44 // Vendredi 21 et samedi 22 février 2020 Les Echos
AXA n’a toujours pas la vie boursière facile
avec les activités dommages de XL.
La vie est parfois mal faite, même pour un assureur de dommages. C’est jus-
tement l’année où AXA réussit à publier le ratio combiné – l’indicateur clé qui
rapporte les sinistres aux primes – le plus avantageux de sa période récente
en France (90,7 % contre 92,3 % un an plus tôt), tout en tenant le choc
au niveau consolidé (96,4 % contre 97 %) que son acquisition américaine XL
continue de refroidir son climat boursier (–3,5 %), juste au moment où les
investisseurs commençaient à se dire qu’ils avaient été trop frileux. L’objectif
de bénéfice opérationnel de XL pour 2020 est raboté de près de 15 %, pour
cause de réduction des expositions aux catastrophes naturelles. Il s’agit
de réduire la volatilité de ses résultats, ce qui pourrait être salué comme
du simple bon sens. Car les 200 millions en moins ne représentent que 3 %
du bénéfice opérationnel consolidé de l’année dernière, là où l’avantage
de diversification pour les fonds propres apporté par la réassurance reste
intact. Les supporters de Thomas Buberl pourront aussi se consoler au vu
des prises de bénéfices encore plus sérieuses qui ont accompagné les résul-
tats bien en ligne avec les attentes de CNP Assurances (–5,9 %%), le poids
lourd de l’assurance-vie. Reste que les investisseurs financiers vont devoir
jauger le nouveau patron de XL, Scott Gunter. Et se pencher sérieusement
sur le nouveau niveau normal des grands sinistres, au cas où la prudence
d’AXA voudrait dire que les tarifs de marchés sont un peu trop optimistes.
Refroidissement climatique
« La seule stratégie qui échoue est de
ne pas prendre de risque ». Si Mark
Zuckerberg de Facebook l’a souvent
dit, il était moins évident pour UBS
de le faire. Et pourtant, le choix
du directeur général d’ING – hors
du sérail – pour remplacer le grand
redresseur du leader de la gestion
de fortune Sergio Ermotti, a eu
l’heur de plaire aux investisseurs
mondiaux (+2,4 % pour UBS, +0,9 %
pour ING). Car sous la houlette de
Ralph Hamers, le géant batave a re-
monté la pente boursière plus vite
après le choc des « subprimes ».
Surtout, il est souvent cité comme le
réseau européen le plus déterminé
dans le tournant vers les nouvelles
technologies, quitte à assumer la
brutalité des baisses de coûts et des
fermetures d’agences. A l’heure où
les vieilles banques américaines se
voient en « tech company » – Mor-
gan Stanley rachète d’ailleurs le
courtier en ligne E -Trade – élargir
l’horizon au-delà des alpages et vers
les polders peut ainsi ressembler à
de l’audace calculée.
UBS prend un risque calculé en allant chercher chez ING son nouveau patron, Ralph Hamers.
Une excellente tension
La Bourse court après la transformation
de Schneider Electric.
« Les gens heureux n’ont pas besoin de se presser. » Mais en maratho-
nien accompli, Jean-Pascal Tricoire, le plus sinophile des patrons
du CAC 40, ne peut s’empêcher de faire mentir la sagesse millénaire
de l’ex-empire du Milieu. Une fois encore, le PDG de S chneider Electric
a surpris favorablement des investisseurs pourtant avertis par
le relèvement de ses objectifs l’été dernier, le quatrième en un an.
Le quadruple record de 2019 (en chiffre d’affaires, en résultat opéra-
tionnel ajusté, passant pour la première fois la barre des 4 milliards
d’euros, en bénéfice net et en cash-flow libre) s’est logiquement
complété d’un cinquième, celui du titre en Bourse. Celui-ci a franchi
sans hésiter le seuil symbolique des 100 euros (+5,95 % jeudi) devant
une cible pour 2020 également au-dessus des attentes. Depuis
que le numérique infuse de plus en plus profondément dans la gestion
de l’énergie des bâtiments et dans les automatismes industriels, chaque
exercice est l’occasion pour le champion mondial de la moyenne
et basse tension électrique de parfaire un modèle qui a dégagé chaque
année 0,7 point de pourcentage de marge ajustée supplémentaire
depuis trois ans. L’an dernier, la génération de flux de trésorerie
disponible a passé le cap des 3 milliards (3,5 milliards exactement).
