Espèces à découvrir 119
Découvrons les richesses de la mer
Les gorgones sont les vedettes les
plus photogéniques des paysages
sous-marins de Méditerranée
occidentale. Elles offrent un magnifique décor
grâce à leur branches dressées, délicatement
ramifiées, pouvant atteindre plus d’un mètre de
haut. Comme leur cousin le corail rouge, ce sont
des cnidaires octocoralliaires ayant une structure
coloniale. Chaque gorgone est une colonie de
polypes interconnectés. Chaque polype est pourvu
d’une couronne de
huit tentacules pennés
armés de nématocystes
(des cellules urticantes
munies d’une
ampoule à venin et
d’un harpon). Ces
polypes se rétractent
dans une gaine
gélatineuse rigidifiée
par des particules
calcaires (sclérites),
qui entoure un
squelette axial souple
(gorgonine) alors qu’il
est calcifié chez le
corail rouge.
Les gorgones se
développent souvent
les unes à côté des
autres, formant des
« forêts » qui structurent
en 3D les habitats
des parois rocheuses. Une forêt de gorgones,
représente des millions de polypes qui capturent
du plancton amené par le courant.
Les gorgones portent souvent des hydraires,
bryozoaires et des vers tubicoles, fixés sur
des portions dénudées de l’axe. Ces derniers
forment des croûtes ou des bouquets ramifiés qui
transforment les gorgones en arbres de Noël. Des
animaux mobiles peuvent déambuler la nuit sur
les gorgones, ou se poser dessus, comme la petite
rascasse rouge.
L’envahissement des colonies par des parasites
externes peut leur être fatal. Ce sont les cnidaires
Alcyonium coralloides et la gérardia, Savalia
savaglia ( p. 46-47), qui encroutent les axes des
gorgones en nécrosant ses tissus avec leurs armes
chimiques. Pour les espèces fixées, la cohabitation
est ainsi souvent régulée par la guerre chimique.
Quand le voisin est malfaisant, les polypes des
gorgones peuvent allonger leurs tentacules en
Forêt de gorgones pourpres (Paramuricea clavata ) portant une rose de mer
(Bryozoaire : Pentapora fascialis)
© Jean-Georges HARMELIN
Les gorgones
Jean-Georges Harmelin, chercheur honoraire à la station marine d’Endoume,
Aix-Marseille Université. [email protected]