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SAMEDI 22 FÉVRIER 2020
ÉCONOMIE & ENTREPRISE
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nos fournisseurs, les soustraitants
et les intérimaires. »
Les HautsdeFrance, qui assu
rent 40 % de la production natio
nale des trains, compte 14 000 sa
lariés dans la filière, répartis entre
les fabricants mondiaux de véhi
cules et plus de 250 fournisseurs
et soustraitants spécialisés. Ces
derniers peuvent être affectés par
la fusion. « Ils risquent des pertes
de chiffres d’affaires, puisqu’il n’y
aura plus qu’un seul donneur d’or
dre », estime M. Dardari. Les syn
dicats sont unanimes : sans le dé
tail du schéma industriel, impos
sible de quantifier l’incidence du
rachat sur les emplois. Or, rien ne
filtre sur la stratégie à venir.
« Marché en croissance »
Henri PoupartLafarge, le PDG
d’Alstom, a balayé toute inquié
tude, en expliquant que « l’esprit
de ce rapprochement n’est pas de
multiplier les restructurations et
les suppressions d’emplois, mais,
au contraire, d’être très offensif
pour développer le rail et répondre
à un marché en croissance ».
Mais, à la sortie de l’usine Bom
bardier de Crespin, les questions
sont nombreuses. « On est sou
cieux, car on n’a pas tous les te
nants et les aboutissants, résume
Anthony Malor, soustraitant
chez Bombardier et Alstom. Le
fait que les deux sites soient si pro
ches nous inquiète. » Alstom
PetiteForêt conçoit essentielle
ment des trains d’un niveau,
quand Bombardier Crespin fabri
que des trains de deux niveaux.
Jusqu’à présent, les deux usines
concurrentes ont chacune leurs
carnets de commandes, mais tra
vaillent aussi conjointement en
se partageant des contrats de mé
tros ou de trains à travers la créa
tion de consortiums.
Les constructeurs se partagent
aussi les intérimaires. « Je suis en
stress, déclare Laetitia, électri
cienne de 39 ans, sous le couvert
de l’anonymat. Je suis intérimaire
depuis 2004, avec sept contrats
chez Bombardier et deux chez Als
tom. Que vatil se passer pour
nous? » Les syndicats sont dans
l’incapacité de répondre aux an
goisses des salariés. « Personne ne
sait ce qui va être fait industrielle
ment avec cette fusion, regrette
Karim Khatabi, délégué SUD, syn
dicat majoritaire chez Bombar
dier. Je n’ai aucun élément, sauf des
« Quand
il y a fusion
et acquisition,
il y a souvent
de la casse... »
KARIM KHATABI
délégué SUD Bombardier
milliers de questions qui suscitent
de l’inquiétude. » Avant d’ajouter :
« Quand il y a fusion et acquisition,
il y a souvent de la casse... »
En attendant, le carnet de com
mandes de Bombardier est rempli
pour les quatre prochaines an
nées. Son voisin Alstom a, lui,
inauguré, fin janvier, un nouveau
bâtiment sur son site de PetiteFo
rêt pour accueillir son centre
mondial d’aménagement inté
rieur des trains. Pas de quoi rassu
rer les salariés. « Chez Alstom, on a
encore tous en mémoire la venue
de Bruno Le Maire, en septem
bre 2017, pour nous dire que tout al
lait bien se passer dans le cadre de
notre fusion avec Siemens », rap
pelle M. Dardari. Finalement, en
février 2019, la Commission euro
péenne avait refusé de valider
cette fusion. Les ouvriers n’ont
pas oublié. « On n’est pas des lapins
de six semaines, vous savez... »
laurie moniez
Les salariés d’Alstom et Bombardier inquiets
Dans le Nord, 3 500 salariés travaillent sur les sites des deux constructeurs ferroviaires, qui veulent fusionner
Vente d’Eurofighter :
l’Autriche exige réparation
Vienne veut qu’Airbus l’indemnise pour un
contrat contesté d’avions de combat en 2003
vienne correspondant régional
L
es milliards d’Airbus pour
tout le monde. Et rien pour
l’Autriche. » Sur son site In
ternet, l’ancien député écologiste
Peter Pilz, qui a fait de sa lutte
contre les avions de combat
Eurofighter vendus par Airbus à
l’Autriche en 2003 le combat de sa
carrière, résume le sentiment
qu’éprouve le pays après l’an
nonce de l’accord validé le 31 jan
vier entre l’avionneur et les
justices française, américaine et
britannique pour clore diverses
enquêtes pour corruption. Cet
accord prévoit qu’Airbus verse
3,6 milliards d’euros aux trois
pays en échange de l’arrêt des in
vestigations sur des commissions
versées en marge de plusieurs
contrats dans le monde.
Mais rien pour l’Autriche, alors
même que le contrat conclu
en 2003 entre Vienne et la filiale
Eurofighter d’Airbus prévoyant la
livraison de 18 appareils a servi de
pièce à conviction pour la justice
américaine. Depuis des années, il
existe des suspicions de commis
sions occultes versées en marge
de ce contrat, sans que la justice
autrichienne ne parvienne à éta
blir des faits pénalement répré
hensibles. Or, l’accord entre le
parquet américain et le construc
teur précise qu’Airbus reconnaît
avoir « versé, proposé ou donné
son accord pour payer des contri
butions politiques ou des commis
sions » pour un montant d’envi
ron 55 millions d’euros à « qua
torze personnes ou entités » en
Autriche.
