Le Monde - 05.03.2020

(Tina Meador) #1

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DOSSIER
LE MONDE·ARGENT
JEUDI 5 MARS 2020

L


e succès se confirme pour
Lyxor AM, qui remporte le
Prix de la meilleure société de
gestion française dans la caté­
gorie de 101 à 200 fonds, pour la
deuxième année consécutive. Une
bonne nouvelle pour la filiale de la
Société générale. « Ce prix récom­
pense le modèle de gestion de Lyxor,
avec notamment ses deux expertises
fortes : d’un côté la gestion indicielle,
de l’autre la gestion active non tradi­
tionnelle recherchant la performance
absolue », se réjouit Arnaud Llinas,
responsable de la gestion indicielle et
ETF (fonds indiciels cotés), pesant
78 milliards d’euros fin 2019, à la troi­
sième place du marché européen
derrière iShares (BlackRock) et Xtrac­
kers (Deutsche Bank).
Pourtant, si les performances sont
au rendez­vous, l’année 2019 se ré­
vèle en demi­teinte pour Lyxor en
termes de collecte. Alors que le mar­
ché européen des ETF a collecté
100 milliards d’euros l’an dernier,
pour atteindre 870 milliards d’euros

d’encours, Lyxor enregistre une
décollecte nette de 2 milliards d’euros.
« A l’échelle européenne, les flux de
souscription se sont principalement
portés sur des produits obligataires,
alors que Lyxor est historiquement
plus présent sur les actions européen­
nes. Celles­ci ont décollecté dans la
première partie de 2019 avant de
fortement rebondir en fin d’année »,
précise Arnaud Llinas.

L’encours, un enjeu majeur
Mais la vraie bonne surprise de ces
derniers mois reste l’essor des ETF
d’investissement socialement res­
ponsable (ISR), dont les encours ont
doublé en Europe pour atteindre
30,5 milliards d’euros. Lyxor se posi­
tionne pour profiter de cette ten­
dance de fond. La maison propose
une dizaine de produits de ce type, to­
talisant 2 milliards d’euros d’encours,
à la fois sur des indices globaux,
mais surtout sur des thématiques
comme l’égalité hommes­femmes en
entreprise, les Green Bonds et les

énergies alternatives. « La transition
climatique va être un moteur de déve­
loppement commercial. Ce thème
devient stratégique pour les sociétés
de gestion, qui vont chercher à mesu­
rer l’impact carbone de leurs porte­
feuilles. Lyxor va accélérer son posi­
tionnement sur ce thème », confirme
Arnaud Llinas.
Au­delà de ce projet, l’année 2020
sera consacrée à la finalisation de la
rationalisation de la gamme d’ETF
suite au rachat, en 2019, de l’activité
ETF de l’allemand ComStage (Com­
merzbank). « Cela représente une cen­
taine de produits, qui s’ajoutent à
nos 200 ETF. Il faut fusionner certains
produits, en fermer d’autres afin d’at­
teindre un peu plus de 250 ETF envi­
ron », ajoute Arnaud Llinas. Objectif :
supprimer les doublons et les fonds
dont l’encours ne décolle pas.
Car l’encours est un enjeu majeur à
la fois en termes de profitabilité
pour Lyxor et de liquidité pour les
investisseurs. Ainsi, Lyxor compte
une douzaine de produits dont l’en­

cours dépasse le seuil symbolique
du milliard d’euros, le record reve­
nant à l’ETF sur le SP 500 américain,
à plus de 10 milliards d’euros.
Lyxor AM propose aussi une ges­
tion active pesant au total 70 mil­
liards d’euros, dont 2,6 milliards col­
lectés en 2019. « Nous offrons deux
types de gestion diamétralement
opposés : d’un côté la gestion indi­
cielle, dont la mission est de répliquer
les indices de marché ; de l’autre la
gestion active qui cherche à les bat­
tre. Ces deux activités sont essentiel­
les à notre développement », note
Arnaud Llinas.
La société de gestion distribue éga­
lement des produits alternatifs de
grands noms des hedge funds (des
fonds spéculatifs) dans les meilleures
conditions de liquidité et de transpa­
rence pour le client. Lyxor a ainsi
lancé fin septembre un produit fi­
nancier en partenariat avec Brid­
gewater, dont la collecte dépasse déjà
1,3 milliard de dollars.
AGNÈS LAMBERT

