Coup de Pouce - (09)September 2020

(Comicgek) #1
De nature inquiète, j’ai la mauvaise habitude de me pro-
jeter dans les pires scénarios. Et cette fois, ceux-ci met-
taient tous en scène mon garçon de 12 ans. Se sentira-t-il
perdu? Sans ami? Seul pour dîner? Pire: intimidé, reje-
té? Comment se débrouillera-t-il avec le cadenas, la
carte d’autobus, l’uniforme, son horaire et les déplace-
ments d’une classe à l’autre?
C’est vrai, je l’avoue, je l’imaginais encore tout petit. Son
sac à dos était aussi lourd que mon cœur de mère: je le
percevais comme vulnérable, presque sans défense face
au monde impitoyable de l’école secondaire.

«Moi aussi, j’ai capoté», avoue Jacinthe Lemieux, mère
de Laurie, âgée de 13 ans. «Je ne la sentais pas prête et je
ne l’étais pas non plus.» Fille unique, Laurie a choisi une
école secondaire loin de son domicile, ce qui l’a forcée à
apprivoiser rapidement le transport en commun mon-
tréalais... et ses aléas. «Elle s’est égarée quelques fois, ra-
conte Jacinthe. Elle a appris par l’expérience. Même chose
pour la gestion de ses travaux et des différentes matières:
elle a navigué là-dedans par essais-erreurs. J’étais là pour
l’épauler et la soutenir, pas pour lui dire quoi faire.»

Voilà la clé, me semble-t-il: trouver sa juste place en
tant que parent. Accompagner sans contrôler. Après tout,
notre enfant prend son envol! «Il faut se faire confiance et
faire confiance à notre enfant, dit Amélie Seidah, psycho-
logue. L’entrée au secondaire comporte des éléments
d’incertitude et de belles possibilités d’épanouissement.»
C’est vrai qu’au fil des semaines, j’ai constaté que fiston
gagnait en indépendance, en autonomie et même en
confiance. Il était fier de lui, de faire ses propres choix et
de prendre ses responsabilités. J’ai décidé de rester proche,
à l’écoute, à observer – tout en me forçant à ne pas trop
intervenir! «La communication est importante, souligne
Mme Seidah. On peut demander à notre enfant comment
il voit sa rentrée scolaire, puis la suite des choses... Il y a
une période d’adaptation, de septembre à décembre.»
Le contexte de l’après-pandémie ajoute une part d’in-
certitude à une rentrée déjà particulière pour les élèves
qui arrivent au secondaire. Cela pourrait déstabiliser pa-
rents et enfants cette année. «Il faut éviter de dramatiser
la situation, conseille Amélie Seidah, et faire confiance aux
équipes de l’école. Et encore une fois, on reste à l’écoute
de notre jeune, sans juger et sans être intrusif.»
S’il n’existe pas de recette universelle pour bien ac-
compagner son enfant dans cette nouvelle étape, il m’a
semblé que nos valeurs familiales – le respect, l’ouver-
ture d’esprit, l’authenticité – nous ont aidés à la traverser
sereinement. En cas de doute, de crainte, de peur, c’est
vers elles que je me suis tournée.
Quant à fiston, il a bien réussi sa première année au
secondaire – et moi, j’étais contente d’avoir pris du recul
pour mieux le voir briller...
MAUDE GOYER EST JOURNALISTE ET MÈRE DE DEUX ENFANTS ÂGÉS DE
13 ET 10 ANS.•

LA GRANDE


J’AI MAL DORMI. J’AI PENSÉ AU PIRE,
APPRÉHENDÉ LE PREMIER DÉPART,
LE PREMIER JOUR. EST-CE QUE JE
PARLE DE LA FIN DU MONDE? NON.
JE PARLE DE L’ENTRÉE AU
SECONDAIRE DE MON ENFANT.
Propos recueillis par Maude Goyer | Illustration: Anne Villeneuve/c.

«
Au fil des semaines, j’ai

constaté que fiston gagnait


en indépendance, en autonomie


et même en confiance.
»

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rentrée


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SEPTEMBRE 2020
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