Cette année, c’est la case de l’immunité face à la paralysie momentanée
de son deuxième marché, la Chine, qu’il faudra cocher.
// Budget de l’Etat 2020 : 39 9,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2. 47 9,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10 ,15 euros à partir du 01-01-202 0
// Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) :103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) :8,6 % au 3etrimestre 2019
// Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019
=
Les chiffres de l’économie
Mercato tech sans frontières
crible
EN VUE
Jul
B
eaucoup auront appris son
existence, question de généra-
tion, en même temps que la
nouvelle selon laquelle Jul, de son vrai
nom Julien Mari, serait le plus gros
vendeur du rap en France. Et même
qu’il aurait écoulé plus de disques que
le défunt roi du rock, Johnny Hally-
day, sur les dix dernières années – soit
environ 3,5 millions d’albums. Il faut
dire que ce trentenaire coiffé comme
un footballeur, né dans la cité Louis-
Loucheur à Marseille, a pris l’habi-
tude de publier ses albums deux par
deux, l’un gratuit, l’autre payant. Le
label qu’il a créé après s’être séparé de
Liga One Industry annonce d’ailleurs
la couleur : il s’appelle « D’or et de pla-
tine ». Renvoyé d e son école sans avoir
eu le temps de passer son BEP com-
mercial, le futur artiste a travaillé avec
son père sur des chantiers de cons-
truction de piscines avant de se jeter
dans le grand bain de la chanson.
Quand ce fan de l’OM dont le dieu est
Zidane se produit sur scène, c’est
généralement dans un stade ou une
mégasalle qui affichent complet à
peine la billetterie ouverte. Son public
ne lui en veut pas de ses fautes d’ortho-
graphe et de grammaire, qu’il recon-
naît faire en grand nombre – c’est sa
marque de fabrique de gosse des
rues –, trop content de sautiller s ur ses
airs aux rythmiques aguicheuses et
aux mélodies répétitives. Parfois, on
apprend dans les journaux que le sou-
riant « ambianceur » de la Canebière
a eu quelques ennuis avec la police
pour avoir roulé au volant de sa Mer-
cedes à plus de 160 kilomètre/heure
accompagné d’un passager armé
transportant du cannabis. Il est pour-
tant la preuve qu’on peut connaître un
succès hallucinant sans vraiment de
substance.
La Bourse de Paris se replie
- La Bourse de Paris a clôturé sur
un recul de 0,80 %, à
6.062,30 points, dans un volume
de 4 milliards d’euros. Le CAC 40
avait f ini en hausse de 0,90 % mer-
credi. Ailleurs en Europe, la
Bourse de Francfort a cédé 0,9 %
et la place de Londres a perdu
0,27 %. Les Bourses de Milan et
Madrid ont clôturé sur des baisses
de 1,5 %.
Aux Etats-Unis, Wall Street évo-
luait en repli en début de journée.
L’indice Dow Jones cédait autour de
1 % et le Nasdaq, le marché des
valeurs technologiques, abandon-
nait 1 ,3 %. Richard C larida, membre
de la Réserve fédérale, a estimé
dans une interview à la chaîne
CNBC q ue la crise du coronavirus va
avoir « un impact notable sur la
croissance chinoise », au moins au
premier trimestre. Cela pourrait se
répercuter sur les entreprises amé-
ricaines se fournissant en Chine,
a-t-il ajouté.
Du côté des valeurs françaises,
28 actions de l’indice CAC 40 ont
terminé la séance en repli. AXA a
en particulier perdu 3,47 %, du fait
d’un bénéfice inférieur aux attentes
des analystes. Hors du CAC 40, Era-
met a plongé de 13,67 %, après la
publication d’une perte nette de
184 millions d’euros en 2019. Air
France-KLM a perdu 3,49 % après
l’annonce d’un bénéfice en recul de
31 % l’année dernière.