Espèces protégées La Faune 55
Protégeons ces espèces menacées
d’observation permettant de recueillir des données
fiables sur la croissance et la longévité de P.
ferruginea. Ce protocole est basé sur une technique
de marquage et de repérage d’individus de divers
diamètres (âges différents) permettant un suivi
annuel.
En 2010, près de 300 individus de toutes tailles ont
été marqués en Corse, d’une part à Scandola et
d’autre part sur l’île de Lavezzu. Chaque individu
est identifiable et repérable grâce à des perles de
couleurs différentes, fixées sur la coquille avec une
pâte collante. Le volume et la taille de cette marque
n’ont aucun effet sur la vie du mollusque. Chaque
patelle marquée, localisée au GPS, est prise en photo
de près et de loin ( pour mieux localiser sa position
visuellement). Les mesures de la longueur et de la
largeur de la coquille en place sont prises au pied à
coulisse. De 2011 à 2014, chaque année à la même
période les patelles retrouvées ont été mesurées.
Nous avons ainsi pu mettre en évidence que la
croissance est rapide pendant les quatre premières
années. Elle s’infléchit à partir de la cinquième année.
Un individu de 6 cm de diamètre est âgé de 6 ans. Les
rares individus qui atteignent 8 cm ont plus de 10 ans.
Au cours de ces observations nous avons aussi pu
constater que si la moitié des individus est retrouvée
exactement au même endroit ou à moins d’un
mètre d’une année à l’autre, pour l’autre moitié des
déplacements importants ont été notés (certains
individus ont été retrouvés à plus de 10 m de la
position tenue un an auparavant). Ces déplacements
sont favorisés par des parois homogènes sans
barrières physiques (failles etc.).
Contrairement aux connaissances antérieures, il a
été établi par des chercheurs que l’inversion des
sexes est réversible. Les jeunes individus sont mâles.
La première inversion des sexes intervient chez les
individus atteignant 4 à 5 cm (ils deviennent femelles)
puis, une nouvelle inversion peut intervenir chez les
individus plus âgés.
Sur les milliers d’individus observés, très rares sont
ceux qui « portaient » un individu juvénile (on avait
attribué à la patelle ferrugineuse ce comportement
comme étant systématique). En fait c’est une
opportunité due au hasard de l’arrivée des larves
dans la seule zone très étroite où elles ont une chance
de survivre (les rochers exposés au niveau de la mer
où des individus âgés peuvent ainsi aussi servir de
support initial).
Les patelles ferrugineuses les plus âgées peuvent exceptionnellement servir de support à des
patelles juvéniles ( une P. caerulea à gauche et une P. ferruginea à droite)
© Alexandre MEINESz