20 |économie & entreprise SAMEDI 7 MARS 2020
0123
Sources :
Atlas environnemental des stations
de ski et des communes supports
de stations , Commissariat général
au développement durable, 2019 ;
Stationsfantomes.wordpress.com ;
Crédoc ; Pierre-Alexandre Métral ;
Domaines skiables de France ;
Cour des comptes 2018 ; Meteo
France
Infographie : Marianne Boyer,
Maxime Mainguet
et Floriane Picard
Domaines bénéciant d’un enneigement naturel
suisant pour la pratique du ski
(au moins cent jours par an) en 2018-
En cas de hausse
de 2 °C des températures
Haute-Savoie
35
19
42
18
12
38
Isère Savoie
Actuellement
d’ouverture minimum
sont nécessaires à la
viabilité économique
de l’exploitation d’un
domaine skiable
100 jours
64 jours64 jours 28 jours
Tendance
enneigement
- 2,44 °C
- 2,34 °C
3,44 °C 3,12 °C
2,75 °C
64 jours 28 jours
en 1960 1989 en 2018
Enneigement du col de Porte, Alpes du Nord
(1 326 m d’altitude)
Nombre de jours avec un enneigement supérieur à 1 mètre
Températures, en °C
L’enjeu des cent jours
ENNEIGEMENT
ont avancé des problèmes
d’enneigement pour justier
de situations nancières
critiques depuis 1952
... 45
Sur 100
domaines
skiables fermés...
1990 2000 2010 2019
20
30
40
50
60
Fréquentation des domaines skiables,
en millions de journées-skieurs
Emplois induits en station
(commerces, hébergements, écoles de ski,
services...) en 2018-
Les Alpes dominent le marché,
en % de journées-skieurs pour 2018-
Savoie
Isère-
Drôme
Haute-Savoie
Pyrénées
Autres (Vosges, Jura,
Massif central)
40
23
Alpes
du Sud
14
9
(^86)
millions de
journées-skieurs
vendues en France
pour la saison
2018/
Soit la troisième place
mondiale derrière
les Etats-Unis
(59 millions)
et l’Autriche
(54,1 millions)
53,
Alpes du Sud
90 000
15 000
10 000
5 000
Alpes du Nord
Pyrénées
Massif central,
Jura, Vosges
des Français partent
en vacances à la
montagne l’hiver.
Ils sont 17 % à partir
régulièrement en
vacancesà cette
saison
8 %
Un loisir qui emploie 120 000 personnes en France
ÉCONOMIE
Chamonix
Les Arcs
L’ Alpe-
d’Huez
Serre-
Chevalier
Montgenèvre
Le Lioran
Font-Romeu
Saint-Lary-Soulan
Super-Besse
Métabief
La Bresse
Gérardmer
Les Rousses
La Plagne
Pyrénées
20 %
Vosges
37,5 %
Massif
central
59 %
Jura
32,6 %
Alpes
35,3 %
Alpes
du Nord
Alpes
du Sud
Corse
Clermont-
Ferrand
Toulouse
Lyon
Grenoble
Col de Porte
FERMETURES
Les petites stations sont les plus touchées
294 ouvertes en 2017
173 fermées depuis 1952 Estimation
de la part des stations
fermées par massif
85,5 %
des stations qui ont fermé
depuis 1952 étaient
des petites stations
comptant 3 remontées
mécaniques ou moins
Altitude, en mètres
0 1 000 Supérieure à 2 000
XXX
XX %
Y compris sites ne proposant pas
d'hébergements ou ne disposant
que d'un nombre limité de
remontées mécaniques
Stations de ski :
en dessous de
1 300 mètres,
pas de salut
Le manque d’enneigement
oblige les domaines de
basse et moyenne montagne à
changer leur modèle économique
C
ette saison, la Croix de Bauzon n’a
pas vu un flocon. La petite station
de ski ardéchoise n’a pu ouvrir
qu’une semaine, et encore seule
ment avec de la neige de culture. « Les tempé
ratures étaient trop élevées », s’excuse pres
que Séverine Roux, responsable administra
tive de la station. Lundi 2 mars, la jeune
femme a vu tomber les premières neiges de
l’hiver. Plus à l’est, au Markstein (Vosges), la
situation est aussi désespérée. « C’est une très
très mauvaise saison », se désole Annick
Lutenbacher, présidente du Syndicat mixte
pour l’aménagement du massif du Mark
steinGrandBallon. Faute de neige, la station
« n’a pas fonctionné à Noël, seulement quel
ques jours en janvier, et a tourné au ralenti en
février, pourtant le meilleur mois avec trois
semaines de vacances scolaires. Celui ou,
normalement, nous faisons le chiffre d’affaires
de la saison », déplore la dirigeante.
Cet hiver trop doux et pluvieux frappe
directement à la caisse les stations de basse et
moyenne montagne. Avec moins de
100 000 euros de chiffre d’affaires, le Mark
stein est loin de son économie habituelle. Les
bonnes années « on est plutôt entre
500 000 et 750 000 euros », explique Mme Lu
tenbacher. Si « elle reste optimiste pour le ski »
dans les années qui viennent, la responsable
a fait une croix sur l’hiver 2020. « Même si les
conditions sont à nouveau bonnes avec de la
neige, les gens ne reviendront pas. C’est trop
tard dans la saison! », se désespèretelle.
Pourtant, les petites stations tentent de diver
sifier leurs activités. Le Markstein propose de
puis 2015 de la luge sur rail tandis que la Croix
de Bauzon a déjà prévu « des réunions au prin
temps », après la saison, pour « mener une ré
flexion » sur son avenir.
HÉCATOMBE
Cet hiver, le Markstein et la Croix de Bauzon,
sont loin d’être les seules stations en diffi
culté. Une période noire pour quelques noms
historiques des sports d’hiver. Céüze, dans les
HautesAlpes, très prisée des skieurs mar
seillais, a fermé définitivement ses remonte
pentes en février, tandis que la station du
MontDore (PuydeDôme) a été placée en re
dressement judiciaire lundi 2 mars.
Cette hécatombe n’est pas pour étonner
JeanLuc Boch, maire de La PlagneTarentaise
et président de France Montagnes, l’associa
tion qui regroupe les principaux acteurs du
tourisme de montagne dans l’Hexagone.
« Les stations en dessous de 1 200 à 1 300 mè
tres d’altitude doivent renouveler leur modèle
économique », indique l’édile. Selon lui, « Il
faut arrêter de vouloir implanter des canons à
neige là où ce n’est pas viable dans le temps ».
Avec le réchauffement climatique, conseille
til, « ce n’est pas la peine de faire une course à
l’armement si on est à 1 000 mètres d’altitude ».
En clair, rien ne sert d’investir lourdement
pour s’équiper si les flocons ne sont plus au
rendezvous. D’expérience, il faut au mini
mum cent jours d’ouverture pour qu’un
domaine skiable soit viable. Même dans ses
meilleures années, le Markstein reste en
dessous de ce seuil.
Faute de neige, le ski se concentre de plus
en plus dans les Alpes du Nord. Elles génè
rent à elles seules « 75 % des 10 milliards
d’euros de chiffre d’affaires annuel des sports
d’hiver », admet le maire de la PlagneTaren
taise. Le reste des massifs se partagent la por
tion congrue : 10 % pour les Pyrénées et les
Alpes du Sud et 5 % pour le Massif central, le
Jura et les Vosges.
guy dutheil