13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1
La propriété collective tradition-
nelle et l’utilisation durable des
ressources naturelles
Traditionnellement en Afrique, et au Sénégal
en particulier, la terre n’a jamais été une
propriété individuelle, même si son usage
individuel a été garanti et contrôlé par les
collectivités locales.^1 La terre a toujours été
une propriété familiale ou communautaire,
utilisée selon des règles de bonne gestion
reconnues et respectées par tous. Ainsi, le
Ferlo était jadis subdivisé en un ensemble
d’unités écologiques comprenant des mares
et des pâturages. Chacune de ces unités
spatiales était la propriété collective
(hurum)^2 d’un groupe de pasteurs dont la
légitimité d’accès aux ressources naturelles
était reconnue par tous. Ces hurum, qui
aujourd’hui, nous appellerions Unités
Pastorales traditionnelles (UPs), étaient
exploitées selon des règles de bonne ges-
tion des ressources fourragères et hydri-
ques. Les bénéficiaires respectaient ces
règles avec un système de rotations spatio-
temporelles centrifuges et progressives sur
un rayon approximatif allant de 5 à 10 kilo-
mètres autour des mares principales, au fur

et à mesure que le fourrage plus proche de
la mare devenait rare. Ce système d’utilisa-
tion durable des ressources pastorales était
complété par la transhumance des grands
troupeaux une fois que les mares commen-
çaient à tarir. Les exploitants des UPs tradi-
tionnellement reconnues pouvaient accorder,
négocier ou refuser aux étrangers le droit
de pâture sur leur territoire. Ce système de
gestion communautaire et d’utilisation dura-
ble des ressources naturelles était de règle
jusqu’à l’avènement de l’ère coloniale. Dans
la pratique, la gestion des hurumsobéissait
aux règles de réciprocité d’accès aux res-
sources au profit de diverses communautés
étrangères au fur et à mesure des besoins.
Ces règles fonctionnaient même durant les
périodes de grande sécheresse, quand la
rareté des ressources fourragères et hydri-
ques accentuait la compétition pour l’usage
des ressources. Les règles de réciprocité
d’accès des groupes de pasteurs aux res-
sources d’un hurumà l’autre constituaient
ainsi un exemple de compromis et de coo-
pération au profit de toutes les communau-
tés et de l’environnement.

History, cculture aand cconservation


La ppropriété ccollective eet lla mmobilité ppastorale een ttant


qu’alliées dde lla cconservation— eexpériences eet ppolitiques


innovatrices aau FFerlo ((Sénégal)


Adama LLy eet MMaryam NNiamir-FFuller


Résumé : La légitimité d’accès aux ressources naturelles renouvelables et la responsabilisation des com-
munautés dans leur gestion déterminent une grande partie du comportement de ces communautés vis-à-
vis de la nature. Dans ce qui suit plusieurs expériences et politiques seront analysées pour le cas du Ferlo
au Sénégal — depuis la propriété collective traditionnelle des sociétés pastorales jusqu’à la compétition «
moderne » entre différents utilisateurs et utilisations possibles. Des options d’utilisation durable de ces
ressources et de conservation participative de la biodiversité seront par la suite examinées. Ces options
sont soutenues par un projet FEM-PNUD qui a promu la reconnaissance d’un nombre de Réserves
Naturelles Communautaires et d’Unités Pastorales (UPs) gérées par des communautés transhumantes avec
des plans de gestion flexibles et bien enracinés dans les connaissances et savoir faire traditionnels. Ces
options se fondent sur la restauration, à la fois, de la propriété collective traditionnelle des ressources
naturelles, de la transhumance pastorale et de la migration saisonnière de la faune (par une meilleure
connectivité entre les aires protégées qui constituent leurs habitats principaux).

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