Coup de Pouce - (05)May 2020

(Comicgek) #1

K


arine ne voulait pas d’enfants. Elle avait trop
peur d’accoucher à cause de la douleur. «Je suis
douillette», admet la Gaspésienne de 44 ans.
Or Karine a rencontré l’amour dans la vingtaine, puis
elle est tombée enceinte. À l’hôpital de Maria, le plus
près de Carleton-sur-Mer, où elle habite, l’épidurale
n’était pas systématiquement disponible à l’époque.
Karine devait donc trouver une façon d’affronter sa
peur de la douleur... «J’avais entendu parler de cer-
tains dentistes qui arrachaient des dents sous hyp-
nose, se souvient-elle. Alors je me suis dit que ça fonc-
tionnerait peut-être aussi dans mon cas.» Elle a donc
suivi une formation d’autohypnose pour l’accouche-
ment – la méthode HypnoNaissanceMD – à Québec,
avec son conjoint. Depuis, Karine a eu non pas un,
mais deux enfants.
«Je ne peux pas dire que je n’ai pas ressenti de dou-
leur, mais c’était supportable. Pendant l’accouche-
ment, j’étais consciente de tout ce qui se passait, mais
mon esprit restait concentré sur le moment présent.
Je me sentais très calme, apaisée et en contrôle de
moi-même. Je n’avais qu’à laisser mon corps travail-
ler», raconte celle dont le deuxième accouchement a
fait l’objet du documentaire Accoucher en douceur, dif-
fusé à Canal Vie en 2011.

Mais qu’est -ce que l’hypnose au juste?
Une personne sous hypnose ne dort pas. Elle ne tombe
pas en mode veille non plus. Elle se trouve plutôt dans
un état de détente mentale, qu’on qualifie parfois de

«transe». «L’hypnose est une façon d’amener un état
modifié de conscience chez une personne, pour lui
permettre de mieux répondre à la suggestion», ex-
plique la psychologue et neuropsychologue Sophie
Roux, qui a intégré l’hypnose dans sa pratique profes-
sionnelle en 2014.
Cet «état modifié de conscience», nous l’avons
toutes déjà expérimenté lors d’une séance de médita-
tion ou de relaxation, ou tout simplement en étant
dans la lune. C’est dans cet état que l’hypnotiseur
cherche à amener la personne, grâce à diverses tech-
niques d’induction, comme la fixation sur un point,
sur un objet, sur une partie du corps, sur la respira-
tion ou tout simplement par la relaxation. Une fois
sous hypnose, on peut sentir son corps lourd ou en-
gourdi, ou avoir l’impression de flotter. On perd les
notions d’espace et de temps.
Même si l’hypnose est étudiée depuis plus de deux
cents ans, les scientifiques ont encore du mal à la défi-
nir ou, en tout cas, à la vulgariser, explique Mathieu
Landry, chercheur spécialisé en neurosciences de
l’hypnose au Département d’études cognitives de
l’École normale supérieure de Paris. «L’hypnose est
une procédure qui permet à un individu d’exploiter
ses propres capacités mentales, afin de modifier son
expérience du monde, tente-t-il de résumer. Elle
comprend d’une part l’induction, qui accroît la re-
laxation et l’absorption mentale, et d’autre part la
suggestion, qui vise à produire une réponse précise,
comme de réduire la douleur.»

ELLE N’A RIEN D’ÉSOTÉRIQUE NI DE PARANORMAL. AU QUÉBEC,
DES DENTISTES, DES MÉDECINS, DES PSYCHOLOGUES ET D’AUTRES
PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ L’UTILISENT RÉGULIÈREMENT. L’HYPNOSE...
ET SI L’ON AVAIT FERMÉ LES YEUX TROP LONGTEMPS SUR UNE APPROCHE
THÉRAPEUTIQUE POLYVALENTE, SÉCURITAIRE ET NON INVASIVE?
Par Amélie Cournoyer

L’hypnose :


UNE MÉTHODE QUI NOUS


VEUT DU BIEN


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MAI 2020

Ma vie | SANTÉ |

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