Cette petite phrase a réveillé un
dossier de corruption qui empoi
sonne la vie politique depuis
quinze ans. En demandant la
« coopération complète d’Airbus »,
la ministre de la défense, la con
servatrice Klaudia Tanner, a an
noncé le 13 février son intention
de convoquer la direction de l’avi
onneur, pour demander des « ré
parations ». « Airbus va apprendre
à me connaître », atelle affirmé
sur un ton martial dénotant avec
la prudence historique du Parti
populaire autrichien (ÖVP), qui
était au pouvoir au moment de la
signature du contrat contesté. La
ministre voudrait aussi qu’Airbus
collabore davantage sur l’identité
de ces quatorze personnes et la
nature des paiements.
Même si leur nom est anony
misé dans l’accord rendu public,
la presse a identifié plusieurs
d’entre eux depuis plusieurs an
nées. Il s’agirait notamment de
l’entreprise de la femme du com
mandant des forces aériennes
autrichiennes d’alors, qui aurait
touché 87 600 euros, ou d’un an
cien lobbyiste d’EADS qui aurait
ensuite redistribué une partie des
commissions au Parti de la liberté
d’Autriche (FPÖ, extrême droite)
qui gouvernait en 2003 en coali
tion avec les conservateurs. Les
procureurs enquêtent depuis
plus de dix ans sur ces faits, dont
une partie a été classée sans suite
dans des conditions décriées. La
justice allemande a aussi imposé
une amende de 81 millions
d’euros en février 2018.
« Contributions politiques »
Mis en cause, Airbus a fermement
écarté la convocation. « Nous som
mes disponibles pour discuter »,
mais « pas dans le format » pro
posé, défend un porteparole alors
que la ministre voulait recevoir la
direction de l’avionneur au côté
des responsables de tous les partis
politiques. La réunion de jeudi
20 février, à Vienne, s’est ainsi fi
nalement tenue sans représen
tants de l’entreprise. A son issue,
Klaudia Tanner a expliqué qu’il
n’est pas normal « que des grands
pays soient indemnisés tandis que
des petits pays comme l’Autriche
soient laissés de côté » et menacé
implicitement de se débarrasser
prochainement des Eurofighter,
dont le dernier a été livré en 2009.
Sur le fond, le porteparole de
l’entreprise reconnaît qu’« Airbus
a omis de divulguer le versement
d’indemnités à des tiers en marge
de la vente des Eurofighter»
auprès du département de la jus
tice américain, comme l’oblige la
régulation sur le trafic d’armes.
Mais, selon lui, l’entreprise « n’a
pas reconnu que ces paiements
constituaient de la corruption »,
au sens du droit américain ou
autrichien. Cette analyse est réfu
tée par Peter Pilz : « L’accord parle
explicitement de contributions po
litiques, et, cela, c’est clairement il
légal en Autriche », affirmetil,
persuadé que le gouvernement a
désormais les mains libres « pour
renvoyer les Eurofighter et deman
der réparation ».
jeanbaptiste chastand
REPORTAGE
petiteforêt, crespin (nord)
envoyée spéciale
A
près l’annonce, lundi
17 février, par le français
Alstom d’un accord
pour racheter le cana
dien Bombardier Transport, les
3 500 salariés des sites ferroviaires
nordistes des deux groupes n’affi
chent pas le même enthousiasme
que Bruno Le Maire. « Un mariage,
c’est une manière de partager à
deux les problèmes qu’on n’aurait
jamais eus seuls », ironise Samir
Dardari, secrétaire CGT chez Als
tom à PetiteForêt, près de Valen
ciennes. Si le ministre de l’écono
mie et des finances se « réjouit
qu’Alstom, à travers l’acquisition de
Bombardier Transport, joue un rôle
de premier plan dans le renforce
ment nécessaire de l’industrie ferro
viaire européenne », l’ambiance
n’est pas à la fête dans les usines de
Bombardier, à Crespin, et d’Als
tom, à vingt kilomètres de là.
Dans un contexte de concur
rence internationale de plus en
plus dense, la naissance annon
cée du futur numéro deux mon
dial du matériel ferroviaire der
rière le chinois CRRC inquiète les
syndicats du Valenciennois, cen
tre de gravité de la filière en ré
gion, avec 60 % des emplois con
centrés chez Alstom et Bombar
dier. « On a découvert cet accord
préliminaire dans la presse, re
grette Laurent Lamiaux, délégué
CGT chez Bombardier Crespin. On
nous a dit qu’il n’y aurait pas de
soucis, mais on a des craintes sur
des doublons, notamment au ni
veau de l’ingénierie et de la R&D. »
Même inquiétude chez Alstom :
« La première préoccupation, c’est
l’emploi, ajoute Vincent Jozwiak,
délégué FO. Et pas seulement pour
les 2 000 salariés de Bombardier et
les 1 500 d’Alstom, mais aussi pour
Ratio de solvabilité II 198 % / + 5 pts
Notation ESG MSCI AAA
Chiff re d’aff aires 104 Md€ / + 5%
Résultat opérationnel par action 2,59 € / + 5 %
Dividende 1,43 € / + 7%
Résultats annuels 2019
CROISSANCE ET SOLIDITÉ POURAXA EN 2019
AXA réalise à nouveau une très bonne performance opérationnelle.
Toutes les lignes de métierset zones géographiquescontribuent à la
croissance.Le Groupe a accompli en 2019 des avancées significatives
dans la mise en œuvre de sastratégie et re nfor cé son leadership dans
la lutte contre le changement climatique.
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