60 Méditerranée - Mer vivante
Gardons la mer vivante
Le refuge des profondeurs
Les mortalités massives de nacres en Méditerranée
se sont produites à l’automne suite à un été
particulièrement chaud. Or les eaux chaudes
favorisent la pullulation de diverses bactéries, virus
et protozoaires parasites. Ils sont maintenus à l’état
de dormance lorsque les eaux sont froides.
Bien que les sites de prédilection des nacres se
situent plutôt entre moins 1 et moins 20 mètres
de profondeur, des transplantations de nacres à
des profondeurs situées sous la thermocline d’été
(zone de transition nette entre les eaux chaudes
de surface et celles plus tempérées de profondeur)
ont été entreprises en 2018 à Sainte-Maxime, où
10 nacres récoltées à 5 m de profondeur dans
une zone non contaminée par le parasite, ont été
Aspect de l’intérieur d’une nacre ouverte atteinte
par le parasite. Tous les organes sont tassés au
fond de la coquille. A partir de ce stade la mort
survient en quelques jours.
© David LUQUET
transplantées à -38 m. Le 24 mai 2019, 9 nacres
étaient encore bien vivantes, ce qui pourrait
signifier que des translocations sous la thermocline
d’été peuvent mettre certaines nacres à l’abri du
parasite. D’autres translocations ont été réalisées
dans la région de Port-Cros au début de l’été 2019
(toujours à partir de nacres provenant de zones non
encore infestées).
Une autre solution est testée : l’implantation en
profondeur de juvéniles issus d’élevages.
L’élevage des larves en aquarium peut fournir
des juvéniles qui pourraient être implantés dans
des fonds situés sous la thermocline d’été, où les
températures ne s’élèvent pas au-dessus de 18°C.
Une opération de ce genre a été mise en place à
Monaco en juin 2019, et d’autres sites en France
seront également testés (Banyuls, Port-Cros, Les
Embiez).
Le refuge des eaux saumâtres
Les lagunes semi-fermées et les zones marines
au contact d’estuaires de grands fleuves sont
caractérisées par des eaux peu salées, dites
« saumâtres ». Il s’avère que les nacres vivant dans
ces eaux saumâtres sont insensibles au parasite qui
tue celles situées en mer. Il est donc probable que le
protozoaire parasite ne supporte pas une pression
osmotique faible et que les lagunes et étangs
côtiers pourraient devenir le refuge ultime de cette
espèce... si elle disparaît ailleurs!
En plongée, il ne faut pas déplacer ou récolter
les coquilles des grandes nacres mortes : c’est
une espèce protégée par un arrêté qui précise
que les coquilles ne doivent pas être prélevées.
Il est établi que ces coquilles prédisposent les
larves de nacres à se fixer à proximité. Couchées,
elles constituent des abris recherchés par divers
animaux marins ( poulpes, poissons, crustacés...).
Envoyez au Pr. Nardo Vicente vos signalisations
pour compléter la carte!