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VENDREDI 13 MARS 2020 france| 15
Le PSG chasse la malédiction
en Ligue des champions
Battu à Dortmund, le PSG s’est imposé 20 dans un Parc des Princes à huis
clos. Le club est en quarts de finale pour la première fois depuis quatre ans
porteur connaît trop bien son
club. « Ça commence à sentir bon
mais je préfère ne rien dire, je re
tiens les erreurs du passé. » Mais
pas de sabordage cette fois
comme la saison dernière face à
un faible Manchester United,
quand les Parisiens offraient les
trois buts de la qualification aux
Anglais.
La seconde mitemps a été
moins maîtrisée que la première,
plus petit bras et avec un Kylian
Mbappé entré en jeu mais les jam
bes encore cotonneuses après
quatre jours à soigner une vilaine
angine. Mais l’essentiel est
ailleurs.
Cette qualification en quarts de
finale contre une puissance
moyenne de la Ligue des cham
pions n’est peutêtre pas un ex
ploit, mais les joueurs de Thomas
Tuchel sont allés la chercher avec
ce supplément d’âme qui leur a
souvent manqué. Unai Emery, en
traîneur malheureux de la « re
montada » contre le Barça, évo
quait en 2018 après son départ du
club des joueurs trop habitués au
confort « et pas assez préparés
pour souffrir ». Après la qualifica
tion, Tuchel a servi le discours
d’un groupe touché par les mo
queries servies par ces esprits
chagrins déjà ravis de voir le riche
PSG encore faire rire l’Europe du
football. « Les critiques ont été trop
dures et ça a touché l’équipe, dé
plore l’entraîneur allemand. La
meilleure chose à faire était de res
ter calme, de se reconcentrer, de se
rassembler. »
Joie presque déplacée
Onze hommes en colère contre le
reste du monde, cela n’a rien de
bien nouveau en football. Mais
dans le sport de haut niveau, la
psychologie ne s’embarrasse pas
toujours de subtilité ou de renou
vellement. Comme lorsque les Pa
risiens ont chambré après la vic
toire leur bourreau du match al
ler, le Norvégien Erling Haaland
(auteur des deux buts), en imitant
sa célébration de but en position
« zen ». Une façon de répondre à
ce qu’ils ont pris pour une cer
taine arrogance chez leurs vain
queurs d’alors.
Juste avant, ils sont tous tom
bés dans les bras les uns des
autres. Une joie belle, pure, mais
presque déplacée diront certains
pour une simple qualification en
quart de finale. Après tout, le vrai
plafond de verre du PSG reste la
demifinale qui résiste au club
depuis la prise de pouvoir du Qa
tar en 2011. « Même si on célèbre
cette qualification, ce n’est pas la
fin. C’est le début pour nous », as
sure l’arrière Thilo Kehrer. Même
discours chez son président. « On
a mérité de célébrer la qualifica
tion ce soir, mais on va penser aux
quarts maintenant », annonce
Nasser AlKhelaïfi.
Pour l’instant, le PSG ignore en
core le nom de son futur adver
saire, il ignore même s’il devra
encore subir – si huis clos oblige –
cette ambiance de match du di
manche matin entre deux équi
pes de district le long de la main
courante. Merveille d’acousti
que, le Parc des Princes résonne
mieux quand les supporteurs
sont à l’intérieur plutôt qu’à l’ex
térieur à regarder le match sur
leur téléphone avec un temps de
retard.
alexandre pedro
Vers un contrôle renforcé
des détenus pour
terrorisme après la prison
Les députés LRM Yaël BraunPivet
et Raphaël Gauvain ont déposé,
mercredi 11 mars, une proposition de loi
C’
est une nouvelle arme
juridique pour un arse
nal qui ne cesse de
s’étoffer d’année en année. Deux
ans et demi après avoir inscrit
une partie des mesures de l’état
d’urgence dans le droit commun,
la majorité s’apprête à voter de
nouvelles mesures antiterroris
tes. Cette foisci, il s’agit de régler
le problème de la sortie de prison
de détenus condamnés pour des
activités djihadistes ayant purgé
l’intégralité de leur peine, mais re
présentant toujours aux yeux des
services de renseignement un
danger potentiel.
La présidente de la commission
des lois de l’Assemblée nationale,
Yaël BraunPivet (LRM, Yvelines),
et son collègue Raphaël Gauvain
(LRM, SaôneetLoire) ont déposé,
mercredi 11 mars, une proposi
tion de loi visant à éviter les « sor
ties sèches » des terroristes incar
cérés, en créant des mesures de
surveillance pouvant s’étendre
jusqu’à vingt ans. Selon les deux
élus, relayant des chiffres du mi
nistère de l’intérieur, 531 person
nes étaient au 4 février emprison
nées pour des faits de terrorisme,
dont 43 seront libérées en 2020,
une soixantaine l’année suivante
et 46 en 2022. « Ce n’est pas une
mesure prise dans l’urgence, tient
à préciser Mme BraunPivet. Il faut
cependant protéger les Français
contre un danger qui existe
aujourd’hui, et un danger poten
tiel dans les années à venir. »
La proposition, révélée par Le Fi
garo, vise à autoriser le juge d’ap
plication des peines, sur réquisi
tion d’un procureur, à restreindre
les libertés de personnes con
damnées pour terrorisme après
leur sortie de prison si elles pré
sentent une « dangerosité carac
térisée par un risque élevé » d’un
nouveau passage à l’acte. Les dis
positifs sont inspirés des mesures
administratives existantes, héri
tées de l’état d’urgence : pointage
régulier au commissariat, port du
bracelet électronique ou de
mande obligatoire d’une autori
sation du juge pour tout nouvel
emploi ou lieu de résidence.