Lazard Frères


s’affranchit


des modes


B


elle moisson de prix pour Lazard
Frères Gestion au sein du classe­
ment Fundclass 2020! La mai­
son de gestion française, filiale à
100 % du groupe américain Lazard, ré­
colte deux récompenses : celle de la
meilleure société de gestion européenne
(dans la catégorie de 71 à 100 fonds, cal­
culé sur trois ans) et le trophée qui valide
la régularité de ses performances sur
sept ans. En 2019, déjà, la maison épin­
glait ces prix à son palmarès. Créé en
France en 1995, Lazard Frères Gestion
pèse 25 milliards d’euros, ce qui repré­
sente pas loin de 10 % de l’activité de ges­
tion d’actifs du groupe. La société gère
dans l’Hexagone toutes les classes d’ac­
tifs, y compris les actions américaines et
japonaises. Seule exception : les marchés
émergents, pour lesquels elle recourt
aux ressources de sa maison mère par la
structure Lazard Asset Management.
L’équipe de gestion est particulière­
ment étoffée sur les actions européennes,
avec des expertises distinctives sur les
entreprises scandinaves et sur les petites
valeurs. Côté obligations, Lazard est spé­
cialisée sur le crédit, c’est­à­dire la dette
d’entreprises, et le crédit financier. « Le
cœur de notre philosophie, quelle que soit
la classe d’actifs, c’est d’être proche des
entreprises, résume Régis Bégué, respon­
sable de la gestion actions. Ainsi notre ges­
tion est résolument “bottom­up”, c’est­à­
dire que nous partons de données chiffrées
sur les entreprises pour évaluer le potentiel
de création de richesse pour les actionnai­
res. Les éléments de macroéconomie, nous
en tenons compte en les intégrant dans les
prévisions de résultats des sociétés. »

Investisseur de long terme
Cette approche conduit le gestionnaire à
passer au travers des effets de mode.
« On ne raisonne jamais à partir d’une
thématique d’investissement, car cela dé­
bouche sur des bulles », poursuit Régis
Bégué. Dans la même veine, il est un in­
vestisseur de long terme, qui sait tenir
ses convictions lorsque le contexte de
marché se durcit. « Il est tentant de chan­
ger ses méthodes lorsque les fonds sous­
performent, mais nous sommes convain­
cus que sur la durée nous sommes récom­
pensés », conclut le gérant.
Pour 2020, Lazard Frères Gestion reste
positif sur les actions, qui offrent un bien
meilleur rendement que les obligations.
« Les actions peuvent paraître fortement
valorisées, mais cela dépend du ratio de
prix que l’on regarde. Nous pensons qu’il
reste du potentiel, d’autant que le marché
est divisé entre des valeurs qui sont très
chères, comme la technologie, et d’autres
qui sont au contraire ultra­décotées. » Plu­
sieurs risques sont néanmoins surveillés
de près : une possible récession aux Etats­
Unis, l’impact du coronavirus sur l’écono­
mie mondiale ainsi que la transforma­
tion numérique, à la fois source de mena­
ces et d’opportunités.
Côté développement, « l’ESG [critères
environnementaux, sociaux et de gou­
vernance] sera pour nous une compo­
sante essentielle cette année », confie
M. Bégué. Actuellement, ces critères sont
intégrés dans la totalité des gestions,
mais un seul fonds actions possède le
label ISR Public, Lazard Equity SRI.
Un second devrait le rejoindre en 2020,
ainsi que les fonds patrimoniaux de la
gamme. « La prise en compte de ces critè­
res n’est pas un fait nouveau pour nous,
précise M. Bégué. En particulier, le risque
environnemental est intégré dans la valo­
risation des sociétés. Mais cette année
nous souhaitons davantage exposer ce
que l’on fait dans ce domaine. »
A. FU.

