13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1

LLes résultats mitigés de la gestion centra-


lisée des ressources naturelles à
Madagascar sont attribués souvent à des
pratiques comme les feux de brousse et la
culture sur brûlis (tavy), à la forte crois-
sance démographique du pays et à la pau-
vreté. Par ailleurs, une insécurité foncière
généralisée, le libre accès aux ressources et
les faibles capacités nationales pour la valo-
risation économique des ressources sont
aussi invoquées comme autant de facteurs
d’échecs des politiques de conservation.

Suivant les mouvements mondiaux pour la
conservation de la nature, liée à une prise

de conscience de la valeur de la biodiver-
sité, et compte tenu du fort taux d’endé-
misme de sa faune et de sa flore,
Madagascar a adopté sa stratégie nationale
de la conservation de la nature en 1984,
dans le but de renforcer la conservation des
espèces dans les Aires Protégées. En 1995,
Madagascar disposait de trois catégories
d’aires protégées réparties en Parcs
Nationaux, Réserves Naturelles Intégrales
et, surtout, Réserves Spéciales. À l’époque,
celles-ci couvraient 2% de la superficie du
pays^1. Depuis, les politiques de conserva-
tion de la biodiversité ont beaucoup évolué.
Dans les années 90, furent évoqués succes-
sivement la participation et l’implication des
communautés riveraines dans la gestion des

History, cculture aand cconservation


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ggeessttiioonn ddeess rreessssoouurrcceess nnaattuurreelllleess rreennoouuvveellaabbllee ((GGEELLOOSSEE))——


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dduurraabbllee àà MMaaddaaggaassccaarr


Claudine RRamiarison eet TTiana EEva RRazafindrakoto


Résumé : A Madagascar, la gestion communautaire des ressources naturelles a une très longue histoire.
Aujourd’hui, peut-elle encore s’avérer efficace en matière de conservation? Les rapports traditionnels
entre les communautés locales et leur environnement naturel montrent qu’elles ont bien un rôle à jouer
dans la préservation des écosystèmes. Par exemple, les populations respectent, préservent et valorisent
certains milieux naturels ou écosystèmes comme les terrains tabous ou les lieux sacrés. L’observation de
ces règles coutumières est régie par le dina, un contrat social local.


La mise en œuvre de la politique de décentralisation à Madagascar a fait l’objet d’une loi sur la gestion
locale des ressources naturelles dont l’application motive beaucoup les communautés locales. Forme de
gestion contractuelle entre l’Etat et les communautés locales, la Gestion Locale Sécurisée permet aux
communautés d’avoir des droits sur les écosystèmes dont elles sont gestionnaires. L’efficacité de la
conservation dans ces sites dépend du degré de leur implication, ce qui suppose une appropriation et une
adaptation aux réalités régionales et locales, fortement marquées par la culture traditionnelle. Ce transfert
de gestion des ressources naturelles renouvelables et l’organisation des populations locales dans le cadre
du processus de négociation avec les techniciens pour la délimitation et l’aménagement des ressources à
gérer constituent des acquis importants. Les communautés ont démontré qu’elles peuvent réguler elles-
mêmes la gestion et la conservation des écosystèmes et des ressources à travers des contrats sociaux
enracinés dans la culture locale.


Ces contrats sociaux ne peuvent pas garantir en soiune gestion durable. Mais ils constituent de mesures
précieuses, qui permettent d’améliorer les systèmes de conservation tout en respectant les coutumes et
besoins locaux. Il est cependant nécessaire d’y associer les outils de régulation modernes, si l’on veut
atteindre l’objectif fixé de mettre en place les six millions d’hectares d’aires protégées à Madagascar.

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