Cartographie 171
Cartographie
© Alexandre MEINESz
L’action de l’homme sur l’environnement marin
littoral se décline sous de multiples facettes :
pollutions bactériennes, pollutions chimiques
(hydrocarbures...), destructions physiques,
pollutions biologiques (espèces introduites
envahissantes). Il est souvent difficile pour la
plupart des gens de hiérarchiser ces atteintes
: il n’est pas aisé de les classer et de désigner
les causes majeures de la dégradation de la
faune et de la flore. Pour les biologistes il n’y a
pas d’ambiguïté : la destruction physique des
milieux littoraux arrive loin en tête par son
ampleur et son irréversibilité. Par exemple,
devant les côtes rocheuses de Provence Alpes
Côte d’A zur (entre Menton et Martigues, Monaco
inclus) 691 ouvrages ont été gagnés sur la mer
(ports, plages artificielles, terre-pleins... voir
http://www.medam.org) détruisant près de dix pour
cent des milieux les plus riches (situés entre
0 et - 10 m de profondeur). Ces destructions
physiques réduisent pour toujours une partie
des milieux de vie de la faune et de la flore
littorale. En effet, d’une part il est utopique
d’imaginer qu’un jour on détruira un port pour
faire pousser des posidonies ou des algues et
d’autre part la surface favorable à la végétation
sous marine littorale n’est pas extensible : devant
chaque ouvrage la pente est forte et les végétaux
marins ne poussent plus au delà d’une certaine
profondeur ( par manque de lumière !).
Une autre atteinte physique affecte la vie marine
beaucoup plus que la plupart des pollutions
chimiques : il s’agit de l’augmentation chronique
de la turbidité des eaux littorales. La turbidité
est une réduction de la transparence de l’eau ;
les rejets urbains peuvent troubler l’eau par les
matières en suspension ou par l’apport d’engrais
pour le plancton (nitrates, phosphates). La
conséquence directe est que la lumière pénètre
moins bien. Au niveau des limites inférieures
des végétaux il peut y avoir un déficit d’énergie
lumineuse vitale pour les plantes qui se
nourrissent grâce à la photosynthèse. Ce déficit
entraîne leur disparition : les limites s’établissent
plus près de la surface. Ce phénomène a été
constaté devant toutes les côtes urbanisées de la
Méditerranée.
Grâce à l’appui de la Marine Nationale et du sous
Dans les années 1970 plus de 40 km de limite
inférieure de posidonies ont été observés et
cartographiés avec le sous marin de poche
« Griffon ». Ceci a permis de définir les différents
types de limite inférieure (en progression, en
régression, en cours d’érosion...)
Surveillance des limites inférieures de la végétation sous-
marine littorale
Alexandre Meinesz, professeur émérite à Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS »)
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