Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

172 Méditerranée - Mer vivante


Gardons la mer vivante


marin de poche « Griffon », il avait été constaté
dans les années 1970 que les caractéristiques
de la limite inférieure des posidonies étaient
globalement similaires pour de larges zones:
même profondeur de la limite inférieure, même
densité, même état.
Dès lors, il suffisait de surveiller la limite
homogène sur une petite portion. C’est ainsi
qu’en 1976, grâce à l’appui du club de plongée,
« Le Moana » de Cagnes-sur-Mer, il a été mis au
point un système efficace, très précis et peu
onéreux de surveillance de la limite inférieure
des posidonies.

Il est basé sur la pose d’une série de marqueurs
(des balises en béton) fixés au niveau de la

limite inférieure des posidonies. Un relevé
photographique tous les deux ans de l’herbier
de part et d’autre de chaque balise suffit pour
déceler la tendance (stabilité, régression ou
progression) sur une large zone.

Il faut s’assurer que les marques isolées dans
des profondeurs importantes et parfois loin de
la côte peuvent être aisément retrouvées d’une
année à l’autre et être certain que la tendance
constatée est bien représentative. Pour ces

raisons, c’est une série de balises séparées de
cinq mètres (lorsqu’on en trouve une, on observe
facilement les autres) qu’il faut mettre en place.
Les balises ne doivent pas être arrachées par les
filets ou les ancres : elles sont ainsi constituées
d’un bloc de trente kilogrammes de béton aux
angles arrondis fixé par des barres métalliques
dans le sol marin. Dans les années 70, seule la
photographie argentique existait. De ce fait, un
balisage de la limite inférieure des posidonies est
représenté par un ensemble de douze balises :
ce nombre a été choisi pour utiliser les pellicules
standard de trente-six poses permettant de faire
trois photographies des herbiers situés derrière
chaque balise. Le relevé photographique des 60
mètres de limite balisée, peut être effectué en une
seule plongée. Les premiers balisages ont été mis
en place par le Laboratoire Environnement Marin
Littoral (aujoud’hui ECOSEAS) de l’Université
Nice Côte d’A zur dans les années 1970 devant les
côtes des Alpes-Maritimes ( Villefranche-sur-Mer),
de Monaco (Larvotto) et de Corse (Scandola). À
partir de 1984, cette technique a été appliquée
devant l’ensemble des côtes de Provence - Côte
d’A zur avec la création d’un véritable réseau de
surveillance piloté par un groupe de laboratoires
universitaires, le « GIS Posidonie », financé par
les collectivités territoriales et l’Agence de l’Eau.
Malheureusement la surveillance des 21 sites
balisés a été abandonnée en 2004 par manque
de financements. Pourtant, depuis 2000, en
France (surtout en Corse) et dans d’autres pays
méditerranéens, communes, communautés de
communes ou aires marines protégées ont mis
en place dans d’autres zones le système précis
et peu onéreux de surveillance basé sur des
balisages. Plus d’une dizaine de zones sont ainsi
encore surveillées devant les côtes françaises.

Balise mise en place en 1979 sur la limite
inférieure des posidonies (-37 m) dans la Réserve
naturelle de Scandola (Corse)

© Alexandre MEINESz

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