La société de gestion affiche de


solides résultats. Son credo : tenir


ses convictions dans la durée


« Nous recherchons les marathoniens


de la Bourse, pas les sprinters »


Entretien avec Arnaud Cosserat, président de Comgest, lauréate d’un trophée Fundclass


pour la régularité de sa gestion sur sept ans


C


omgest fête cette année ses
35 ans avec 33,1 milliards
d’euros d’encours, pour
moitié en actions des mar­
chés émergents et pour moitié sur
les pays développés. Son président,
Arnaud Cosserat, commente cette
exceptionnelle longévité.

Comment analysez-vous
votre succès?
Nous sommes des gérants de long
terme et cet état d’esprit transparaît
à tous les niveaux : la fidélité fait
partie de notre ADN. Ainsi, 140 de
nos 185 salariés sont actionnaires de
la société. Cela crée une longévité
unique de nos gérants installés à Pa­
ris, Singapour, Tokyo et Hongkong.
Les investisseurs institutionnels
souscrivent nos fonds centrés sur
les valeurs de croissance pour le très
long terme, en dehors des modes de
marché. Enfin, nous sommes égale­
ment fidèles aux entreprises dans
lesquelles nous décidons d’investir.

Comment sélectionnez-vous
les titres en portefeuille?
Nous sommes exclusivement à la
recherche de valeurs de croissance et
de qualité, c’est­à­dire des entrepri­
ses capables de générer des croissan­
ces des bénéfices supérieures à la
moyenne dans la durée. Nous recher­
chons les marathoniens de la Bourse,
pas les sprinters. Cela passe par une
analyse fondamentale poussée et par
des études de terrain intensives.
Nous rencontrons les équipes diri­
geantes et le personnel opérationnel
mais aussi les clients et fournisseurs
des entreprises que nous étudions.
Reste à attendre, parfois plusieurs
années, le bon point d’entrée sur le
marché en termes de valorisation.

Comment prenez-vous les
décisions d’investissement?
Nos portefeuilles sont toujours très
concentrés, autour de 30 à 40 lignes.
Nous n’achetons un nouveau titre
qu’en cas d’unanimité de l’équipe. Il

ne s’agit pas d’une posture, mais
d’une réelle expérience de gestion.
Chacun se sert du cerveau des
autres gérants dans un but com­
mun : trouver des sociétés extraordi­
naires. L’intégration d’un nouveau
titre en portefeuille prend d’ailleurs
plusieurs mois.

Votre process de gestion n’a donc
pas évolué en 35 ans d’existence?
Nous recherchons toujours le même
type d’entreprises, mais les moyens
à notre disposition ont évolué. Notre
valeur ajoutée reste la connaissance
intime des entreprises dans lesquel­
les nous investissons. Mais les nou­
velles technologies nous ont bien
sûr permis de travailler autrement.
Depuis peu, par exemple, nous
réfléchissons à intégrer les données
non conventionnelles à nos analy­
ses : il peut s’agir de la façon dont les
entreprises sont perçues sur les
réseaux sociaux, ou encore de don­
nées sur l’utilisation des applica­

tions par les clients, qui nous in­
forme des tendances sur les modes
de consommation.

Quels sont vos projets?
Nous avons mis en place une équipe
relations investisseurs il y a seule­
ment dix ans. Notre base de clientèle
est déjà internationale, puisque la
France ne représente que 30 % de nos
encours sous gestion. Mais il nous
reste beaucoup à faire. De plus, nous
sommes très attentifs aux probléma­
tiques ESG (environnement, social et
gouvernance) dans tous nos porte­
feuilles. Nous sommes engagés dans
cette voie depuis toujours, car notre
approche de gestion axée sur les
valeurs de croissance de qualité pri­
vilégie par nature les pratiques com­
merciales et financières saines.
Enfin, Comgest se concentre
aujourd’hui exclusivement sur la
gestion actions, mais nous restons
ouverts à d’autres opportunités.
PROPOS RECUEILLIS PAR A. LA.

Où souscrire les meilleurs produits?


