Les Echos - 02.03.2020

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Les Echos Lundi 2 mars 2020 PME & REGIONS// 27


innovateurs


mais nous avons un plan A1, A2 ou
A3 pour que le projet se fasse », a
annoncé Nicolas Dugenetay, direc-
teur de l’usine de Solvay-Dombasle,
lors de la première réunion publi-
que sur Dombasle énergie en jan-
vier dernier. Conforme à la Loi rela-
tive à la transition énergétique pour
la croissance verte (LTECV), le pro-
jet doit pérenniser un site majeur,
tant pour l’industriel que pour le
bassin d’emploi.
L’usine produit chaque année
550.000 tonnes de carbonate et
bicarbonate destinés à l’industrie,
mais aussi aux usages alimentaires,
pharmaceutiques et de chimie fine,
et représente un millier d’emplois,
dont 500 emplois d irects. La hausse

prévisible des taxes sur les installa-
tions au charbon grèverait la com-
pétitivité du site.

Une ressource en tension
A l’étude depuis deux ans, le projet
repose sur la fourniture par Veolia
de 350.00 tonnes de CSR par an.
Solvay utilise déjà cette technologie
sur son site allemand de Bern-
bourg, mais se pose la question de la
disponibilité de la ressource, la
France ne produisant aujourd’hui
que 300.000 tonnes de cette
matière par an. « Le volume de CSR
prévu pour Dombasle Energie est
conséquent, mais cohérent avec les
objectifs de réduction de stockage
annoncés par l’Etat sur le Grand Est

judiciaire concerne les Ateliers Hes-
chung SAS, suite à une déclaration
de cessation de paiement et à une
procédure de sauvegarde touchant
la société Heschung SAS, qui assure
la commercialisation.
L’objectif est de permettre la pour-
suite de l’activité et le maintien de
l’emploi. « Je veux absolument
redresser les deux activités et que
l’outil de travail reste en Alsace »,
appuie Pierre Heschung, le prési-
dent du groupe. Heschung emploie
82 personnes en France pour un

chiffre d’affaires 2019 de 11,5 millions
d’euros, répartis entre l’atelier
de production à Steinbourg, le siège,
le magasin d’usine et l’entrepôt à
Dettwiller et les salariés des sept
boutiques situées à Paris, Lille, Bor-
deaux, Lyon et Aix-en-Pro-
vence. Une partie de la production
est externalisée en Hongrie.

No uvelle localisation en Italie
La restructuration s’appuiera
notamment sur la fermeture du site
hongrois où, souligne l’entreprise, la
filière cuir disparaît progressive-
ment, au profit d’une nouvelle locali-
sation en Italie. « L’objectif est de con-
server nos produits iconiques, dont on
ne veut pas externaliser la produc-
tion, dans notre atelier en Alsace, et de
nous rapprocher de notre partenaire
italien pour la fabrication d’autres
produits, notamment les sneakers »,

Coralie Donas
— A Strasbourg


Plus de quatre-vingts ans d’exis-
tence et un modèle à revoir. Le
chausseur Heschung, basé à Det-
twiller dans le Bas-Rhin, fait l’objet
de deux procédures décidées par la
chambre commerciale du tribunal
judiciaire de Saverne le 28 janvier.
Une procédure de redressement


GRAND EST


Le fabricant alsacien
de chaussures haut de
gamme, qui a un
atelier à Steinbourg
dans le Bas-Rhin, a été
placé en redressement
judiciaire.


tes les possibilités des techniques
d’animation. Géraldine Karolyi veut
changer cela. De formation classi-
que en arts graphiques, elle a déve-
loppé sa « fibre design » depuis une
vingtaine d’années, particulière-
ment en travaillant pour des chaînes
de TV. Nombre et concurrence obli-
gent, elles doivent de plus en plus se
créer une image et une identité gra-
phique qui permet de les identifier
au premier coup d’œil. De quoi fon-
der l’agence 17mars en 2003. « C’est
devenu une véritable agence en 2011-
2012 à partir du moment où j’ai
recruté », précise-t-elle. Ce savoir-
faire s’applique aussi aux mar-
ques. « Quand elles travaillent sur
leur identité, elles doivent penser en
même temps à la version écran en se

penchant sur des fondamentaux tels
que la typographie ou l’identité
visuelle. Or, ce n’est pas toujours le
cas », remarque Géraldine Karolyi.

