13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1
De la vision coloniale de la pro-
priété individuelle au classement
des terres collectives et aux tenta-
tives de sédentarisation des éle-
veurs
Durant la période coloniale, suivant la logi-
que de la propriété individuelle de la vision
européenne, la propriété collective fut igno-
rée et toutes les terres collectives « sans
propriétaire avec immatriculation légitime »
furent déclarées « vacantes et sans maître
».^3 Dès lors, à partir de 1904,^4 démarra le
classement au profit de l’Etat colonial de la
majorité de ces terres en Parcs, Forêts
Classées et Réserves. Ce système de classe-
ment fut établi avec un arsenal de textes
juridiques, d’institutions et de corps de
répression au nom de la
protection et de la conser-
vation des ressources
naturelles. Les communau-
tés qui avaient conservé et
utilisé durablement ces
ressources naturelles com-
munautaires de génération
en génération deviennent
des « voleurs » contre
qui ces mêmes ressources
devaient être protégées.^5
Bien évidement, les popu-
lations se sentirent expro-
priées. En plus, dans un contexte de faibles

moyens de contrôle de
ces ressources naturelles
par l’administration, les
règles de bonne gestion
se transformèrent vite en
compétition pour leur uti-
lisation.^6 Ainsi, la dégra-
dation des terres et des
ressources naturelles fut
sans précédent. Ce type
de tragédie environne-
mentale, surnommé «
tragedy of the commons
»^7 et constituant plus
précisément une «tra-
gedy of the open access », est la consé-
quence directe du fait que les communautés
qui avaient des droits coutumiers sur ces
terres ont été dépossédées. Ainsi, elles ne
pouvaient plus ni négocier avec les étran-
gers ni leur interdire l’accès aux ressources
et encore moins leur imposer le respect des
règles de bonne gestion comme c’était tra-
ditionnellement le cas.

Face à cette situation, des tentatives de
sédentarisation des éleveurs furent opérées
avec la création, à partir de 1953, de la
Réserve Sylvopastorale des six forages au
Ferlo. L’idée était de mettre en place un
réseau dense de forages, en comprenant
environ un tous les 25 kilomètres. Ce trans-
fert technologique fut mal adapté car la plu-
part des forages tombèrent en panne
(c’étaient les populations locales qui
devaient prendre en charge le fonctionne-
ment et les réparations, mais ils n’en
avaient pas la capacité). Les quelques fora-
ges fonctionnels, finirent par accueillir d’im-
pressionnantes concentrations de cheptel,
en particulier durant les années de séche-
resses. Une dégradation des terres sur un
rayon de plusieurs kilomètres s’en est suivie
autour de ces forages. Les mauvaises her-
bes ou même des plantes toxiques comme
Calotropis proceraet Adenium obesum rem-
placèrent progressivement, en certains
endroits, les pâturages de qualité. Dans le
contexte des sécheresses des années 1970,

A ““cultural aapproach” tto cconservation?


Ce ttype dde ttragédie
environnementale eest
une «« tragedy oof tthe
open aaccess » —— lla
conséquence ddirecte
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Figure 1 .Pendant l’hivernage, autant les bovins que les ovins et caprins, le
pâturage centrifuge autour des mares assure une utilisation rationnelle des res-
sources naturelles des Hurums. (Courtoisie PGIES)

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