romuald Meigneux/Sipa


Géolocalisation : les opérateurs télécoms


américains menacés d’une lourde amende


lait qu’il était possible de géolocali-
ser le téléphone d’un Américain
lambda à quelques centaines de
mètres près, en payant 300 dollars
à un intermédiaire ayant accès
aux données des opérateurs.

Un montant « comiquement
inapproprié »
Je ssica Rosenworcel, une des
membres de la FCC, commentait
le mois dernier que c’était une
« honte » pour la Commission
d’avoir tant tardé à agir. « C’est
effrayant de penser à ce que le
marché noir pourrait faire avec
ces informations. »
L’annonce de l’amende pourrait
ne pas clore le débat. Ron Wyden a
qualifié le montant de « comique-
ment inapproprié », jugeant qu’il
« n’empêchera pas les compagnies de
téléphonie de bafouer la vie privée
des Américains la prochaine fois
qu’ils pourront se faire un peu
d’argent facile ».T-Mobile a déjà fait
savoir qu’il conteste la sanction.n

Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln


Les opérateurs télécoms amé-
ricains vont finalement se faire
copieusement taper sur les doigts.
Selon l’agence Reuters, la Federal
Communications Commission
(FCC) s’apprête à infliger aux quatre
grands acteurs nationaux – AT&T,
Verizon, Sprint et T-Mobile – une
amende cumulée de plus de
200 millions de dollars.


TÉLÉCOMS


La FCC devrait infliger
200 millions de dollars
d’amende à Sprint,
AT&T, Verizon et
T-Mobile pour avoir
partagé sans contrôle
les données de géo-
localisation de leurs
clients aux Etats-Unis.

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