« Mesures de surveillance »
Le dispositif permettrait de pro
longer la surveillance pour des
périodes d’une année, renouvela
bles jusqu’à dix ans en cas de con
damnation antérieure pour un
délit, et jusqu’à vingt ans pour les
personnes ayant commis un
crime. Les mesures administrati
ves héritées de l’état d’urgence
sont, elles, théoriquement limi
tées à un an. « Il faut relever l’ex
ceptionnelle gravité des mesures
proposées, dont l’appréciation ne
repose pas sur des faits mais sur
une présomption de dangerosité
et de menace sur l’ordre public »,
alerte Vincent Brengarth, avocat
en droit pénal.
Soutenu par le gouvernement,
le texte est rendu public moins de
quinze jours après une proposi
tion proche portée par deux séna
teurs Les Républicains. Philippe
Bas, président de la commission
des lois du Palais du Luxembourg,
à l’origine de ce texte, se félicite de
« l’effet utile » du travail sénatorial,
mais appelle à la prudence sur
l’aspect constitutionnel : « Il faut
faire très attention quand on légi
fère pour des personnes qui ont
purgé leur peine et qui du point de
vue de la justice sont en règle avec
la société. Il ne peut pas s’agir
d’une nouvelle peine, mais bien de
mesures de surveillance, qui doi
vent être accompagnées de mesu
res de réinsertion. »
Le sénateur Bas appelle la majo
rité à s’emparer de la question de
manière globale en l’intégrant à
la réflexion sur le renouvelle
ment des mesures antiterroris
tes de 2017.
A l’époque, plusieurs disposi
tions de la loi pour la sécurité in
térieure et la lutte contre le terro
risme avaient provoqué un vif
débat pour leur caractère poten
tiellement liberticide – les fer
metures de mosquées, les péri
mètres de sécurité, les mesures
individuelles de contrôle admi
nistratif et de surveillance (les as
signations à résidence) et les visi
tes domiciliaires (les perquisi
tions). Elles avaient été adoptées
de manière temporaire jusqu’au
31 décembre 2020. Pour les pro
longer, la majorité doit donc pro
céder à un nouveau vote.
A gauche, on estime que la ma
jorité ne peut faire l’économie
d’un débat global. « En l’état, je ne
peux pas voter ce texte, explique
David Habib, député PS des Pyré
néesAtlantiques, et spécialiste
des questions de sécurité. C’est le
type même de sujet qui ne peut pas
être traité sur un coin de table par
un seul groupe parlementaire, il
faut un travail collectif avec tous
les groupes de l’Assemblée. »
Pour La République en marche,
la priorité est de parer au plus
pressé pour éviter les « sorties sè
ches », quitte à débattre des mesu
res antiterroristes de la loi pour la
sécurité intérieure et de la lutte
contre le terrorisme dans un
deuxième temps, malgré un
agenda parlementaire chargé. « Je
l’ai pensé comme immédiatement
opérationnel, pour les personnes
qui vont sortir de prison dans les
prochains mois », ambitionne
Mme BraunPivet.
Prévu pour un passage devant
les députés au début du mois de
mai, le texte va cependant être
examiné par le Conseil d’Etat. La
jurisprudence constitutionnelle
tendant à empêcher la rétroacti
vité des mesures privatives de li
berté, la haute juridiction admi
nistrative pourrait limiter l’ap
plication de la proposition de loi
aux personnes condamnées
après son entrée en vigueur. Cel
leci ne s’appliquerait alors pas
aux actuels détenus pour terro
risme. « Cette proposition reste
mesurée en confiant le prononcé
des mesures à une juridiction de
jugement, avec la présence de la
défense et d’un débat contradic
toire », assurent les auteurs.
