Coup de Pouce - (03)March 2020

(Comicgek) #1

Ma vie PERSO


Charles était gentil, doux et extrêmement
attentionné. Il me gâtait beaucoup.
Sincèrement, je pensais que j’étais tombée
sur la perle rare! «Si c’est trop beau pour être
vrai, c’est que c’est sûrement le cas! Le per-
vers narcissique observe l’autre, remarque
ses forces et ses faiblesses... Comme un agent
double, il va être très sensible à ses besoins
pour ne pas éveiller ses soupçons», explique
Pierre E. Faubert.
À l’époque, j’étais très occupée entre le
début de cette relation amoureuse, mes
études, mon emploi, ma famille et mes amis.
Malgré tout, j’ai commencé à trouver que
notre couple n’allait plus très bien. À trois
reprises, je me suis assise avec Charles pour
discuter de mes interrogations, surtout par
rapport à notre vie sexuelle un peu trop

j’ai perdu tous mes repères. Je ressassais les
mêmes pensées, je ne dormais plus... Je suis
tombée en arrêt de travail, anxiolytiques en
main, pour gérer la crise. En catastrophe, j’ai
quitté un Charles abasourdi – qui n’a d’ail-
leurs exprimé aucun remords –, et je me suis
lancée à la recherche d’un nouvel apparte-
ment. Incapable d’accepter notre rupture,
mon ex s’est mis à me harceler. J’ai dû le
menacer d’appeler la police pour qu’il me
laisse tranquille.
Ç’a été une période très sombre... Mon
entourage a enfoncé le clou sans le savoir. «Tu
n’as vraiment vu aucun signe?» Je m’en suis
tellement voulu de lui avoir fait confiance!
«C’est beaucoup plus facile de voir clair
quand on n’est pas impliqué émotivement...»,
souligne le psychologue.
Heureusement, j’ai
pu compter sur une
psychiatre extraordi-
naire. Je me suis aussi
mise à faire beaucoup
de sport pour me dé-
fouler. Multiplier les
stratégies de bien-être
m’a vraiment aidée à me
remettre de ma peine
d’amour, mais surtout
de la douleur de la tra-
hison. J’ai beaucoup tra-
vaillé pour rebâtir ma
confiance en moi et ma
confiance envers les autres. Un chemin pri-
mordial de reconstruction, selon Pierre
E. Faubert: «Notre intimité est tellement pré-
cieuse. Sans prêcher la méfiance, je recom-
mande la prudence. Avant de marcher sur un
lac gelé, on vérifie si la glace peut nous sup-
porter. Si l’on désire partager notre vie avec
quelqu’un, il faut faire de même.»
Quand le ciel m’est tombé sur la tête, j’ai
eu l’impression que je ne serais plus jamais
heureuse. À 32 ans, je suis la première sur-
prise de réaliser que c’est tout le contraire.
Je me sens mieux que jamais avec mon mari
et mes deux fils! Cette histoire ne m’a pas
détruite, et j’en suis très fière.

STÉPHANIE, 32 ANS, MÈRE ET FEMME ÉPANOUIE ET
AMOUREUSE. •

tranquille à mon goût. Chaque fois, mon
copain mettait son manque de désir sur le
dos des antidépresseurs, en m’assurant qu’il
m’aimait plus que tout.
Avec le recul, c’est ce qui me fâche le plus.
J’ai laissé la porte ouverte à une discussion
qui n’a jamais eu lieu pendant plus d’un an.
Je pensais sincèrement que notre relation
était sur la bonne voie et que le fait d’habiter
ensemble allait nous rapprocher. Il a fallu
que j’apprenne par l’autre femme, que
Charles avait toujours désignée comme étant
sa cousine, que mon amoureux n’était pas
celui que je croyais.
J’ai eu un choc horrible, tout comme son
autre conjointe qui a vu ses doutes se confir-
mer par notre discussion. Quand j’ai compris
qu’il lui avait aussi promis d’habiter avec elle,

«


Charles était gentil, doux


et extrêmement attentionné. Il


me gâtait beaucoup. Sincèrement,


je pensais que j’étais tombée


sur la perle rare!


(^) »
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MARS 2020

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