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(Rick Simeone) #1
le nombre élevé d’animaux sur un terroir
limité et la rareté du fourrage et de l’eau
conduirent à un fort taux de mortalité du
bétail. La sédentarisation, qui devait être
une solution à la dégradation des ressour-
ces naturelles au Ferlo, finissait, paradoxale-
ment, à exacerber la crise avec des impacts
environnementaux et socioéconomiques
majeurs. EROS Data Center rapporte ainsi
que, depuis 1982, il y’a eu une régression
générale dans la composition de la végéta-
tion et une diminution de la superficie du
couvert végétal, de la productivité, de la
capacité de régénération et de la diversité
de la végétation du Ferlo. Globalement, la
dégradation des terrains de parcours est
estimée à 80.000 ha /an.^8 Les conséquen-
ces socioéconomiques se sont manifestées
de façon multiple. La forte mortalité du
bétail a conduit à la paupérisation des éle-
veurs, les obligeant à quitter le Ferlo à des-
tination soit des zones urbaines aux alen-
tours desquelles ils gonflent aujourd’hui les
bidonvilles, soit vers le bassin arachidier, qui
hébergeait déjà, l’une des plus fortes densi-
tés de population rurale, pour se faire la
main dans l’agriculture sur des sols épuisés,
peu fertiles et surexploités. Ainsi, les politi-
ques de développement firent progressive-
ment les preuves de leurs insuffisances et
de leurs limites dans la restauration des

conditions d’utilisation durable des ressour-
ces naturelles.

Les tentatives de rétablissement de
la gestion communautaire avec la
loi sur le domaine national et les
leçons des projets pastoraux
Avec l’avènement de l’indépendance du
pays en 1960, desnouvelles solutions furent
également tentées avec la loi 64-46 du 17
Juin 1964, plus connue sous le nom de Loi
sur le domaine national. Cette loi, tout en
mettant toutes les terres—y compris celles
des terroirs villageois—sous la propriété de
l’Etat, prévoyait déjà, en 1964, la décentrali-
sation de leur gestion ainsi que celle des
ressources naturelles, au profit des
Communautés Rurales (CRs). Les premières
CRs furent crées en guise de test en 1972.
Les CRs, regroupent environ de dix à quinze
villages ayant des liens de solidarité, d’al-
liance et de coopération dans l’utilisation
commune des ressources naturelles. Il s’agit
d’une étape décisive du processus de la
décentralisation vers une restauration de la
gestion communautaire des terres et des
ressources naturelles renouvelables. Mais la
loi précise que la terre appartient à celui qui
la met en valeur. Ce critère de mise en
valeur est donc la seule porte d’entrée pour
une affectation ou pour une désaffectation
de la terre. Ce pouvoir est exercé par le
Conseil Rural, composé de Conseillers
Ruraux élus pour cinq ans, et dont le nom-
bre par village varie proportionnellement
avec la taille de la population des villages
constitutifs de la CR. Une fois élus par les
villages constitutifs de la CR, les Conseillers
Ruraux, à leur tour, élisent un Président de
la CR. Toutes leurs décisions d’affectation
ou de désaffectation de la terre se font sur
une base de délibération. Toutefois, pour
être valable, la délibération doit nécessaire-
ment être approuvée par un arrêté pris par
le Sous Préfet concerné. Le Sous Préfet est
le représentant local de l’Etat dont la com-
pétence s’étend sur toutes les communes
rurales de la Sous Préfecture dont il a en

History, cculture aand cconservation


Figure 2 .Femmes peulh sur le chemin de la vente de
lait—une occasion de coopération et d’échange économi-
ques et culturelles. (Courtoisie PGIES)

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