13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1

Resources ffrom CCEESP mmembers


Général), du gouvernement français et de la
Ligue Suisse pour la Protection de la Nature
(créée en 1909), donna naissance non à
l’UICN mais à l’UIPN, l’Union Internationale
pour la Protection de la Nature. Le change-
ment de terminologie était aussi un change-
ment de mentalité et la fin de la belle épo-
que coloniale!


Il est dommage que les auteurs de
Conservation de la Nature et Développement
ignorent l’histoire de l’UICN (The Green Web
: A Union for World Conservation, IUCN,
Earthscan, London, 1999) récemment
publiée par Martin Holdgate, le Directeur
Général de l’UICN de 1988 à 1994. Elle est à
méditer. Le livre de 1981 de Robert
Boardman (International Organisation and
the Conservation of Nature), cité par Rodary
et Castellanet est excellent, mais il date et
n’a pas bénéficié du talent et de l’immense
expérience de Martin Holdgate. Depuis
Holdgate, cependant, le monde de la conser-
vation a aussi beaucoup changé, sous la
pression de la montée en puissance des éco-
nomistes du développement durable... ceux
qui calculent le prix de tout et ne connais-
sent la valeur de rien, pour paraphraser
Oscar Wilde.


Le lecteur peu versé dans la longue histoire
de cette idée moderne de la conservation et
de ses relations avec l’essor, au XXe siècle,
de l’écologie scientifique (traitée ici très
sommairement), trouvera dans cet ouvrage
de nombreux éléments pour une mise en
perspective historique, mais avec une
contextualisation qui fait curieusement l’im-
passe sur les réalités géopolitiques et straté-
giques de la guerre secrète pour les matiè-
res premières que se livrent les grandes
puissances. La conservation, même “inté-
grée” et “participative”, n’est-elle pas sou-
vent menacée par la grande politique pétro-
lière internationale? Cette question de “l’es-
pace comme technologie politique” est cer-
tes abordée par Gilles Kleitz mais d’un point
de vue local, tout à fait justifié, et non dans
la perspective des relations internationales à
l’âge de la globalisation. L’ensemble des


contributions, qui sont toutes très critiques
mais en même d’une bonne volonté incon-
testable (relativement optimiste, à mon
sens, sur l’avenir des relations Nord-Sud)
justifie amplement le sous-titre de ce
volume, y compris son point d’interrogation :
“l’intégration impossible?”. Mais la puissance
de la rationalité du calcul économique,
actuellement au coeur des politiques de
“croissance économique durable”, est-elle
réellement intégrée ici? C’est au lecteur de
répondre, car chacun lira sans doute ce
livre, au demeurant très riche et très stimu-
lant, à sa façon et à l’échelle d’observation
et d’intelligibilité qu’il juge pertinent.

L’Introduction par Christian Castellanet et
Estienne Rodary, dont le propos mériterait
d’être développé dans un livre à part,
retrace, à grands traits (parfois discutables
d’un point de vue historiographique), “les
trois temps de la conservation”, avant et
après la “Stratégie Mondiale de la
Conservation” (UICN, WWF, PNUE, 1980),
sans oublier le programme MAB (Man and
the Biosphere)de l’UNESCO, issu de la
Conférence de la Biosphère de 1968 (oubliée
ici comme un peu partout, mais pas par
Holdgate), en remontant, à juste titre, à
l’époque coloniale. A la suite des recherches
historiographiques hétérodoxes de Richard
Grove, sans doute encore peu connues des
praticiens de la recherche-action participa-
tive, Castellanet et Rodary ont raison de rap-
peler que c’est essentiellement “la rencontre
des Européens avec les tropiques” qui sus-
cita “les premières préoccupations écologis-
tes”. L’écologie— plus que l’environnementa-
lisme— est née sous les tropiques! La ques-
tion des îles, dès la fin du XVIIIe siècle, a
attiré l’attention des voyageurs naturalistes
et de certains administrateurs coloniaux,
sans oublier, aimerais-je ajouter (puisque
l’île Maurice est mentionnée), un Bernardin
de Saint-Pierre (1737-1814), l’auteur de Paul
et Virginieet du Voyage à l’île de France.
Ceux qui s’intéressent aux délicates applica-
tions des modèles de la biogéographie insu-
laire—depuis la fameuse “Theory of Island
Biogeography”de MacArthur et Wilson
Free download pdf