Pour Mireille DelmasMarty,
professeure émérite au Collège
de France, il s’agit au contraire
d’un changement profond de
conception du droit, qui poursuit
son œuvre depuis la mise en
place de la rétention de sûreté
en 2008, avec des phases d’accé
lération à chaque attentat. « Ce
concept de dangerosité poten
tielle qui apparaît dans l’exposé
des motifs est inquiétant : on
passe d’une justice punitive à une
justice prédictive », notetelle,
soulignant au passage que cette
mesure marque aussi « l’échec de
la déradicalisation dont on nous a
tant vanté les mérites ».
simon auffret
et nicolas chapuis
Les joueurs du PSG célèbrent leur victoire devant des supporteurs massés aux abords du Parc des Princes, à Paris le 11 mars. UEFA/REUTERS
Le vrai plafond
de verre du PSG
reste la demi-
finale, qui résiste
au club depuis
la prise de
pouvoir du Qatar
en 2011
Prévu pour un
passage devant
les députés
au début du mois
de mai, le texte
va cependant
être examiné par
le Conseil d’Etat
NBA : Rudy Gobert positif au Covid-
Coup de tonnerre en NBA. La ligue nord-américaine de basket-
ball a annoncé, mercredi 11 mars dans la soirée, qu’elle suspen-
dait toutes les rencontres de la saison, après un cas constaté de
Covid-19 chez un joueur des Utah Jazz, qui a entraîné le report
du match prévu en soirée à Oklahoma City. Le joueur concerné
n’est autre que le pivot français Rudy Gobert. « Je viens de parler
au téléphone avec Rudy. Il va bien. Que personne ne panique »,
s’est voulu rassurant dans la soirée son coéquipier en équipe
de France, Evan Fournier, sur Twitter. La saison régulière de NBA
devait se poursuivre jusqu’au 15 avril, avant les playoffs puis les
finales début juin. La suspension de la NBA, populaire à travers
le monde, met un coup d’arrêt au sport nord-américain.
C’
est plus fort que lui.
Le Paris SaintGer
main (PSG) ne fait ja
mais rien comme
les autres clubs, surtout pas un
soir de huitième de finale retour
de Ligue des champions.
Il y a trois ans, il a défié les lois
statistiques, éliminé par le FC Bar
celone (16) quand sa victoire à
l’aller (40) lui donnait pourtant
100 % de chances de se qualifier
d’après tous les cas relevés par
l’Union des associations euro
péennes de football (UEFA). Mer
credi 11 mars avec leur victoire 2
contre le Borussia Dortmund, les
Parisiens ont retrouvé le chemin
des quarts de finale, plus reconnu
par leur GPS depuis 2016.
Mais pas seulement. Ils ont
aussi proposé un drôle de specta
cle, celui d’une équipe qui a at
tendu un match à huis clos (pour
cause de coronavirus) pour com
munier comme jamais avec ses
supporteurs. Loin des yeux, mais
très près du cœur et un peu des
tympans, plus de 3 000 d’entre
eux ont répondu à l’appel du Col
lectif ultras Paris à venir encoura
ger leurs joueurs depuis l’exté
rieur du Parc des Princes.
Ils ont chanté, encouragé,
poussé, allumé des fumigènes. Ils
ont même touché le défenseur
Layvin Kurzawa, venu prendre un
bain de foule au milieu d’eux
après la qualification. Pour un
bref instant, le Covid19 paraissait
bien loin et le respect des règles
sanitaires de base, encore plus.
Après la qualification, les
joueurs ont défilé au seul micro
de RMC Sport (seuls les médias
diffuseurs n’étaient pas concer
nés par le huis clos complet). Peu
importe la question, les réponses
ont pris la forme de remercie
ments en direction de leur public.
« C’est du jamais vu. Je n’avais ja
mais vu ça, en bégayait le capi
taine, Marquinhos, impérial à son
poste – retrouvé – de défenseur
axial. C’est dans la difficulté qu’on
voit les valeurs et la passion du
foot. C’est pour ça qu’on est là, pour
jouer pour notre amour, notre pas
sion, notre famille et pour eux
aussi. » Le président du PSG, Nas
ser AlKhelaïfi, est même sorti de
sa diète médiatique pour saluer
ceux qu’il considère comme « le
meilleur public du monde ».
A grande peur, grand soulage
ment et déclarations enflam
mées. Parce que oui, le PSG
a avancé la boule au ventre une
fois de plus, comme cet élève qui a
déjà « retapé » trois fois de suite à
ce stade de ses études.
Au match aller en Allemagne, le
PSG avait sombré. Dans le résul
tat un peu (défaite 12), mais sur
tout dans la manière et dans la
(non) gestion de crise. On a ainsi
vu un Thomas Meunier ignorer
être sous la menace d’une sus
pension en cas d’un nouveau car
ton jaune et Neymar afficher ki
los et états d’âme en trop devant
les caméras. Le Brésilien reproche
alors à son club de l’avoir mis
sous cloche après une blessure
bénigne, tant la peur d’une nou
velle blessure – au mauvais mo
ment – hantait les esprits.
Supplément d’âme
Alors Neymar a joué les exorcistes
et choisi une langue presque
étrangère pour lui : le jeu aérien. A
la 28e minute, sa reprise victo
rieuse de la tête sur un corner
d’Angel Di Maria a délivré le Parc
des Princes, du moins les quel
ques blessés ou suspendus du
soir, les Thiago Silva, Marco Ver
ratti ou Ander Herrera, qui for
ment un petit kop bruyant pour
son nombre. Le Brésilien est en
core l’étincelle pour l’action du se
cond but signé par Juan Bernat
(latéral gauche mais buteur sou
vent providentiel en Ligue des
champions) avant la pause.
Devant le Parc, Julien se ronge
tout de même les ongles. Ce sup