« Le Bureau des légendes »
D’une logique expérimentale
incluant notamment lieux de vente,
écrans et réseaux sociaux, elle fait
naître un vocabulaire de marque
cohérent, depuis l’identité du pro-
duit jusqu’à l’é cran. « Concrètement,
cela peut se résumer en trois mots :
crédibilité, excellence et accompagne-
ment », poursuit la dirigeante.
Ses travaux s’appliquent tant à des
icônes du luxe telles que Chaumet
(LVMH, propriétaire des « Echos »)
ou Piaget, mais aussi à la série « Le
Bureau des légendes » ou l’identité

Date de création : 2012
Président-fondateur :
Maxime Delauney
Montant : 2,5 millions d’euros
Effectif : 19 personnes
Secteur : legaltech

Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes

Doctolib, Allodocteur, Docave-
nue... Le marché du rendez-
vous médical f ait toujours l’objet
d’une intense compétition. C’est
désormais le segment de l a prise
de contact entre justiciables et
avocats qui attise les convoitises
des legaltechs, telles Widr,
Meetlaw, Izilaw, Call a Lawyer.
Fondée en 2012, la société
nantaise Avoloi bénéficie d’une
certaine antériorité mais, con-
trainte d’accélérer son dévelop-
pement face à la concurrence,
elle vient de boucler sa pre-
mière levée de fonds à 2,5 mil-
lions d’euros auprès de West
Web Valley, Swen Capital Par-
tners et Naoleb. « L’objectif est
d’offrir un meilleur maillage du
territoire, d’étendre le réseau
d’avocats notamment sur des
secteurs atypiques du droit, et de

recruter en particulier des déve-
loppeurs, pour ajouter de nou-
velles fonctionnalités », explique
Maxime Delauney, qui a créé
Avoloi au sortir de ses études de
commerce. Il demeure majori-
taire à l’issue de l’opération et
fait entrer ses salariés au capital
à cette occasion.

Abonnement mensuel
Av oloi permet au justiciable de
trouver gratuitement, selon sa
problématique (travail, immo-
bilier, divorce...), l’avocat spé-
cialisé, géographiquement pro-
che et disponible. Le service
permet aussi au particulier de
bénéficier d’un diagnostic juri-
dique gratuit de 20 minutes,
pour une première approche
de sa situation. « Notre vocation
est de démocratiser l’accès aux
avocats, de lever les freins
notamment sur les t arifs, d e faire
savoir qu’ils ne sont pas réservés
à une certaine catégorie de per-
sonnes et permettent de sortir de
certaines impasses », insiste-t-il.
Aux avocats, Avoloi propose,
moyennant un abonnement
mensuel de 100 euros, un logi-
ciel intégré (type ERP et CRM),
comprenant un outil de suivi de
la relation client, de gestion, de
facturation et de transfert de
documents. L’entreprise génère
3.000 rendez-vous par mois et
fait état de 550 cabinets clients,
avec l’objectif de doubler ce
nombre en 2020. Son chiffre
d’affaires a franchi le cap du mil-
lion d’euros en 2019, en progres-
sion de 40 %. La France compte
près de 70.000 avocats, un mar-
ché considérable à conquérir.n

LA LEVÉE DE FONDS AVOLOI


Avoloi

2,5 millions d’euros pour


faciliter l’accès aux avocats


détaille Pierre Heschung. D’autres
pistes sont explorées, comme le ren-
forcement du site d’e-commerce.
Pour expliquer sa situation, la
société pointe les grèves et manifes-
tations qui ont eu lieu en fin
d’année 2018 et 2019 dans les centres
des grandes villes qui ont fait baisser
les ventes en boutique. Toutefois, la
conjoncture n’est pas seule respon-
sable. « Le business model doit être
revu », avance Pierre Heschung.
Dans le viseur, le développement
de l’export, essentiel pour les pro-
duits du luxe et qui représente seule-
ment 15 % du chiffre d’affaires
de l’e ntreprise. L’histoire de Hes-
chung a démarré en 1934 par la
fabrication de chaussures de tra-
vail, puis de chaussures de ski, et se
positionne depuis près de trente ans
sur le marché de la chaussure haut
de gamme.n

En difficulté, le chausseur Heschung


veut conserver sa production alsacienne


visuelle « spéciale fêtes de fin
d’année » de chaînes de France Télé-
visions. « Nous travaillons avec un
réseau de créatifs au top de l’Etat de
l’Art. Le fait d’être moi-même créa-
trice me permet de faire le lien avec le
client », poursuit Géraldine Karolyi.
Située au Pré-Saint-Gervais,
en Seine-Saint-Denis, sur un terri-
toire où marques de luxe et entrepri-
ses des métiers de l’image sont pro-
ches, l’agence emploie
12 collaborateurs et réalise un chiffre
d’affaires moyen de 1,3 million. Elle
sait aussi sortir de son territoire, que
ce soit pour prospecter en Californie
ou pour contribuer au groupe
Motion Plus Design qui réunit des
créateurs d’images animées de
Paris, Los Angeles et Tokyo. n

et les régions limitrophes », rétorque
Jérôme Auffret, directeur de projet
Energie de Veolia. Le groupe pro-
met la création de 200 à 250
emplois dans les activités de tri, de
préparation et de logistique.
La concertation a par ailleurs
mis en exergue une transition
fâcheuse : le charbon arrive
aujourd’hui à l’usine par wagons,
mais l’approvisionnement en CSR
se ferait par la route à raison de
70 camions par jour. Le dossier sera
déposé aux services de l’Etat en
mars pour une instruction qui
durera jusqu’en novembre. En cas
d’accord, la mise en service de
Dombasle Energie est envisagée au
second semestre 2022. n