L


es grands groupes bancaires français possè­
dent tous une filiale consacrée à la gestion
d’actifs, qui les fournit en fonds d’investisse­
ment pour leur clientèle. Dès lors, difficile
d’accéder aux produits pilotés par d’autres mai­
sons au guichet de sa banque. Pourtant, en théorie,
à l’aide du simple code ISIN d’un fonds – code
d’identification d’une valeur boursière à l’échelle
internationale, son identifiant unique –, un client
peut demander à passer un ordre sur n’importe
quel support. En pratique, seules les banques de
gestion de fortune offrent ces services.
Pour enrichir son portefeuille des meilleurs or­
ganismes de placement collectif (OPC), qu’il
s’agisse d’un plan d’épargne en actions (PEA), d’un
compte­titres ou d’une assurance­
vie, il faut aller voir ailleurs. Les
enveloppes les plus denses en
choix sont à rechercher du côté des
distributeurs Internet, ce canal de
distribution offrant en outre des
tarifs imbattables.
Du côté de l’assurance­vie, le
contrat Linxea Spirit, assuré par Spi­
rica, donne accès à plus de 500 sup­
ports, par exemple. En outre, les
frais de gestion du contrat sur la
part des investissements risqués
sont limités à 0,50 % alors que le

marché tourne plutôt autour de 0,90 % à 1 %. Chez
Placement­direct, l’enveloppe Darjeeling ren­
ferme près de 1 000 fonds et affiche des tarifs à
0,60 % par an, par exemple. De nombreux cour­
tiers et banques sont présents sur le secteur, dont
Boursorama, Fortuneo, Assurancevie.com, Alta­
profits... Sur toutes ces enveloppes, les frais sur
versements sont à zéro.

Commissions de transactions gratuites
Même constat pour les PEA et les comptes­titres.
Les amateurs de gestion collective profiteront
d’une offre étendue chez les courtiers Internet,
qui permettent d’acheter la quasi­totalité des pro­
duits commercialisés en France. Des offres exis­
tent chez les banques en ligne,
comme Boursorama, Fortuneo ou
BforBank. Elles fonctionnent tou­
tes sur le même principe : le client
accède à une gamme vaste, jusqu’à
9 000 fonds chez Fortuneo, et une
sélection de produits est disponible
sans frais d’entrée.
Ainsi, chez Boursorama, l’offre 0 %
donne accès à plus de 1 000 sup­
ports qui bénéficient en outre de la
gratuité des commissions de tran­
saction. « Nous établissons cette liste
à partir d’une grille objective de fil­

tres comprenant l’ancienneté du fonds, sa taille, ses
performances, la valeur de la part, etc., et nous la
revisitons tous les trimestres, avec pour objectif de
sélectionner les meilleurs produits sur les différentes
classes d’actifs », explique Xavier Prin, le directeur
marketing de la banque en ligne. Même ligne di­
rectrice chez BforBank, où 2 000 OPC pilotés par
80 sociétés de gestion peuvent être achetés sans
droit d’entrée dont Comgest Monde, Echiquier
Agenor, Eurose, Fidelity Europe, Lazard Actions
Euro... Outre les banques en ligne, des pure players
dévolus au courtage en Bourse proposent le même
type de service : Bourse Direct (6 000 fonds éligi­
bles dont 500 à tarif négocié), Binck (550 fonds,
200 sans droit d’entrée)...
En résumé, l’offre ne manque pas! En revanche,
aucun conseil ne sera prodigué, même si la plupart
de ces acteurs disposent d’outils d’information en
ligne pour aider à la sélection des véhicules d’in­
vestissement. Mieux vaut néanmoins avoir quel­
ques connaissances en matière de produits finan­
ciers, et surtout du temps et de l’intérêt pour la
matière. A défaut, le recours à un conseiller en ges­
tion de patrimoine peut être envisagé. Etant rému­
nérés pour leurs conseils, ces intermédiaires sont
plus onéreux. S’y intéresseront les épargnants aux
surfaces financières importantes et aux probléma­
tiques patrimoniales complexes.
AURÉLIE FARDEAU

Pour profiter d’un vaste choix de produits, il faut aller chercher ailleurs que dans une banque
traditionnelle. Les distributeurs sur Internet offrent de nombreux supports à des prix imbattables

« Mieux vaut
avoir quelques
connaissances
en matière
de produits
financiers
avant d’acheter
en ligne »

Lyxor AM : des fonds indiciels cotés parmi les meilleurs


Le gérant de portefeuilles, filiale de la Société générale, est lauréat pour la deuxième année d’affilée


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