Cartographie 169
Cartographie
de 300 à 400 mètres plombé tous les 5 m. Il était
fixé au niveau de la mer et tendu vers le large avec,
sur chaque plomb, l’indication de distance à la
côte. Les plongeurs qui suivent le filin en une seule
plongée peuvent noter toutes les particularités des
écosystèmes observés de part et d’autre du filin et
noter la profondeur et la position précise. Au large,
un flotteur tendu sur l’extrémité du filin permet de
relever sa position de la fin du parcours.
Une autre technique utilisée par les plongeurs
cartographes consistait à utiliser des « bouées
grenades ». Ce sont des petites bouées ayant la
forme d’un diabolo. Un filin de 50 m est enroulé
très serré autour du milieu de chaque bouée. Un
lest (plomb), retenu par une goupille, est fixé sur
chaque bouée, qui de ce fait, ne coule pas. Le
plongeur suit la limite inférieure des posidonies,
il dégoupille le plomb et le fixe au fond. La bouée,
en montant vers la surface, déroule le filin et flotte.
Une dizaine de bouées grenades peuvent ainsi être
fixées à l’aplomb de la limite inférieure au cours
d’une plongée. En surface, il faut ensuite relever
la position des bouées préalablement tendues
au-dessus du plomb. Cela permet de tracer sur
une carte la position d’une centaine de mètres de
limite inférieure de posidonies.
Au cours de cette période historique de la
cartographie des petits fonds une autre contrainte
devait être maîtrisée : la localisation des bouées.
C’est grâce à un sextant horizontal (un cercle
hydrographique) que la position des points était
relevée. Des angles entre des points remarquables
situés à terre étaient notés grâce à cet appareil. Le
cartographe pouvait ainsi matérialiser les positions
par l’intersection des arcs de cercle que deux
angles forment sur la carte.
Un sous-marin de poche de la Marine Nationale
(le Griffon) a aussi permis de cartographier les
limites inférieures de posidonies : il devait suivre
la limite des herbiers (visible par le pilote à travers
un hublot) pendant qu’un navire relevait sa
position toutes les minutes ( p. 171). Pour suivre
l’évolution des herbiers en limite inférieure et
éviter d’onéreuses campagnes de cartographie des
plots en béton ont été fixés devant la limite tous
les 5 m sur 60 m de longueur dans de multiples
zones ( p. 172).
Vers la fin du XXe siècle trois avancées majeures
ont permis de multiplier les cartes des écosystèmes
marins littoraux. Le GPS a pu fournir précision
et aisance dans le relevé des positions en mer.
Les images satellitaires ont permis quelque peu
d’améliorer la vision des écosystèmes marins peu
profonds (entre 0 et -15m). Mais c’est avant tout
le sonar latéral qui a révolutionné la perception et
la localisation des écosystèmes sous-marins. Utilisé
d’abord par les géologues océanographes, il a été
testé la première fois avec succès à Nice en 1976
pour différencier les herbiers de posidonies et ceux
de cymodocées. La technique présente l’immense
avantage d’être complémentaire des données
fournies par la photographie aérienne. En effet, les
écosystèmes situés entre -5 mètres et bien au-delà
( pas de limite bathymétrique profonde) peuvent
être cartographiés avec précision. Un bateau tracte
le sonar latéral (parfois fixé sur le bateau). Ce
sonar envoie des sons latéralement vers les fonds
marins. L’écho est enregistré. Les données traitées
donnent une image (le sonogramme) réaliste de la
rugosité du fond. Ainsi posidonies, cymodocées,
roches, ondulations du sable, homogénéité des
fonds de vase se perçoivent sur plusieurs dizaines
de mètres de part et d’autre du trajet du bateau.
Depuis, la « vision » des fonds grâce aux échos
sonores s’est considérablement améliorée
(utilisation de sondeurs multifaisceaux) permettant