J'irai manger des khorovadz

Le bonheur est dans la fève

L’endroit est désert. Au bout d’un moment je croise dans la cour
intérieure le gérant ou peut-être le gardien. Nous montons à l’étage par
un escalier qui n’est pas encore terminé. Les chambres de belles pièces
spacieuses se trouvent juste au-dessus de la salle d’exposition. Je
m’installe mais je me rends compte que la lumière ne fonctionne pas. Je
redescends trouver le gérant qui me propose une autre chambre. Cette
fois c’est le téléphone qui est sans tonalité. Pourtant tout semble récent.
Je suis le seul client. Drôle d’impression que de loger au-dessus d’un
garage dans un bâtiment neuf et désert froid et sans âme. Peut-être
demain matin vais-je troquer mon deux-roues contre quelques dizaines
de chevaux! Je prends mon repas dans la chambre avec les courses de la
journée : tomates fromage pain et sachet de poisson séché sous vide. Je
teste cette nourriture locale : relativement salée et dure à mastiquer. Il y a
probablement une recette que je ne connais pas qui permet de mieux
apprécier cet animal aquatique. Peut-être fallait-il le mettre à tremper
dans son élément?
Cette expérience me rappelle la première fois où je me suis rendu en
Angleterre. J’avais soif. Je me suis donc arrêté dans un supermarché et
comme j’aime la nouveauté (ce qui implique souvent une certaine prise
de risque) j’ai acheté un produit inconnu. J’ai commencé à le boire et je
lui ai trouvé un goût fortement sucré et à la fois passablement acide. Je
crois me souvenir du parfum : orange. Alors que j’avais presque fini la
bouteille de ce breuvage étrange et peu ragoûtant – au demeurant pas
étonnant pour un produit anglais – je compris soudain mon erreur.
C’était en fait du concentré à diluer... et je l’avais bu pur!

Le poisson je vais l’avaler à petites doses. Je ne veux pas risquer
l’écœurement toutefois pas question de gaspiller. Et puis l’aspect
culinaire fait aussi partie de l’aventure!
Je n’ai toujours pas de téléphone depuis que j’ai perdu le mien en
Transnistrie. Ce soir une idée me vient à l’esprit et j’aurais pu y penser
plus tôt. Pourquoi ne pas converser avec ma femme par un logiciel de
communication sur internet? Elle se déclare enchantée de cette