Pa scale Braun
— Correspondante à Metz


Plus ancienne soudière de Lor-
raine, l’usine Solvay implantée à
Dombasle (Meurthe-et-Moselle)
depuis 1873, a joué la transparence
en dévoilant son projet de transi-
tion énergétique lors d’une concer-
tation publique du 20 janvier au
13 février.
Cet i nvestissement c onsé-
quent de 180 millions d’euros
compte remplacer, d’ici à 2022, les
trois chaufferies au charbon ali-
mentant actuellement le site par
une installation fonctionnant au
CSR (combustible solide de récupé-
ration). Alimentée par Veolia, cette
dernière assurerait une production
annuelle de 180 mégawatts par an,
tout en réduisant de 50 % les émis-
sions de CO 2. Le CSR provient des
rebuts du recyclage des déchets
ménagers. « Il n’y a pas de plan B,


GRAND EST


Le groupe belge porte
avec Veolia un projet
de chaudière à com-
bustibles solides de
récupération pour son
usine chimique de
Dombasle.


Cet investissement
de 180 millions d’euros
permettrait la conver-
sion énergétique du
site au mieux en 2022.


A Dombasle, Solvay compte


remplacer le charbon par le CSR


L’usine Solvay de Dombasle-sur-Meurthe fonctionne actuellement au charbon. Photo Solvay

L’agence 17mars met les marques


en mouvement


82

PERSONNES
Les effectifs de Heschung
en France.

(LCPB), du Laboratoire de spec-
trochimie infrarouge et Raman
(LASIR) et de l’université d’Aix-
la-Chapelle, viennent de
publier dans la prestigieuse
revue Angewandte Chemie
International Edition, les résul-
tats de leurs travaux. Ils ont mis
au point des catalyseurs solides
et poreux, capables de transfor-
mer, grâce à la lumière du soleil,
le CO 2 en acide formique, utili-
sable comme carburant pour
les piles à combustible.

Le CO 2 en méthanol
« C’est le résultat de trois années
de recherche en équipe, se réjouit
Jérôme Canivet. Il y a cinq ans,
nous avions déjà mis au point
avec le LCPB un système pour
transformer le CO 2 , mais il était
imparfait : il utilisait deux com-
posantes qui se désactivaient au
bout de quelques heures. »
Le nouveau système, en t héo-
rie, pourrait fonctionner en
continu. « Comme nous som-
mes dans un procédé à base de
solides, nous pouvons imaginer,
à long terme, de réaliser des dis-
positifs manipulables, comme
des films ou des panneaux qui
permettraient de capturer le CO 2
et de le transformer en acide for-
mique », espère Jérôme Cani-
vet. De même, les recherches se
poursuivent pour améliorer le
système, qui a besoin d’une
source d’électrons extérieure, et
pour transformer le CO 2 non
plus en acide formique mais en
méthanol, utilisable par
l’industrie chimique ou comme
combustible.n

LE PROJET IRCELYON


Jacques Henno
@jhennoparis

Se lon les scientifiques du GIEC,
le dioxyde de carbone (CO 2 ) est,
avec le protoxyde d’azote et le
méthane, l’un des principaux
gaz responsables de l’effet de
serre additionnel. La lutte con-
tre le changement climatique ne
passe pas seulement par la
réduction des émissions de CO 2 ,
mais aussi par la capture et le
stockage du gaz déjà présent
dans l’atmosphère. « Pour s’en
débarrasser, on peut aussi tenter
de le transformer en un produit à
valeur ajoutée pour la société »,
explique Jérôme Canivet, spé-
cialiste d e la catalyse pour la chi-
mie fine ou l’énergie, à l’Ircelyon,
l’Institut de recherches sur la
catalyse et l’environnement de
Lyon, mixte entre le CNRS et
l’université. La catalyse? C’est
l’action par laquelle une subs-
tance – le catalyseur – modifie la
vitesse d’une réaction c himique.
Justement, Jérôme Canivet
et son collègue, Florian Michael
Wisser, ainsi que des cher-
cheurs du Laboratoire de chi-
mie des processus biologiques

Un catalyseur qui changera


le CO 2 en carburant


DR

Dominique Malécot
@DMalecot


Les écrans sont partout et dans tou-
tes les poches, ou presque. Mais les
marques n’y sont pas toujours à leur
avantage faute de tirer parti de tou-


LA PME À SUIVRE
ÎLE-DE-FRANCE


Cette agence produit
des images animées
pour rythmer les pro-
grammes de télévision
et accroître la visibilité
des marques sur les
écrans de tout type.

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