J'irai manger des khorovadz

Le bonheur est dans la fève

Je me fraie un passage avec mon vélo au milieu des participants par le
chemin d’accès au site qui se trouve sur la plage et je m’immerge dans
l’ambiance. À l’entrée je suis abordé par un groupe d’Ukrainiens qui
m’interrogent sur mon vélo sur ma présence. Deux filles pimpantes en
bikini s’approchent également. L’une d’elles vient dans ma direction et
me sollicite pour prendre une photo. Elle se colle à moi attrape le
drapeau de mon vélo le dispose langoureusement autour de son front et
m’embrasse. Je ne lui ai rien demandé! L’odeur de son parfum va me
coller à la peau pendant des heures. Mémoire d’une rencontre fugace et
effrontée.
Je me décide en fin de compte à passer la soirée sur place. Je vais
chercher un endroit isolé en vue de bivouaquer déposer ma monture et
laisser toutes mes affaires afin de me rendre au festival. Un moment
j’envisage de dormir à la belle étoile mais en définitive je monte la tente
dans un bosquet caché par les arbres et les herbes hautes. Bien m’en a
pris car dans la nuit la pluie va tomber.
L’ambiance est agréable la scène est installée le long de la mer. Les
spectateurs sont debout ou assis sur la plage des milliers de personnes se
sont massées pour assister aux concerts. Des passionnés sont même
venus en bateau et ont jeté l’ancre juste à côté profitant du spectacle
sans rien débourser.
Des musiciens plus ou moins intéressants se succèdent jusque tard
dans la nuit. Un flûtiste suédois (Magnus Lindgren) va beaucoup
m’impressionner et me faire vibrer par ses sonorités originales et sa
maîtrise de l’instrument. Les Suédois ont toujours été brillants et inspirés
en matière de jazz avec des artistes mondialement réputés. Ce musicien
est aussi bon saxophoniste que clarinettiste et a également pratiqué la
batterie et la guitare dans le passé. Une expérience musicale unique et
émotionnelle que le public apprécie à sa juste valeur dans cette douceur
de fin d’été au bord de la plage éclairée par une pleine lune qui rebondit
sur cette mer étale. Je retourne vers mon bivouac dans la nuit évitant les
fêtards passablement éméchés la tête remplie de tous ces sons
magiques... en espérant retrouver l’intégralité de mes affaires.